Le saxophoniste (alto, baryton) et clarinettiste (basse) Samuel Blais sait fort bien que son nom n’est pas l’objet d’un vol d’identité mais… il doit accepter avec un brin d’humour la légère confusion publique au sujet de la sienne depuis que les Blues de Saint-Louis ont remporté la Coupe Stanley avec notamment un certain… Samuel Blais.

Promis, on n’en parle plus et on écoute ce concert de jazz contemporain présenté ce vendredi à l’Astral, car il s’agit pour nous de l’identité première de ce nom propre. Entendons-nous donc pour un vol plané d’identité !

L’instrumentation est fondée sur une très forte pulsion rythmique induite par les batteurs américains Dan Weiss et John Hollenbeck, réputés sur l’entière planète jazz. Devant eux, le souffleur montréalais se trouve aux côtés de l’excellent guitariste Ben Monder, également américain. À l’instar de leur employeur d’un soir, ces trois jazzmen sont tous appréciés des connaisseurs montréalais et plus encore. Régulièrement, ils nous rendent visite dans différentes configurations, des liens ont été tissés au fil du temps avec la communauté du jazz montréalais.

À l’Astral, Weiss et Hollenbeck n’utilisent pas toujours des baguettes pour mener à bien ce périple ; balais, mailloches et mains servent aussi à générer les rythmes nécessaires au groove. Clarinette basse, saxophone alto et baryton sont tour à tour mis à contribution par le soliste principal, à côté duquel la guitare alterne entre soutien harmonique et improvisations mélodico-harmoniques. Lorsque Ben Monder s’exprime en solo, le saxophone baryton peut assurer à son tour le soutien aux basses fréquences. Il arrive aussi à Monder de nous offrir le fruit de ses recherches récentes en saturation guitaristique : on est ainsi mené vers des territoires dark ambient, quasi prog métal, néanmoins jazz. Brillant.

Nous avons ici affaire à des structures très ouvertes, très libres, très actuelles, parfois comportant des thèmes plus complexes, Ces compositions sont tirées notamment de l’album Equilibrium sorti l’automne dernier chez Oddsound, enregistré par Samuel Blais-avec Jérôme Beaulieu, piano, Olivier Babaz, contrebasse et Alain Bourgeois, batterie. Inutile de préciser que ces propositions sonores prennent une tout autre tournure avec les collègues américains de Samuel Blais.

La conclusion sera d’ailleuirs musclée à souhait. Méchant vol plané… d’identité !