Tuba, saxophone ténor, batterie figurent au second programme de l’Astral en ce premier juillet. Étrangement, il y avait peu de monde, soit un peu plus d’une centaine de personnes, pour assister aux exécutions de ces fiers représentants de la scène londonienne : Theon Cross, Nubya Garcia, Jake Long.

En Europe comme en Amérique du Nord, pourtant, l’indice de coolitude de ces musiciens est très élevé, il est aisé d’affirmer que le tubiste et la saxophoniste sur scène devant nous sont en voie de devenir des stars du jazz nouveau.

Alors comment expliquer que les grooves tribaux de Moon Hooch, Too Many Zooz ou Sons of Kemet (auquel participe Theon Cross) remplissent les salles montréalaises et pas ce trio d’enfer ? C’est pourtant la même mouture, la même intensité primale, la même pulsion, la même charge. Enfin… convenons d’un petit accident de parcours et comptons-nous chanceux d’avoir été les premiers à les entendre réunis à Montréal.

Notons au demeurant que les compositions de Theon Cross sont extrêmement simples : les mélodies suggérées par le saxo de Nubya Garcia sont minimalistes, les rythmes de Jake Long sont binaires, le tubiste émet des basses fréquences tel un impitoyable bulldozer à l’assaut d’un champ de gravats.

Si on ne s’en tenait qu’à ça, on serait en manque de nourriture musicale, mais non. Qu’à cela ne tienne, tuba et sax ténor sont propulsés par la batterie et génèrent un maelström des plus attractifs. La répétition de ces motifs et rythmes de base s’accompagne de variations intenses, et on se laisse entraîner dans cette courbe ascendante.

Plus précisément, les recherches texturales et multiples effets respiratoires observables dans le jeu du tuba nous mènent bien au-delà du jazz primitif. Au saxophone ténor, Nubya Garcia fait preuve d’un son robuste, puissant, solide dans les harmonique aiguës… et d’une articulation relativement limitée, du moins si l’on s’en tient à ce qu’on a entendu lundi soir.

Gare à ce trio primal !