Samy Moussa a beau vivre depuis 10 ans en Allemagne, à Munich d'abord puis à Berlin depuis 2013, Montréal occupe toujours une place importante dans son coeur. C'est la ville où est né en 1984 et a vécu jusqu'à l'âge de 22 ans ce compositeur auquel l'OSM a commandé une oeuvre dans le cadre des festivités du 375e anniversaire: la Symphonie no. 1 Concordia.

«Je le dis volontiers, même ailleurs : l'accueil du public ici ou du public dans n'importe quelle autre ville du monde, je ne le ressens pas du tout de la même façon, confie Samy Moussa. Ici, ça m'émeut; ailleurs, ça m'émeut moins. Pour moi, il y a évidemment un attachement émotionnel, un attachement familial à des quartiers, à des lieux [...] Il n'y a pas un rapport direct de ma pièce à la ville, c'est plutôt un réseau triangulaire parce qu'ensuite la pièce peut revenir à Montréal. Je suis un peu le médiateur entre ma pièce et la ville.»

Exceptionnellement cette année, Samy Moussa a passé l'essentiel de son temps à Montréal en début d'année pour terminer sa symphonie. Mais il vit à Berlin et se rend fréquemment à Paris où se trouve son éditeur. Il revient environ deux fois par année dans sa ville natale où il préfère faire un séjour prolongé que d'y passer en coup de vent.

«J'ai du mal avec ça. Les deux premières semaines, on est un peu en touriste, mais après un mois, j'oublie ma maison, je n'ai plus besoin de mes livres. C'est très étrange.»

Avant d'écrire sa première symphonie, Samy Moussa a composé près de 30 oeuvres, dont deux opéras. La Symphonie no. 1 Concordia est la sixième oeuvre qu'il compose pour l'OSM qui lui en avait commandé une en 2004, alors qu'il vivait encore à Montréal.

Aujourd'hui, ce compositeur qui a remporté en début d'année en Allemagne le prix Hindemith doté d'une bourse de 20 000 euros reconnaît qu'il pourrait très bien travailler depuis Montréal, le monde étant tellement interconnecté. Mais en s'installant en Allemagne, il voulait être au coeur de la culture de la musique classique.

«On peut très bien imaginer l'Amérique du Nord sans musique classique d'une certaine façon, dit-il. C'est vraiment un art européen et moi, je voulais être au coeur de ça. La liberté que j'ai là-bas est immense parce que je suis étranger. Donc je peux être, entre guillemets, un antimoderne, ce qui est impossible pour un Allemand. Un Allemand qui est antimoderne est fasciste. Moi, on va juste dire que je refuse le progrès.»

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À la Maison symphonique, les 31 mai, 1er et 2 juin.

Trois lieux inspirants à Montréal

Le lac aux Castors, dans le parc du Mont-Royal

«Ces lieux montréalais n'ont pas été des sources d'inspiration pour ma symphonie, mais je les trouve tout de même inspirants. J'ai vraiment un lien émotionnel avec le lac aux Castors qui me rappelle les sorties en famille de mon enfance, la période montréalaise de ma vie. On y allait pratiquement tous les hivers patiner et glisser. C'est pas vraiment de la nostalgie, mais il y a un côté un peu de retour en arrière.»

Le parc nature Bois-de-Liesse

«Un véritable trésor dans la ville. J'ai beaucoup visité ce parc, car j'ai grandi dans les environs. L'été, je prenais mon vélo et j'allais me perdre dans le parc, seul très souvent. J'ai toujours adoré la nature et j'ai découvert une forêt dans ma ville, ce qui est quand même surprenant. Ce lieu me rappelait un peu les Laurentides où on allait parfois.»

La tour de l'Horloge, dans le Vieux-Port

«Ce qui m'intéresse à cet endroit, ce n'est pas uniquement la tour de l'Horloge, mais toute une conjugaison d'éléments formidables: l'eau qui est quelque chose de très ancien, évidemment, la ville et le Vieux-Montréal juste à côté et la tour elle-même qui commémore les marins de la marine marchande disparus pendant la Première Guerre mondiale. C'est un lieu que j'aime beaucoup.»

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Né à Montréal, le compositeur Samy Moussa vit à Berlin, mais revient environ deux fois par année dans sa ville natale.