Chaque semaine, un musicien parle des chansons qui ont bercé sa vie. Aujourd'hui: Alejandra Ribera.

L'auteure-compositrice-interprète, qui partage son temps entre Montréal et Londres, termine le volet québécois de sa tournée This Island «à la maison», avec un spectacle au Quai des brumes le 2 avril. Un concert gratuit qu'elle décrit comme familial, informel et relaxe, et qui comprendra des surprises (qu'elle ne veut évidemment pas éventer). Après un saut à Londres, la chanteuse qui a grandi à Toronto rendra visite à son public ontarien.

La chanson qui te rappelle ton enfance?

Tu m'aimes-tu de Richard Desjardins

«[Le réalisateur] Jean Beaudin est un ami de ma famille et il a donné une cassette de Tu m'aimes-tu à ma mère. On l'avait dans la voiture. Je ne comprenais rien au français; ma mère non plus parce qu'elle est anglophone. Je me souviens très bien que j'avais envie de regarder les paroles parce que je cherchais un mot qui disait ‟dinosaure" [à cause du ptérodactyle de la pochette]. Mais j'étais obsédée par cette chanson; je sentais beaucoup d'émotion, avec le pouvoir de sa voix et la mélodie au piano.»

La chanson qui t'a donné envie de faire ce métier?

Tom Traubert's Blues (Four Sheets to the Wind in Copenhagen) de Tom Waits

Alejandra Ribera a découvert cette chanson dans le film Basquiat de Julian Schnabel, qu'elle avait regardé dans un cours d'art au secondaire. «Chaque fois que j'ai écouté cette chanson, j'ai pleuré: le matin, le soir, quand j'étais heureuse, quand j'étais triste... Je me suis dit que j'aimerais avoir la capacité d'écrire des chansons comme ça qui pourraient toucher des gens.»

La chanson qui te rappelle le plus Montréal?

Puisqu'il en faut d'Alexandre Désilets

Alejandra Ribera est amie avec Alexandre Désilets depuis qu'ils ont collaboré au spectacle Danse Lhasa Danse. «Quand je suis sur la route en Allemagne ou quand je suis en Angleterre et que Montréal me manque, je joue cette chanson pour m'en souvenir. J'ai tellement écouté cet album [La garde, 2010]... Je lui envoyais des textos pour lui dire: ‟Alex, I'm dancing to your song again, it's such a good album." Quand j'ai écouté Windigo [album de 2016 où la chanson est reprise en version orchestrale], c'était un grand cadeau, car il redonnait nos chansons préférées d'une manière hallucinante.»

La chanson de Lhasa de Sela qui te touche le plus?

El desierto

À son arrivée à Montréal, Alejandra Ribera s'est liée à plusieurs proches et collaborateurs de Lhasa de Sela et elle a participé à des spectacles hommages à la défunte chanteuse montréalaise. «C'est la chanson que j'ai le plus jouée. C'est celle qui me met vraiment dans son univers. Il y a une profondeur... Chaque fois que j'ai chanté cette chanson, elle m'a transportée.»

Ta chanson que tu aimes particulièrement chanter sur scène?

The Undertow

La chanson est basée sur l'histoire du film The Danish Girl, sur un artiste [interprété par Eddie Redmayne] qui change de sexe. «J'ai été touchée par la femme qui aimait tellement son mari qu'elle l'a soutenu dans une évolution qui allait le mener à la quitter. [...] Avec cette chanson, on commence très, très, très doucement sur scène, mais à la fin, on chante le refrain en boucle, de plus en plus fort. C'est comme si on hurlait sur scène. À la fin de cette chanson, je me sens comme si j'avais pris une douche de l'âme.»

La chanson de ton dernier album qui représente le mieux ce que tu voulais faire?

Russian Plates on Michigan Avenue

«L'idée avec cet album était de capturer quelque chose live et simplement de ne pas avoir peur d'avoir de grands espaces entre les notes, les accords, et de créer une atmosphère. On était si présents quand on a fait cette chanson - parce que c'était juste piano, voix, après on a ajouté un peu de baryton. À la fin, on fait quelque chose qui est un peu comme un mantra; on refait la même ligne pendant deux minutes. Ça respire beaucoup.»