La performance grandiose de Beyoncé à Coachella, samedi dernier, lui a valu un écho mondial de critiques dithyrambiques. Voici cinq raisons pour lesquelles le passage de la star américaine au mythique festival peut déjà être qualifié d'«historique».

Une première

«Merci de me permettre d'être la première femme noire en tête d'affiche de Coachella», a lancé Beyoncé pendant sa performance à Indio, en Californie. Cela méritait d'être souligné, car en 19 ans d'existence, jamais le festival n'avait donné cette place à une femme de couleur, dans un pays où les questions raciales font perpétuellement débat. Annoncée en haut de l'affiche du populaire évènement en 2017, l'artiste de Houston, alors enceinte de jumeaux, avait dû se retirer, sur ordre du médecin. Moins d'un an après la naissance de ses enfants, Beyoncé est venue inscrire son nom dans les annales du festival californien et du monde du spectacle tout entier. «J'ai eu le temps de préparer cette performance», a affirmé la chanteuse de 36 ans, entrée sur scène dans un costume Balmain digne de la reine égyptienne Néfertiti, au tout début d'un concert de près de deux heures.

Jamais sans son militantisme

Ne manquant jamais une occasion d'agrémenter ses spectacles de messages politiques et engagés, Beyoncé a profité de son passage au festival californien pour réaffirmer ses opinions quant au mouvement Black Lives Matter ou encore à la lutte féministe. L'artiste et son équipe ont rendu hommage à l'héritage afro-américain, à travers des danses et des costumes, toujours agrémentés de références à l'empowerment noir et féministe. Des extraits d'un discours de Malcolm X ont été diffusés: on pouvait notamment entendre le militant des droits de l'homme affirmer que «la personne la moins respectée aux États-Unis est la femme noire».

En début de concert, la chanteuse a interprété Lift Every Voice and Sing, «hymne national» de la communauté noire américaine. Des danseurs contemporains ont dansé sur un enregistrement de la chanson Lilac Wine, interprétée par Nina Simone, qui a ardemment défendu les droits civiques du peuple afro-américain. Plusieurs textes de Beyoncé sont eux-mêmes empreints de cette force militante, comme Freedom et Formation, ou sont résolument féministes, comme Run the World (Girls), Sorry ou Single Ladies, qu'elle a toutes interprétées samedi.

Une mise en scène épatante

La démesure de ses mises en scène est un des ingrédients de la recette gagnante de Beyoncé, qui parvient toujours à créer des spectacles plus grands que nature. Elle l'avait fait à la mi-temps du Super Bowl en 2013, elle a remis ça pour Coachella, au moyen d'une scénographie imposante. Beyoncé en met plein les oreilles, mais aussi plein la vue. «C'était vraiment une performance à grand déploiement, c'était impressionnant de voir le nombre de personnes avec elle sur scène», témoigne Marie-Kim Dupuis-Brault, qui était en Californie pour le week-end de Coachella. Cette fois, sur le thème des universités traditionnellement noires (les Historically Black Colleges and Universities, créés pour la communauté noire durant la période de ségrégation américaine suivant la guerre de Sécession), elle s'est entourée d'une fanfare, postée sur de grandes estrades, et de plusieurs dizaines de danseurs, sous les couleurs de l'«Université Beyoncé», jaune et noir.

La «famille royale» réunie

Si Beyoncé est la «Queen B», alors toute la famille royale était présente samedi sur la scène principale de Coachella: son mari Jay Z, sa soeur Solange et même ses soeurs de coeur de Destiny's Child, Michelle Williams et Kelly Rowland. Jay Z est monté sur scène le temps de la chanson Déjà Vu, un des grands succès du duo et un petit aperçu de la deuxième mouture de la tournée On the Run, qui débutera en juin prochain. Puis, le public s'est vu offrir un petit retour dans le passé, alors que les trois chanteuses de Destiny's Child se sont réunies pour entonner Lose My Breath, Say My Name et Soldier. En fin de spectacle, la plus jeune des soeurs Knowles, Solange, a dansé aux côtés de Beyoncé sur Get Me Bodied.

Une vague de réactions positives

Les médias américains et internationaux ne tarissaient pas d'éloges pour celle qui ne cesse de prouver son talent et dont la flamme semble éternelle. Dans le New York Times, le Los Angeles Times ou sur CNN notamment, on parle de performance historique. Depuis samedi, le spectacle est sur toutes les lèvres, celles des critiques, mais également celles des fans, bien sûr. Au revoir, Coachella, les admirateurs de la vedette ont rebaptisé l'édition 2018 «Beychella». Des célébrités ont aussi donné leur avis sur le spectacle. Adele, par exemple, a publié sur Instagram des vidéos d'elle en train de danser devant sa télé. Cara Delevingne, qui s'était publiquement insurgée contre le festival, a tout de même souligné une performance qui l'a «laissée sans voix» et l'a fait «éclater en sanglots». Alors que Jay Z et elle s'apprêtent à entamer une tournée de plusieurs mois, cette performance est venue réaffirmer la place de Beyoncé dans les hauts rangs de la scène pop.

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Lisez la critique du New York Times: https://www.nytimes.com/2018/04/15/arts/music/beyonce-coachella-review.html

Visionnez une vidéo d'Adele dansant sur du Beyoncé: https://www.instagram.com/p/BhlaJAXhy99/?hl=en&taken-by=adele

Jalouse de son image

On sait que Beyoncé garde un contrôle très serré sur son image. La veille du concert de la chanteuse à Coachella, sa porte-parole a demandé aux médias de ne publier que des photographies autorisés de sa prestation, a révélé Page Six. Or, l'Agence France-Presse a partagé avec les médias (dont La Presse) des clichés pris par le photographe Kyle Grillot qui n'avaient pas été autorisés par l'équipe de la star. Ces photographies ont par la suite été retirées des banques de données de l'AFP, et l'agence a demandé aux médias de les détruire de leur propre système et de ne pas les réutiliser, sous peine de poursuite. Les photos qui accompagnent cet article sont donc tirées du site web et du compte Instagram de Beyoncé. Ironiquement, le concert de Beyoncé était diffusé en direct dans son intégralité sur la chaîne YouTube de Coachella. Par contre, il n'y est resté accessible que quelques heures. - Frédéric Murphy