La France est encore groggy au lendemain de la mort de son monument national Johnny Hallyday et attend jeudi de connaître les détails de l'organisation des funérailles du chanteur, ce « héros français » comme l'a défini Emmanuel Macron.

« Trésor national », « La dernière idole », « légendaire », numéros spéciaux, Unes noires... La presse dans son ensemble se fait l'écho du choc que subit le pays depuis la nuit de mardi à mercredi, quand l'épouse de Johnny Hallyday a annoncé à l'AFP la mort de celui qui était bien plus qu'un chanteur, un élément du patrimoine français.

Un autre monument français, la mondialement célèbre tour Eiffel, participera au recueillement national. « De vendredi soir à dimanche soir, nous projetterons le message «Merci Johnny» sur @LaTourEiffel », a indiqué la maire de Paris Anne Hidalgo sur Twitter.

Selon plusieurs médias, les funérailles pourraient avoir lieu samedi. Le Parisien évoque le scénario d'un cortège funéraire qui descendrait l'avenue parisienne la plus célèbre, les Champs-Élysées, avant une cérémonie à l'Église de la Madeleine, non loin de la place de la Concorde.

La disparition d'une personnalité aussi populaire que l'interprète de « Que je t'aime », « Quelque chose de Tennessee » ou encore « Allumer le feu », pose toutefois de considérables problèmes de logistique et de sécurité, les admirateurs attendus étant nombreux, même s'il n'y a pas eu jusqu'ici de rassemblement massifs ou de veillées monstre.

« Émotion qui rassemble »

« Ça peut être un rassemblement d'un très grand nombre de personnes et donc il faut mobiliser pour ces rassemblements beaucoup de forces de police, qui ne seront pas automatiquement disponibles samedi prochain, donc aujourd'hui ça fait partie des éléments que nous devons prendre en compte », a expliqué un membre du gouvernement, Christophe Castaner.

Le président Emmanuel Macron et son épouse ont prévu de participer à ces funérailles, où se rendront selon toute vraisemblance de très nombreuses personnalités politiques et du show-business.

« Il y a une émotion, une émotion extrêmement forte, une émotion qui rassemble (...) Et donc je crois que les Français ont cette envie de partager l'émotion», a estimé M. Castaner.

En 2006, Johnny Hallyday avait trouvé « pas terrible » l'idée de funérailles nationales. « Je ne suis pas une star absolue, je suis un homme simple », avait-il déclaré à la télévision.

Mercredi soir, plusieurs chaînes de télévision avaient bouleversé leur grille pour diffuser des programmes d'hommage à cette icône, profondément liée à l'identité française de ces dernières décennies.

Un des animateurs les plus célèbres de France, Michel Drucker, a craqué à la fin de son émission en direct. « Lui, c'était spécial, tu aurais pu vivre encore un peu Johnny », a-t-il lâché, la voix brisée, en larmes.

Les deux principales chaînes, TF1 et France 2, ont pris la tête des audiences avec chacune plus de 3 millions de téléspectateurs, mais sans pour autant écraser les chaînes qui diffusaient leurs émissions habituelles.

4 400 %

En revanche, l'écoute et les téléchargements des chansons et albums de Johnny Hallyday se sont envolés sur les plateformes musicales (Deezer, Spotify, iTunes). Deezer a indiqué à l'AFP que les écoutes des titres du chanteur avaient grimpé de 4 400 % sur la journée de mercredi.

Sur iTunes, le magasin musical d'Apple, le « Triple best of » de Johnny prenait la tête des albums les plus téléchargés en France ce jeudi.

La dépouille du chanteur a quitté dans la matinée la maison de Marnes-la-Coquette, près de Paris, où il vivait, pour être transférée au funérarium du Mont-Valérien, une autre commune proche de la capitale.

« J'ai entendu dire qu'il était au funérarium alors je suis venu. Avec lui, c'est une partie de ma jeunesse qui s'en va. Johnny, c'est la musique de ma jeunesse, les amours de la jeunesse. J'ai les larmes aux yeux rien que d'en parler », a expliqué à l'AFP, Bernard Dort, un admirateur de 72 ans, retraité.

Rabia Alia, 48 ans, a, elle, pris un bus à Nanterre quand elle a entendu à la radio que Johnny était au funérarium. « J'étais en train de prendre mon café et je suis venue direct. Il n'y en avait pas deux comme lui. Ça m'a fait un frisson quand j'ai su qu'il était mort. »