Pour faire de nouveau un triomphe à MHD, les dizaines de milliers de kids ayant investi l'aire de la Scène urbaine des Francos, deux soirs d'affilée en juin 2016, ne pouvaient tous lui emboîter le pas en salle, mais... Hier, le Métropolis s'est rempli à la dernière minute pour le premier de deux spectacles payants du rappeur parisien, mégachampion viral de l'internet, comme on le sait.

Dire que la foule était en feu pour accueillir Mohamed Sylla, aujourd'hui le plus populaire des rappeurs francophones sur terre (surtout auprès des ados et des jeunes adultes), le mot est faible.

Après avoir été chauffés par l'équipe du rappeur Misa, les fans du MC de 22 ans ont littéralement explosé d'enthousiasme lorsque ce dernier s'est pointé sur scène, précisément à 21 h 50, après un décompte digne du Nouvel An.

MHD et ses deux rappeurs de soutien (Baki et AP) se sont alors rués devant leur DJ pour ainsi donner au public un spectacle d'environ 80 minutes. On aura eu droit à une prestation plus efficace, mieux éclairée et mieux scénarisée qu'à leurs premières escales montréalaises. MHD a su apprendre son métier très rapidement pour atteindre une telle cohésion avec son équipe.

L'affaire a vraiment décollé avec le tome 1 des fameux singles Afro-trapLa Moula, qui désigne le pognon, ou encore cette herbe récréative bien connue... et en voie d'être légalisée.

MHD nous a ensuite balancé dans la gueule son Interlude, histoire de nous rappeler d'où il vient : 

«Salam, j'arrive dans l'game, un 16-mesures, pas l'temps de vous kala... C'est bien qu'tu parles des embrouilles de quartiers, c'est moins crédible, surtout quand t'es pas là. J'parle et j'assume, j'recule jamais, frère, mes potos m'assurent...»

Voyez le genre?

L'affaire était ketchup, le MC en chef avait retiré son kangourou pour dévoiler un t-shirt écarlate du CH, comme le font tant de vedettes de passage dans notre île. Il nous a fait Tout seul avec ses potes et, surprise: la Montréalaise Zaho s'est amenée sur scène pour entonner avec son hôte Laissez-les kouma, chanson de la dame qu'on peut entendre dans l'album Le monde à l'envers.

MHD a enchaîné sur une musique africaine avec une reprise de son ami Black M avec qui il a enregistré À l'ouest. Efficace!

Puis ce fut le tome 8 des singles Afro-trap, que tout le monde dans la salle connaissait par coeur. «... L'espoir fait vivre, j'suis pas du côté des victimes. Allô n'naké il est temps de péter un fonds d'commerce...» Tous en choeur!

Allégeance pour le moins impressionnante à ce jeune Français issu de l'immigration (sénégalaise et guinéenne), exprimant humeurs, croyances, aspirations, blessures, désespoirs, amitiés sincères.

Et c'était le moment d'entonner la touchante Maman j'ai mal... «Que tu sois riche ou pauvre au fond c'est la même, les mêmes comptes à rendre devant l'Tout-Puissant...», suivie de la très africaine A kele nta, mégatube construit sur le thème de l'amitié fraternelle. «... C'est plus qu'un pote c'est devenu un frère. Quand je marche avec lui plus rien ne m'effraie...»

Après avoir servi le duo Wanyinyin avec la présence virtuelle de la voix d'Angélique Kidjo, MHD et ses potes ont invité des fans à improviser une petite chorégraphie, et c'était reparti de plus belle.

Galvanisée, la foule a repris l'ode au fameux joueur de soccer camerounais Roger Milla, le show de MHD a culminé avec son tube le plus gigantesque, La puissance. De la puissance? Mets-en! «J'ai pas connu la défaite depuis mon existence. Gros j'm'en sors bien, suis-je un miraculé?», dit la chanson.

Qu'ajouter à cela? Que MHD fera sauter de nouveau le plafond du Métropolis ce soir.