Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Bruno Pelletier.

L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) a offert une carte blanche à Bruno Pelletier, qui revisitera sa carrière d'interprète avec ses amis chanteurs, mardi et mercredi prochains à la Maison symphonique sous la direction de Simon Leclerc. Le chanteur lancera aussi, le 30 mars, un disque enregistré au Petit Champlain dans le cadre de sa tournée intime, en version numérique seulement.

Adapter des chansons populaires en version symphonique

Pour

«Lorsqu'on a les bonnes personnes pour faire un mariage cohérent entre les deux mondes, on peut faire redécouvrir les grandes chansons populaires aux gens. C'est comme si on donnait un nouveau souffle, une nouvelle grandeur aux chansons. Pas juste par le nombre d'instruments, mais par la qualité de l'orchestration. Lorsqu'on a des arrangeurs qui travaillent fort avec le texte, qui le soulignent à grands traits par l'orchestration, ça sublime les chansons. C'est le cas de Simon Leclerc, qui est un chef hors pair pour la sensibilité du texte.»

Avoir 55 ans

Pour

«Il y a quelque chose de plus zen dans la cinquantaine, des questionnements qui sont derrière nous, plus d'acceptation, plus d'expérience sur tous les plans. Le fait d'être en santé et en bonne forme physique me permet ce recul, et aussi d'apprécier mon âge. Il y a des chansons que je chante, des spectacles que je fais, que je n'aurais pas faits de la même façon à 30 ans. Grâce à cette espèce de distance, je suis capable de regarder mes 35 ans de métier et d'être reconnaissant de ce que la vie m'a apporté. Ça amène une autre lumière sur ma façon de me proposer comme chanteur.»

Les concours de chant

Pour

«... mais avec un bémol. Quand je fais des classes de maître, on me pose souvent la question et je dis toujours que je suis pour, pourvu qu'on sache que ce n'est pas une finalité. Que ce qu'on va devenir ne dépendra pas d'un concours, mais que ce concours va faire partie d'une séquence d'expériences qu'on peut prendre pour se faire voir, bien sûr, mais surtout se confronter à ce que ça veut dire de monter sur les planches et de chanter pour d'autres gens. Il ne faut jamais oublier que le concours, c'est d'abord un show de télévision.»

Le règne des auteurs-compositeurs-interprètes

Contre

«En fait, je suis ni pour ni contre, parce que tout le monde a sa place. Mais je trouve que l'auteur-compositeur n'est pas toujours le meilleur véhicule pour les chansons. L'immense règne de l'auteur-compositeur-interprète a enlevé pendant plusieurs années du lustre à ce que c'est, être un bon interprète. Beaucoup de grandes chansons ont existé grâce à leur interprète. Lorsque c'est l'auteur-compositeur qui chante ses chansons, même s'il chante mal, on va le valoriser énormément, alors qu'il y a d'excellents chanteurs qui ont parfois été sous-estimés parce qu'ils n'écrivaient pas leurs textes. En ça, je trouve qu'il y a iniquité.»

L'écoute de musique en ligne

Pour

«On ne peut pas reculer devant la modernité. Mais je suis contre le fait que les artistes n'aient pas droit à une rémunération adéquate. Il faut qu'il y ait des changements majeurs dans le mode de rétribution, quitte à ce que ce soit par une loi imposée, mais on avance à pas de tortue alors que la technologie, elle, n'attend pas. Ce que la musique vit depuis le début des années 2000, tout le reste de la société le vit en ce moment. Dans le taxi, l'hôtellerie, les médias, le commerce en ligne... Pendant des années, on a fait comme si ce n'était pas important, les musiciens, mais là, on voit que c'est un changement de société complet, et on n'a plus le choix de changer les règles du jeu pour que ce soit équitable.»

Le retour de Notre Dame de Paris

Pour

«C'est un spectacle qui a changé ma vie. J'ai eu la grande chance de créer le rôle de Gringoire, qui m'a permis de jouer partout dans le monde, même pour ma carrière solo, et j'en suis très fier. Une oeuvre qui devient un classique au même titre que Les misérables, il n'y en a pas eu des masses dans la francophonie. Alors c'est normal que le show revienne avec des interprètes différents, qu'ils proposent à leur façon les rôles créés il y a 20 ans. Ce spectacle revient chez nous bientôt. Bien sûr que je vais y aller, parce que j'ai des amis qui jouent dedans, parce que ça va me brasser la bedaine, parce que ça va me rappeler plein de souvenirs.»