La sortie du premier album solo du chanteur français Bertrand Cantat, condamné pour avoir tué sa compagne en 2003 à Vilnius, s'est accompagnée de nouvelles accusations de violences, immédiatement dénoncées par deux de ses anciens partenaires du groupe Noir Désir.

À la veille de la sortie vendredi du disque Amor Fati, l'hebdomadaire Le Point a affirmé dans un article qu'il existait «une omerta» autour du comportement violent de l'artiste de 53 ans, avant et après le drame de Vilnius.

Cantat a été condamné à huit ans de prison pour avoir tué en 2003 dans cette ville, sa compagne, l'actrice Marie Trintignant. Elle avait succombé à ses coups après une violente dispute. Il a purgé quatre ans de prison avant de bénéficier d'une libération conditionnelle en 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin en 2011.

Pour son enquête, Le Point s'appuie notamment sur le témoignage anonyme d'un des quatre membres de Noir Désir, qui affirme qu'il connaissait le comportement violent de Cantat avant même Vilnius.

Cette source anonyme assure par ailleurs que la femme de Bertrand Cantat, Kristina Rady, qui s'est suicidée en janvier 2010, a menti au moment du procès, demandant aux membres du groupe de cacher ce qu'ils savaient, pour que les enfants du couple ne découvrent pas «que leur père était un homme violent».

«Nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise», affirme cette source dans Le Point.

Vendredi, deux ex-membres de Noir Désir, Denis Barthe et Jean-Paul Roy, ont vivement contesté l'article dans une vidéo postée sur Facebook.

«Nous demandons à la direction de la revue de nous présenter des excuses dans les plus brefs délais, pour tout ce qui est dit dans cet article. Cet article fait état d'un mystérieux membre de Noir Désir qui s'exprimerait sous couvert d'anonymat. Nous sommes clairement mis en cause dans ces propos. Nous réfutons totalement ce qui a été dit», déclare Denis Barthe dans cette vidéo.

Le quatrième et dernier membre du groupe, le guitariste Serge Teyssot-Gay, n'a pas souhaité réagir auprès de l'AFP. «Il ne veut pas parler de Noir Désir», selon son attachée de presse.

Également contacté, l'avocat de Bertrand Cantat, Me Antonin Lévy, n'a pas réagi dans l'immédiat.

Le directeur du Point Étienne Gernelle a défendu son article sur Twitter: «Denis Barthe a le culot de demander au Point des excuses... Il peut attendre longtemps!».

Pour Cantat, qui fut longtemps la figure de proue du rock français avec Noir Désir, cette polémique succède à celle provoquée mi-octobre par la Une que lui avait consacrée le magazine Les Inrocks.

Publiée en plein scandale Weinstein sur les violences contre les femmes, cette couverture avait scandalisé de nombreuses personnalités.