Le rappeur FouKi était Zay sur un premier album enivrant paru il y a un an presque jour pour jour ; normal qu’il soit ZayZay sur le second. « Zay » comme dans « posé », comme dans « zénitude ».

L’univers du MC, on l’aura compris, vient avec son argot street et multilingue, qui tourne principalement autour de psychotropes fraîchement légalisés. De la même manière qu’Alaclair Ensemble a développé son vocabulaire bas-canadien, une jeune et talentueuse génération de rappeurs qui fourmillent dans « Plato Hess » peaufine son lexique : kankan, skur, gayé, bédo, etc.

Or, nul besoin de fréquenter Marie-Jeanne ou de parler « zay » pour apprécier la prose et le flow flegmatique de FouKi. Le rappeur articule mieux que jamais son propos. Et articule mieux, point.

Ceux qui ont consommé le premier album sans modération – nous en sommes – reconnaîtront la signature du producteur QuietMike : alternance de références trap, de guitares et de piano folk ou reggae (Spliff à deux), de beats old school minimalistes et d’échantillonnages décalés.

Seules quelques pièces sur une vingtaine semblent surfer sur des vagues empruntées. iPhone, avec sa pop et ses « bip bip », nous apparaît comme une réponse calculée au succès FM Toutes les femmes savent danser, de Loud. Deux tubes qui sont d’ailleurs cosignés Ruffsound. Le MC entre aussi dans une danse à la mode avec les airs latins et suaves de Nefertiti.

IMAGE FOURNIE PAR DISQUES 7IÈME CIEL

ZayZay, de FouKi

On préfère le FouKi insolent, qui versifie ses « égotrips » (Budapest, No Offense), les va-et-vient de sa « zayquipe » (Yeyey) et l’apprivoisement du succès (Wono). « On veut toujours une plus grosse valise, mais j’changerai pas l’accent pis j’porterai pas de béret. »

On savoure aussi les énumérations un peu niaises sur le thème de la bouffe, champ lexical alimenté par les vapeurs vertes : « Pizza 900 pour la bonne pizz, Piri Piri pour le poulet », « On cuisine, on cuisine, on cuisine, on produit plus de sauce qu’une usine »…

Côté collabos, FouKi renoue avec la verve de Vendou et de Koriass, en plus de convier Lord Esperanza et ISHA à une sainte trinité franco-québéco-belge (Faut C’Qui Faut). Autre moment fort lorsqu’une constellation de « rapkeb allstarz » de Disques 7ième Ciel (Alaclair Ensemble, Obia le chef, Jam) illumine Tjrs Raison.

Même si la généreuse galette gagnerait parfois à être ramassée – certains thèmes et rythmes se recoupent –, FouKi assoit confortablement et pour de bon, avec ZayZay, son titre d’ambassadeur de la nouvelle vague du rap québ.

★★★★ Rap. ZayZay. FouKi. Disques 7ième Ciel.