Chaque semaine, un musicien parle des chansons qui ont bercé sa vie. Cette semaine: Natalie Choquette.

La soprano verra triple au Festival Classica de Saint-Lambert. Natalie Choquette poussera la note au spectacle du Cirque Éloize, où l'art du cirque côtoiera les «classiques» du classique. Elle présentera le spectacle pour enfants Dodo et le fantôme d'à côté, avec sa fille Ariane Lagacé et les solistes de l'Orchestre Nouvelle Génération. Enfin, elle enluminera les compositions du père du tango nuevo, Astor Piazzolla, avec les musiciens Dominic Boulianne et Dominic Painchaud.

Le rôle de sa vie: Son rôle de mère

«Ça, c'est vraiment le rôle dont je suis le plus fière. Ce n'est pas facile d'avoir une vie de famille quand on est artiste et qu'on voyage. Je me suis fendue en quatre toute ma vie pour inclure mes enfants dans mon univers, en les amenant en tournée, en leur écrivant des rôles muets juste pour que je sache où elles étaient [rires]. J'avais toujours rêvé d'avoir une maison remplie de musique, d'amour et de joie, et c'est ce que j'ai eu.» [Ses trois filles, Florence K., Éléonore Lagacé et Ariane Lagacé, font toutes de la musique.]

Un rôle qui lui permet de s'éclater: Madame O Sole Mio

«... qui chante son Puccini, Nessun dorma, en mangeant du spaghetti. Ça, c'est mon hit. Les personnages italiens, c'est tellement facile ; je les connais tellement parce que j'ai habité cinq ans à Rome quand j'étais petite. En plus, c'est napolitain et le concierge de l'immeuble où j'habitais était napolitain. Et sa femme... [elle parle en italien]. Tout ça, c'est la joie que j'ai eue de vivre là-bas. Parce que les Italiens ont le sens inné du théâtre. C'est ça que j'aime dans ce peuple: le théâtre, la musicalité de la langue, tout cela amène à l'opéra, finalement.»

Un air qui l'émeut à tout coup: Un bel dì, vedremo, tiré de Madama Butterfly

«C'est vraiment Puccini qui m'émeut le plus. Ses héroïnes sont toujours très touchantes. Tu as envie de les prendre dans tes bras, de leur dire: "Mais non, c'est pas la peine de te tuer. Prends-toi un bon avocat et demande la garde totale des enfants et une pension alimentaire." Ce serait si simple aujourd'hui [rires]. [...] Et comme je suis née au Japon, c'est sûr que Madama Butterfly me touche encore plus. C'est ce mélange d'Italie et de Japon qui doit venir me chercher.»

Une chanson qui unit sa famille dans l'amour de la musique: Edelweiss, tirée de La mélodie du bonheur

«C'est quétaine, mais c'est tellement beau... C'est un film-culte qu'on a regardé en famille tellement de fois. L'histoire est émouvante; c'est inspiré d'une histoire vraie et c'est une période qui est troublante [l'année précédant la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle l'Autriche a été annexée par l'Allemagne nazie]. [...] Julie Andrews a une si jolie voix naturelle. Et puis le moment où le capitaine chante Edelweiss à ses enfants, ça m'émeut toujours.»

La pièce d'Astor Piazzolla qui la touche particulièrement: Ça

«Les textes sont incroyables, c'est vraiment puissant. Ça parle de ce que c'est que l'homme. [Elle fouille dans son recueil de partitions et cite des paroles de la chanson.] C'est comme si l'être humain, il vient au monde, il se croit, il chante, il fait la guerre, il fait tout et puis il retourne au néant. Et c'est d'appeler ça... Ça! [...] Astor Piazzolla ne critique rien, il dit des vérités, il constate.»