Quelques ingrédients que l'on retrouve dans la musique K-pop.

Stéréotypes attachants

Les trentenaires se souviennent probablement de leur Spice Girl et de leur Backstreet Boy fétiches, et les baby-boomers, de leur Beatle préféré. Les groupes de K-pop sont conçus pour nourrir cette même inclination des fans pour un «favori», à la seule différence que les ensembles coréens peuvent compter jusqu'à une douzaine d'artistes. Les membres des groupes de K-pop sont appelés les «idoles». Chaque idole a son casting. Il y a par exemple le «visuel» (le plus beau), le «grand frère», le «plus jeune» - l'un des rôles les plus prisés - ou encore le meilleur danseur. Dans l'univers K-pop, le favori est appelé «bias».

Jeunesse éternelle

Les idoles ont une date d'expiration. «Elles sont le reflet de la période entre l'adolescence et l'âge adulte», explique Michelle Cho, chercheuse spécialisée en culture coréenne à l'Université McGill. Les idoles sont généralement recrutées entre 11 et 14 ans dans des auditions menées par différentes écuries. Typiquement, les recrues sont hébergées dans des dortoirs et font leurs débuts vers l'âge de 20 ans. La carrière des membres des «boys band» se termine vers 26 ou 27 ans, l'âge limite pour réaliser leur service militaire. «À leur retour, 20 mois plus tard, ils ne peuvent plus être considérés comme des garçons», dit Mme Cho.

Explosion artistique

En Amérique du Nord, la porte d'entrée dans le monde de la K-pop est généralement le vidéoclip. Feux d'artifice, explosions, prises de vues aériennes: les entreprises qui gèrent les carrières des groupes ne lésinent pas sur les moyens quand vient le temps de les produire. De plus en plus, ces vidéoclips ont tendance à être d'avant-garde et son truffés de mises en abyme. «Ça peut paraître surprenant, mais les clips du groupe BTS contiennent des références artistiques profondes. Le texte visuel est aussi complexe que ce que l'on retrouve dans le projet Lemonade de Beyoncé ou l'album visuel de la chanteuse Janelle Monáe, par exemple», remarque Michelle Cho.

Chorégraphies olympiennes

La danse est une part intégrante de l'ADN de la K-pop. Les chorégraphies présentées dans les vidéoclips et en spectacle sont techniquement très difficiles à réaliser. «Je suis incapable de penser à d'autres performances physiques qui sont aussi époustouflantes», affirme Suk-young Kim, l'auteure du livre K-pop Live: Fans, Idols, and Multimedia Performance. Celle-ci souligne avec raison que peu de groupes ou de chanteurs en Amérique du Nord sont capables de réaliser de telles prouesses. «On peut comparer leur formation à celle des athlètes olympiques», explique pour sa part Michelle Cho.

Univers de mangas

Maquillage, cheveux couleur barbe à papa, allure androgyne: les idoles masculines cultivent une image très loin des stéréotypes machos. Chaque groupe propose son propre concept esthétique, mais l'influence des mangas, ces bandes dessinées japonaises, est indéniable. «Il y a des personnages mangas qui ressemblent exactement aux idoles masculines de la K-pop, explique Michelle Cho. Les histoires mangas sont un aréna pour les jeunes filles pour vivre leurs fantasmes à l'abri du modèle du mâle alpha rempli de testostérone. Dans ces scénarios, tu peux peut-être avoir le béguin pour un des personnages, mais il pourrait aussi être ton ami», illustre-t-elle. La professeure ajoute par ailleurs que cette esthétique ne doit pas être considérée comme queer, car les concepts de genre sont avant tout culturels.