Mes Aïeux sera de retour sur scène cet été, le temps de huit spectacles, dont un ce soir à Gatineau et un demain à Longueuil à l’occasion de la fête nationale. Nous avons rencontré quatre musiciens de la bande dans leur local de répétition montréalais il y a deux semaines, manifestement heureux de se retrouver.

C’est arrivé il y a un an et demi : invités à donner le spectacle du jour de l’An dans le Vieux-Port à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, les membres du groupe, qui n’avaient pas joué ensemble depuis quatre ans et dont l’album précédent remontait à 2012, ont retrouvé le goût de faire de la musique ensemble.

Mes Aïeux avait déjà reçu de nombreuses propositions. « Mais c’est comme si on n’était pas mûrs », souligne Frédéric Giroux. Cette fois-là était la bonne.

« On s’est remis à répéter et ça s’est passé facilement, raconte Stéphane Archambault. Tout allait bien jusqu’à ce fameux 31 décembre 2017 où il faisait moins 1000… sans le facteur vent ! »

À ce moment de l’entrevue, les quatre musiciens se mettent à parler tous en même temps — ce qui arrivera souvent pendant cette rencontre très drôle de 30 minutes. Ils racontent anecdote sur anecdote par rapport à cette soirée, mais évoquent surtout la frustration ressentie de n’avoir pas pu jouer à leur goût après « deux mois de remise en forme », précise Benoit Archambault.

« On était tight, ça sonnait vraiment très bien, mais ce soir-là, rien ne fonctionnait », se rappelle Frédéric. Histoire de se reprendre, ils auraient voulu jouer tout de suite à l’été 2018, mais les programmations des festivals étaient déjà complètes.

C’est pourquoi on les retrouve cette année pour cette tournée qui les met visiblement dans un état de fébrilité joyeuse — « Mais on a toujours été comme ça, on a toujours beaucoup parlé ! », disent-ils en rigolant. Un plaisir décuplé par le fait qu’ils ont maintenant une foule d’autres obligations, comme le boulot et les enfants.

« On a utilisé tout le temps qu’on a eu pour travailler. C’est comme un retour aux sources. On a même répété dans le sous-sol chez nous, sans drum, comme à l’époque », raconte Marie-Hélène Fortin, qui dit être sortie de certaines répétitions complètement grisée. « Comme on n’a pas d’attentes, j’ai vraiment l’impression de savourer. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Marie-Hélène Fortin, Frédéric Giroux,
Benoit Archambault et Stéphane Archambault

Période de jachère

Faire de la musique ensemble, faire plaisir à leur public, montrer à leurs enfants un pan important de leur vie d’avant, partir sur la route, sortir de leur quotidien : toutes ces raisons, et même plus, ont motivé les membres du groupe à reprendre du service. 

Est-ce que cela les mènera à écrire de nouvelles chansons ou même à faire un nouvel album ? Au sortir de cette longue « période de jachère », ils ne le savent pas encore.

« Dans la démarche, ce qu’on s’est demandé, c’est : on a-tu le goût ? dit Stéphane. Après, on verra. Avec le temps qu’on a passé à distance, ça se pouvait qu’on revienne ici et que la mayonnaise pogne plus pantoute. » « Moi, ça ne m’inquiétait pas trop », répond Frédéric, qui estime que ce « véhicule hallucinant » qu’ils ont créé et qui s’appelle Mes Aïeux est vraiment précieux.

« Ce plaisir partagé pendant 20 ans à faire de la musique, la relation qu’on a eue avec le public, ça ne se reproduit pas comme ça, ajoute-t-il. On a tellement eu une belle ride. » Benoit opine.

C’est le plus beau des métiers quand tu as la chance de pouvoir le faire. Avec le recul, on est plus en mesure de l’apprécier.

Benoit Archambault

S’ils sont fiers d’une chose, c’est que malgré les hauts et les bas inhérents à la vie de groupe, ils ont toujours su préserver leurs relations interpersonnelles. Même s’ils ont eu besoin de prendre l’air pendant un bout de temps — « On a toujours eu la sagesse de prendre des pauses avant que ça devienne plate », précise Benoit —, la force de leurs liens n’a jamais faibli.

« Sans tomber dans le téteux, notre plus belle réussite a certainement été la gestion de nos relations parce qu’on les a toujours mises au premier plan », estime Frédéric.

La suite est donc encore inconnue pour eux, mais ils ont l’intention de savourer chaque moment de leur été. Les spectateurs qui iront les voir auront droit à un « pacing de rêve », dit Benoit, mais, pour l’instant, on parle vraiment d’une « revoyure » et rien de plus, précise Stéphane.

« Si on avait décidé de passer par un processus créatif, on ne serait pas ici en train de se parler, on serait en train de créer ! »

Fête nationale

Le groupe est un habitué de la fête nationale. « Ça fait un peu partie de notre ADN », dit Stéphane. Au cours de cette tournée qui les mènera de La Baie à Saint-Jean-sur-Richelieu en passant par Tadoussac, ils feront deux spectacles de la Saint-Jean, ce soir à Gatineau et demain à Longueuil.

« On en a tellement fait. Mais j’ai un souvenir très précis de notre première Saint-Jean au parc Maisonneuve, raconte Marie-Hélène. On était habillés en diable et en ange, on était tout jeunes, c’était en 2000, je pense… Pierre Séguin nous avait dit : “Vous êtes capables, vous allez ouvrir”. Sur le line-up, il y avait Jean-Pierre Ferland, Éric Lapointe, Claude Dubois et Nanette ! »

« Pas grand-monde ne nous connaissait ! ajoute Stéphane. C’était gros, on savait qu’on allait jouer devant 200 000 personnes. » 

Frédéric se souvient en rigolant : « Je m’étais écrit des petits papiers du genre : “T’es capable, ça va bien aller !” »

Les trois autres éclatent de rire et Marie-Hélène lance : « Il y a Saint-Jérôme aussi ! » 

Et les voilà qui rient de plus belle.

« C’est une histoire extraordinaire de contrastes, relate Stéphane. On est en 1998, on a juste un démo et on est engagés pour faire le gros spectacle à Saint-Jérôme le 23 juin. On joue devant 12 000 ou 15 000 personnes, c’est gros, on est U2 ! Le lendemain, on joue pour la Saint-Jean dans un petit square à Toronto. Il pleut des cordes et il n’y a pas beaucoup de monde. Ce soir-là, je te jure, on a invité tout le public dans notre chambre d’hôtel… et ils sont venus. »