Du Japon à l'Argentine, de la Turquie aux États-Unis, Zaz est l'une des chanteuses françaises qui s'est le mieux exportée ces dernières années. Musicalement aussi, la trentenaire s'affranchit des frontières, à l'image d'un nouvel album alternant pop, ambiances latino ou valses plus intimes.

Depuis 2010, et son premier succès Je veux, la chanteuse à la voix éraillée a écoulé plus de 4 millions d'albums, dont la moitié à l'export. Son disque de reprises sur Paris (2014) s'est classé dans les palmarès de 25 pays, essentiellement non francophones.

Zaz a aussi donné plus de la moitié de ses 500 concerts à l'étranger et sa dernière tournée est passée par plus de 25 pays, souligne son entourage.

Elle a ainsi récemment découvert les États-Unis et l'Italie et s'apprête déjà à repartir sur les routes du côté de la Russie, de la République tchèque ou de l'Allemagne, en prélude à son retour dans les salles françaises à partir de mars (avec un passage à Bercy à Paris).

«Je ne suis pas très chiffres...», assure pourtant à l'AFP Isabelle Geffroy, 38 ans, qui se cache derrière les trois lettres de Zaz.

Des «trois tours du monde» enchaînés ces dernières années, elle retient surtout des rencontres «dingues» avec des spectateurs qui lui ont dit «ne pas toujours comprendre ce qu'elle dit, mais toujours recevoir ce qu'elle donne».

Dans le grand Nord

Enchaînant les concerts, elle a donc pris son temps pour enregistrer Effet miroir, qui sort vendredi: il ne s'agit que de son troisième disque de chansons originales, le premier depuis Recto Verso il y a cinq ans.

Les fans de cette chanteuse adepte d'une variété entraînante teintée de swing, emballée dans des textes positifs, y retrouveront des titres taillés pour les concerts, comme l'hispanisante Que vendra, la très rock On s'en remet jamais ou l'hymne au collectif Nos vies.

Ils y croiseront quelques têtes connues comme le chanteur Raphaël, qui signe la mélancolique Saint Valentin.

Zaz chante aussi les mots du rappeur et écrivain Gaël Faye dédié à un enfant à venir (Demain c'est toi) ou ceux du chanteur Mathieu Boogaerts (Pourquoi tu joues faux).

Mais elle a aussi pris la plume pour se livrer, avec un récit de voyage dans le Grand Nord qu'elle déclame sur quelques notes de piano (Laponie) ou dans Ma valse, une «chanson de guérison» où elle raconte sans faux-semblant ses envies de «lâcher prise» et «d'oser vivre», contre ses «peurs insensées».

Son festival en Ardèche

«C'est récurrent chez moi, essayer de ne pas me mentir, de vivre librement, sans être conditionné par ce que veut la société ou nos parents. Apprendre à se respecter», décrit celle qui estime être désormais moins sensible aux critiques qui, à ses débuts, pouvaient la «blesser».

«Tu arrives avec un album, tu es médiatisée, tu n'es pas préparée à la méchanceté [...]. Je m'en fous aujourd'hui, je fais mes trucs. Les gens qui veulent vraiment être méchants et me démonter, je pense que je dois leur renvoyer un truc qu'ils ne supportent pas, et c'est leur problème, pas le mien», dit-elle, se voyant «plus apaisée qu'il y a quelques années».

Un apaisement qui s'incarne notamment dans son engagement associatif. D'une part, avec Zazimut, réseau financé avec la vente de ses produits dérivés, mettant en relation une centaine d'associations. D'autre part, avec le festival musical et citoyen qu'elle a créé au château de Crussol en Ardèche.

«Si je vous disais combien d'argent j'ai perdu, c'est monstrueux. Mais c'est ce que j'aime, relier les gens entre eux, leur donner envie de faire des choses ensemble...», sourit-elle alors qu'une troisième édition est d'ores et déjà programmée en juillet.

Un concept que, comme le reste, l'infatigable globe-trotteuse va exporter prochainement à Moscou.