Plus de 61 570 personnes ont signé une pétition demandant l'annulation d'un concert du chanteur français Bertrand Cantat prévu en mai dans un festival du nord-ouest de la France et dont les organisateurs ont confirmé mercredi à l'AFP la programmation.

«En mettant en lumière Bertrand Cantat, vous banalisez les violences faites au femmes et vous les cautionnez», est-il écrit dans le texte de la pétition mise en ligne selon son initiatrice le 18 février sur change.org.

Le texte, dont le nombre des signataires ne cessait toujours d'augmenter mercredi, évoque notamment les coups mortels portés à l'actrice française Marie Trintignant, pour lesquels le chanteur a été condamné par la justice lituanienne, le suicide de son ex-épouse et un article du magazine Le Point du 17 février affirmant qu'une «main courante» a été déposée contre le chanteur par une femme souhaitant «se protéger».

Les signataires s'indignent en particulier du fait que le festival, qui a attiré 68 000 personnes en 2017, selon ses organisateurs, présente sur son site internet l'ex-chanteur du célèbre groupe Noir Désir comme un homme qui «n'a rien perdu de son spleen, de sa rage et de son esprit critique».

Pour Valérie Dontenwille, qui a pris l'initiative de cette pétition et se présente comme «une citoyenne féministe» de 33 ans, «nous avons plus que l'espoir» de faire annuler le concert: «nous comptons demander aux financeurs de prendre leur responsabilité», a-t-elle dit à l'AFP.

Interrogé mercredi par l'AFP, le festival Papillons de nuit, dans la localité de Saint-Laurent-de-Cuves, a confirmé qu'il maintenait ce concert. «Nous considérons que notre seul critère de choix doit être celui de l'artistique», argumentent les organisateurs dans un communiqué.

L'association R.O.C., organisatrice du festival, se dit «particulièrement attachée à la lutte contre les violences faites au femmes» mais invoque le «droit pour tout(e) citoyen(ne) à une vie professionnelle après le temps de la justice. Il est impensable de se substituer à l'institution judiciaire alors que nous sommes simplement des acteurs culturels de notre territoire et en tant que tels nous nous refusons à censurer un artiste».

Libéré en 2007 de la prison de Muret, Bertrand Cantat avait purgé plus de la moitié de sa peine après avoir été condamné à huit ans de prison par la justice pour les coups mortels porté à sa compagne d'alors Marie Trintignant en 2003.

Le chanteur entame jeudi une nouvelle tournée pour présenter son premier album solo.