(Nanterre) La justice française est bien compétente pour trancher le litige sur l’héritage Hallyday : la décision mardi de la justice française marque un revers pour la veuve du chanteur, Laeticia, qui souhaitait que son contentieux avec David Hallyday et Laura Smet soit tranché aux États-Unis.

Johnny Hallyday a conservé « jusqu’au bout un mode de vie tout à la fois itinérant et bohème, mais surtout très français, qui l’amenait à vivre de façon […] habituelle, en France », a estimé le tribunal de Nanterre, dans la banlieue de Paris.

Malgré ses nombreux voyages et séjours aux États-Unis, il était résident français au moment de sa mort en décembre 2017, a-t-il conclu.

Depuis plus d’un an, les deux aînés de la star, le chanteur et musicien David Hallyday et l’actrice Laura Smet, ont engagé une bataille judiciaire au long cours contre la veuve de leur père, Laeticia Hallyday, pour obtenir leur part d’héritage dont ils estiment avoir été privés par un testament rédigé aux États-Unis.

Dans ce document écrit en 2014 en Californie, Johnny Hallyday avait légué l’ensemble de sa fortune à sa dernière épouse et à leurs deux filles adoptives.

« C’est une décision extrêmement importante parce qu’elle marque l’attachement de Johnny Hallyday à la France et donc par contrepoint l’incompétence du juge américain pour traiter de ce dossier », a réagi Me Emmanuel Ravanas, l’un des avocats-conseils de Laura Smet.

« Plus [Laeticia Hallyday] allongera la procédure, plus elle en sera elle-même victime. C’est un choix désormais à opérer entre une poursuite déraisonnée de la procédure ou un accord », a ajouté l’avocat.

Me Ardavan Amir-Aslani, avocat de Laeticia, a immédiatement fait part de son intention de faire appel. « C’est une bataille de perdue, mais la guerre est loin d’être terminée », a-t-il dit à l’AFP.

La prochaine étape française de ce dossier se jouera donc à la cour d’appel de Versailles, où une audience ne devrait cependant pas avoir lieu avant l’année prochaine. Selon les différents acteurs du dossier, la procédure pourrait durer une décennie faute d’accord à l’amiable.

Si Laeticia Hallyday avait fait valoir à l’audience fin mars qu’elle et son défunt mari avaient élu domicile à Los Angeles depuis 2007, le tribunal a relevé qu’à la même époque Johnny Hallyday déclarait dans divers documents être résident suisse.

« Il n’est pas possible de se dire résident suisse et de vivre dans un autre pays, autrement qu’en infraction de la législation », précise l’ordonnance.

En outre, « le centre économique des intérêts du défunt se situait à l’évidence en France », argumente le tribunal.

En parallèle, une autre procédure est en cours aux États-Unis. La veuve du chanteur a en effet saisi la justice américaine pour tenter de faire rapatrier les actifs de la star dans un « trust », une structure juridique établie en Californie, conformément au testament américain.

David et Laura ont déjà obtenu le gel des propriétés françaises du chanteur ainsi qu’une partie de ses droits d’interprète et royautés afin d’éviter qu’ils ne soient intégrés au trust, et protéger ainsi la part d’héritage à laquelle ils pourraient prétendre.

Un tribunal américain a ainsi été saisi d’une demande de transfert au sein du trust de plusieurs actifs. Jusqu’ici, ce tribunal a décidé d’attendre la décision de la justice française. Une audience est prévue le 26 juin.