Le 1er juin 1967, l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles paraissait en Angleterre. Le lendemain, il faisait son entrée en Amérique. À l'occasion de ses 50 ans, La Presse évoque 13 faits entourant ce moment marquant de l'histoire de la musique rock.

Treize chansons

On compte 13 pièces gravées sur l'album original. Il y en a sept (dont la chanson éponyme en ouverture) sur la face A et six (dont une reprise de Sgt. Pepper) sur la face B. À la base, les chansons Strawberry Fields Forever et Penny Lane devaient en faire partie, mais, pour des raisons commerciales, elles ont été éditées quelques mois plus tôt dans un 45 tours double face. Le producteur George Martin avouera plus tard s'en être mordu les doigts.

Un album avant des chansons

À une époque où la sortie d'un « single » pouvait propulser un artiste en orbite, Sgt. Pepper a été apprécié dans son ensemble et non pour un ou deux succès. On en a pour preuve le fait qu'aux États-Unis, l'album est demeuré 15 semaines en première position du palmarès Billboard 200. Par contre, aucune des chansons du disque ne se trouve dans le top 100 de 1967. All You Need Is Love et Penny Lane s'y trouvent cependant..

Mystérieuse annonce

L'ancien animateur de Radio-Canada Gilles Gougeon rappelait récemment, dans le cadre des 50 ans d'Expo 67, que grâce à une connaissance travaillant à Air Canada, il avait mis la main sur un exemplaire de Sgt. Pepper dès le 1er juin. Animateur au pavillon de la Jeunesse, il avait fait jouer le disque en boucle devant des amateurs ravis. Or, certaines personnes étaient au courant de ce qui se tramait, car, dans son numéro du 1er juin, La Presse annonçait qu'à 17 h 30 ce jour-là, au pavillon de la Jeunesse, il y aurait « avant-première nord-américaine d'un disque anglais ».

Après leur concert d'adieu

Si on fait exception d'une apparition non annoncée le 30 janvier 1969 sur le toit de l'édifice Apple Corps de Londres, le dernier spectacle des Beatles a eu lieu le 29 août 1966 au Candlestick Park de San Francisco. Le groupe voulait se donner plus de temps pour créer en studio. Et ce fut le cas ! Leur premier opus issu de cette période post-concerts a été l'album Sgt. Pepper auquel le Fab Four a consacré 700 heures d'enregistrement réparties sur 129 jours de travail.

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Nombre de photographies de personnalités admirées des Beatles ayant servi à la composition de la célèbre couverture de l'album. À celles-ci, il faut ajouter neuf oeuvres de cire empruntées au musée Madame Tussauds.

Une percée aux Grammy

Sgt. Pepper a marqué l'histoire des Grammy Awards. En 1968, pour la dixième édition de ce gala consacré à la musique, le 8e disque studio des Beatles remportait le prix du meilleur album de l'année. Or, c'est la première fois qu'un album rock gagnait le trophée. Auparavant, le titre avait été remporté par des artistes d'autres genres musicaux, dont Frank Sinatra à trois occasions.

Liverpool en fête

Depuis le 25 mai et jusqu'au 16 juin, la ville anglaise de Liverpool célèbre la sortie de l'album de ses quatre plus célèbres citoyens avec la tenue de 13 événements culturels. Quelques exemples :

- le Mark Morris Dance Group créera une pièce, Pepperland, inspirée de la chanson éponyme ;

- l'artiste contemporain Jeremy Deller dévoilera deux oeuvres d'art public en hommage à With a Little Help From my Friends ;

- Lucy in the Sky with Diamonds inspirera la firme pyrotechnique GroupeF et le compositeur de musique électronique Scott Gibbons ;

- un rassemblement monstre de 64 choeurs de la ville exécutera une performance vocale d'après When I'm Sixty-Four.

Ah ! Les fameuses lettres LSD

Qui n'a pas entendu dire que la chanson Lucy in the Sky with Diamonds était une ode au LSD, drogue hallucinogène ? D'aucuns, à l'époque, ont fait ce lien. Mais John Lennon, parolier de la chanson, s'est toujours défendu en disant avoir été inspiré par un dessin de son jeune fils Julian évoquant son amie Lucy de la maternelle. L'ensemble de la littérature autour de cette histoire rappelle aussi que les membres du Fab Four étaient à l'époque des consommateurs avoués de drogues dures. La chanson aurait par ailleurs donné son nom au fameux fossile féminin vieux de 3,2 millions d'années dont la découverte, en 1974 en Éthiopie, a révolutionné l'histoire des origines humaines.

Passe-moi le sel et le poivre

L'origine du titre de l'album ? Un lapsus/quiproquo alimentaire. C'est ce que raconte Paul McCartney dans le livre de 144 pages accompagnant l'édition spéciale d'un coffret souvenir, lancé la semaine dernière. De retour d'un voyage en Amérique, McCartney est dans un avion avec le gérant de tournée Mal Evans. « Passe-moi le sel et le poivre », lance en anglais Evans au célèbre bassiste gaucher. Au lieu d'entendre « salt and pepper », McCartney entend « Sgt. Pepper ». Dans un enchaînement d'idées, il écrit la chanson d'un groupe, alter ego des Beatles, s'aventurant dans des méandres musicaux éloignés du canevas sur lequel les Fab Four étaient habitués de travailler.

Passez à la caisse

Le 10 juillet 2008, à Londres, la maison d'enchères Christie's a mis en vente la grosse caisse peinte à la main et faisant 77,5 centimètres de diamètre apparaissant sur la couverture de l'album Sgt. Pepper. L'estimation à l'époque variait entre 100 000 et 150 000 livres anglaises. La caisse est partie pour une somme de 541 250 livres (1 071 133 $ US de l'époque). Le nom de l'acquéreur n'a pas été dévoilé. À la même vente aux enchères a aussi été vendue la feuille sur laquelle John Lennon a écrit les paroles de Give Peace a Chance, enregistrée lors du « bed-in » de l'hôtel Reine Elizabeth de Montréal au printemps 1969.

Une critique mémorable

Si on classe aujourd'hui Sgt. Pepper comme un album charnière dans l'histoire de la musique rock, sa sortie n'a pas été accueillie qu'avec des éloges. L'influent quotidien The New York Times, par la plume de son journaliste Richard Goldstein, a publié une critique extrêmement sévère que d'aucuns se plaisent à rappeler aujourd'hui. « Comme un enfant trop attendu, cet album est gâté », a entre autres écrit Goldstein.

Le premier cover : trois jours plus tard

Trois jours. C'est le temps écoulé entre la sortie de l'album et la reprise (cover) d'un de ses succès par un artiste de renom. Le 4 juin 1967, The Jimi Hendrix Experience ouvrait en effet son spectacle au Saville Theatre de Londres avec la pièce éponyme de l'album. À noter que Paul McCartney et George Harrison font partie des spectateurs.

Les cinémas Cineplex, dont ceux de Montréal et de Québec, proposent une séance d'écoute gratuite de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band remixé en Dolby Atmos par Giles Martin, Chris Jenkins et Sam Okell, aujourd'hui, de 16 h 30 à 17 h 30.

Image fournie par Capitol

Treize chansons ont été gravées sur l'album original Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.

PHOTO ANTOINE DESILETS, ARCHIVES LA PRESSE

Le pavillon de la Jeunesse d'Expo 67