Animé par Michael Bublé, le gala des prix Juno, qui célèbre la musique canadienne, avait lieu hier soir à Vancouver. Des prix remportés par le regretté Gord Downie à la vitalité de la scène torontoise, voici des faits saillants du gala.

Deux prix pour Arcade Fire

Arcade Fire a remporté le prestigieux Juno de l'album de l'année pour Everything Now. Au micro, Win Butler a plaidé en faveur de l'intégrité artistique. À ses côtés, Régine Chassagne lançait des «Merci» (inaudibles à la caméra). Lors du gala hors d'ondes, samedi, Arcade Fire avait gagné un premier trophée pour son succès à l'international. Butler avait alors salué les gens qui manifestaient aux États-Unis pour un meilleur contrôle des armes à feu. Le groupe de Montréal s'est incliné dans les trois autres catégories où il était en nomination. A Tribe Called Red a été sacré groupe de l'année. Le Juno du meilleur album alternatif est allé à Alvvays, alors que There's Nothing Holdin' Me Back de Shawn Mendes a été choisie meilleure chanson.

La soirée de feu Gord Downie

Le regretté Gord Downie a remporté la plus prestigieuse récompense de la soirée, celle de l'artiste de l'année. Ses deux frères sont allés recueillir le prix remis à titre posthume. Ils ont rappelé les valeurs de Gord Downie et sa vision d'un pays équitable et inclusif, notamment envers les autochtones. Le défunt chanteur du groupe The Tragically Hip a aussi remporté avec Kevin Drew le Juno de l'auteur-compositeur de l'année et celui du meilleur album adulte contemporain. Le gala des Juno avait invité Pearl Wenjack, la soeur d'un jeune autochtone mort en 1966 en s'enfuyant d'un pensionnat - histoire qui avait ébranlé Downie et inspiré son projet Secret Path. Elle a rappelé que le nom qui lui a été attribué par l'Assemblée des Premières Nations, Wicapi Omani, signifie «l'homme qui marche parmi les étoiles».

Un prix pour Daniel Bélanger

Lors du gala hors d'ondes samedi soir, c'est Daniel Bélanger qui a remporté le prix du meilleur album francophone devant Patrice Michaud, Alex Nevsky, Klô Pelgag et Pierre Lapointe. Charlotte Cardin est repartie bredouille, mais ses nominations comme révélation et auteur-compositeur de l'année étaient déjà un bel honneur. On l'a aussi vue coprésenter - avec quelques mots en français - le Juno du choix du public... finalement remporté par Shawn Mendes, qui brillait par son absence. Dans la catégorie électronique, les trois Montréalais en lice (Blue Hawaii, CRi, Kid Koala) ont perdu devant Rezz.

Le jeune talent torontois récompenséAu-delà des mégastars que sont Drake, The Weeknd et Justin Bieber, la scène musicale urbaine de Toronto bouillonne. Le gala des prix Juno a célébré ce renouveau musical. Le chanteur torontois Daniel Caesar a remporté le trophée du meilleur enregistrement R&B/soul pour sa chanson Freudian. Jessie Reyez avait les larmes aux yeux en allant chercher le prix de la révélation de l'année. Reyez et Caesar ont par ailleurs chanté ensemble lors du gala, alors que la prestation d'Hedley a été annulée, vu les allégations d'inconduite sexuelle envers le chanteur Jacob Hoggard.

Michael Bublé à l'animation

Michael Bublé était à la barre du gala alors qu'il avait dû se retirer de l'animation l'an dernier pour être auprès de son jeune fils atteint d'un cancer. «Vous ne pouvez pas savoir ce que cela me fait d'être ici. Il y a plusieurs années que je ne suis pas monté sur une scène, a-t-il dit en ouverture, visiblement ému. Je suis dans ma ville natale devant ma famille, mes amis, mon pays.» Bublé a aussi annoncé que sa femme était enceinte de leur troisième enfant.

Plusieurs causes à l'honneur

Côte à côte, Grimes et Buffy Sainte-Marie ont parlé au nom des femmes, plaidant pour une plus grande parité dans l'industrie de la musique. Accompagné de ses acolytes du tube Northern Touch, le groupe rap de Vancouver Rascalz - qui a boycotté les Juno il y a 20 ans car le rap était écarté du gala télévisé - a félicité les prix Juno de s'être ouverts à la musique urbaine. Arcade Fire était accompagné d'une chorale de femmes autochtones pour interpréter Everything Now. Avec une apparition de Geddy Lee, de Rush, qui a présenté Barenaked Ladies, entré au Panthéon de la musique canadienne, disons que le gala a célébré une certaine diversité musicale canadienne. Nous disons «certaine», car la musique francophone québécoise y était complètement - ou enfin presque - absente.

Photo REUTERS

Des images de Gord Downie ont été diffusées dimanche soir.