À titre de leader, Ravi Coltrane n’a pas enregistré depuis 2012, soit l’opus Spirit Fiction chez Blue Note. Qu’avait-il au juste à nous proposer en cette soirée dominicale au Théâtre Maisonneuve ?

On le retrouvait dimanche avec le pianiste David Virelles, le batteur Jonathan Blake, le contrebassiste Dezron Douglas. L’instrumentation était acoustique, les éléments constitutifs de cette musique étaient le jazz modal, le post-bop, le jazz latin, le free. La sensibilité du jeu était clairement afro-américaine.

Musiques du passé ? Oui mais… Un demi-siècle plus tard, les meilleurs interprètes ont atteint des standards supérieurs à l’époque de leur conception. À l’instar des musiciens classiques, ils peuvent reprendre la forme d’une autre période de l’histoire du jazz, et la pousser encore plus loin.

Avec plaisir, c’est ce qu’on pouvait dimanche observer dans le jeu de ces quatre musiciens, particulièrement David Virelles, certes l’un des pianistes cubains les plus accomplis de notre ère. Souplesse, fluidité, vivacité, sens rythmique parfait, très grande précision dans l’articulation, superbe virtuosité.

Quant à Ravi Coltrane, convenons pour l’énième fois que le fils du prophète est excellent, qu’il est un improvisateur aguerri, qu’il connaît parfaitement le vocabulaire inhérent à cette esthétique mise de l’avant, ceci incluant les actualisations récentes dans le son, le phrasé, l’approche mélodico-harmonique, l’esprit.

Peut-on pour autant conclure à un leadership essentiel au jazz actuel ? Poser la question…