Plus présent que jamais dans les festivals, le hip-hop a bonne presse et influence autant les arts visuels que la danse ou encore la mode. Coup d'oeil sur les grandes lignes de ce courant musical né il y a 45 ans jour pour jour dans un petit appartement du Bronx.

LA GENÈSE

Alors que le disco règne encore sur New York et que le Bronx s'enflamme, rongé par le chômage, la violence et la drogue, trois hommes s'apprêtent à jeter les bases du hip-hop. DJ d'origine jamaïcaine, Kool Herc refuse de jouer du disco, mais propose plutôt le meilleur du soul et du funk. Il organise une fête le 11 août 1973 qui changera le cours de l'histoire de la musique. Avec ses deux platines de mixage, il prolonge les parties rythmiques instrumentales, gardant uniquement la basse et la batterie des morceaux, inventant du même coup le « break ». Afrika Bambaataa a quant à lui fédéré le mouvement baptisé hip-hop en organisant de grosses soirées, alors que Grandmaster Flash a fait exploser le tout en étant rapidement reconnu à travers le monde grâce à sa technique et à sa maîtrise jamais vue des platines.

QUAND LE RYTHME RENCONTRE LA RIME

Le break fait rapidement danser les B-Boys, inspire les graffiteurs, mais surtout les MC (maîtres de cérémonie) qui créent des rimes sur la musique et accompagnent les DJ, d'abord pour animer les soirées, puis pour dépeindre la réalité des jeunes Noirs des ghettos. DJ Hollywood est considéré par de nombreux amateurs du genre comme le premier rappeur connu, alors que selon d'autres, c'est plutôt le groupe composé de Grandmaster Flash et des Furious Five qui aurait ouvert la voie.

L'EXPLOSION

Le hip-hop va sortir des sous-sols des appartements du Bronx grâce à la célèbre coupure de courant qui a plongé New York dans le noir en 1977. Plus de 1600 boutiques seront saccagées et une révolution culturelle majeure verra le jour à la suite de l'évènement. Ces pillages ont en effet permis d'équiper de très nombreux nouveaux DJ et ont fait exploser le nombre de MC. Alors que les Furious Five sont en tournée mondiale, tout le monde se dispute leur place. Mais en 1979, c'est The Sugarhill Gang qui remporte le gros lot avec son célèbre Rapper's Delight qui tourne sur toutes les radios. Les membres de ce groupe sont considérés par le grand public comme les premières vedettes du rap, mais sont détestés par les puristes qui les accusent d'avoir volé les rimes du MC Grandmaster Caz. C'est à cette époque que le hip-hop fait son entrée à Manhattan par l'entremise des arts visuels, juste avant qu'Afrika Bambaataa ne commence à mixer dans des clubs du centre-ville. Plus besoin d'aller dans le Bronx pour entendre ce nouveau genre de musique. Avec la sortie de la mythique chanson The Message de Grandmaster Flash and The Furious Five, un message social émerge du hip-hop.

L'ÂGE D'OR ET LA CÔTE OUEST

Au milieu des années 80, Run-DMC secoue la planète avec un nouveau style, loin des costumes jusqu'ici portés par ses confrères. Il se présente sur scène et dans ses clips comme il est habillé dans la rue et ne rappe que sur un simple beat. C'est à lui que l'on doit My Adidas, titre qui marquera également la mode du hip-hop. C'est aussi à cette époque que la carrière de LL Cool J va exploser. Pendant ce temps, le gangsta rap déferle sur la côte Ouest avec Dr. Dre, Lonzo Williams et Cypress Hill. En pleine dictature de la techno, les rappeurs comme Ice-T veulent devenir des vedettes et faire connaître le hip-hop de Los Angeles. Alors que les gangs de rue y font la loi, les textes des rappeurs de la côte Ouest parlent surtout de cette réalité.

CÉLÉBRER À MONTRÉAL

Le festival Under Pressure, qui fête cette année ses 23 ans, bat son plein jusqu'à demain soir à Montréal. Fondé en 1996 par les graffiteurs Sterling Downey, aka SEAZ, et Flow, c'est le plus ancien festival célébrant la culture hip-hop, à l'image des block parties nés dans les années 70 à New York. Graffiteurs, DJ, MC et danseurs urbains s'y donnent rendez-vous. Ce soir, le rappeur américain Brother Ali s'y produira gratuitement, tout comme de nombreux groupes montréalais.

Pour en savoir plus sur l'histoire du hip-hop, il est possible de regarder sur Netflix Hip-Hop Evolution, série documentaire en quatre épisodes très complète sur la question.

Photo Martin Tremblay, archives La Presse

Fondé en 1996 par les graffiteurs Sterling Downey, aka SEAZ (notre photo), et Flow, Under Pressure est le plus ancien festival montréalais célébrant la culture hip-hop, à l'image des block parties nés dans les années 70 à New York.

PHoto Henry Chalfant, tirée du site du Lemelson Center for the Study of Invention and Innovation

G Man et sa bande participent à un block party dans le Bronx dans les années 80.