Jacques Aubé, le patron d'evenko, ne considère pas nécessairement la Place Bell comme la petite soeur du Centre Bell. Mais la complémentarité entre le nouvel aréna, qui ouvrira ses portes à Laval en septembre, et celui qui est installé au coeur de Montréal depuis 21 ans est évidente.

Comme le Centre Bell, la Place Bell sera une salle multifonctionnelle qui, elle, pourra accueillir de 2000 à 10 000 spectateurs pour des concerts de toutes sortes. Si la scène était installée au centre de la patinoire, on pourrait même y faire entrer environ 12 000 amateurs de musique. Il faut aller à Québec ou à Ottawa pour trouver un amphithéâtre d'une telle envergure hors de Montréal.

«J'ai exigé que le plancher puisse accueillir 3000 spectateurs debout, soit environ 800 de plus qu'au Centre Bell. Aujourd'hui, de plus en plus de spectacles de groupes indie qu'on voit à Osheaga préconisent l'admission générale au parterre», précise Jacques Aubé.

Aubé note une autre tendance dans l'industrie des concerts d'aréna, confirmée par les données de l'Association nord-américaine de promoteurs de concerts (NACPA): le nombre de spectacles qui attirent 7000 spectateurs payants a plus que doublé depuis 1999.

«Il y a beaucoup plus de spectacles, mais moins de monde par spectacle, explique-t-il. Le Métropolis est beaucoup plus populaire, lui aussi. Il y a plus de bands en tournée qui peuvent attirer 4000 ou 5000 personnes. Certains vont percer et attirer plus de monde par la suite, mais d'autres vont rester dans les 3000 à 5000. Le Centre Bell est trop grand pour eux.»

Scorpions d'abord

Le premier spectacle rock annoncé à la Place Bell, celui du groupe allemand Scorpions le 19 septembre, aurait tout aussi bien pu être programmé au Centre Bell.

«On voulait aller chercher un premier gros artiste international au début, convient Aubé. Il va falloir développer une programmation adéquate pour la communauté de Laval et la couronne nord. On va apprendre. On a déjà présenté LMFAO - une réussite - , mais Aerosmith avait moins bien fonctionné [les deux groupes avaient joué au Centre de la nature de Laval].»

La population de la couronne nord (Laval, Lanaudière, Laurentides), toujours en croissance, compte pas moins de 1,9 million d'âmes, selon les données de montréalinternational.com, qui feraient saliver n'importe quel exploitant de salle de spectacles. Or, bon an, mal an, les spectacles au Centre Bell n'attirent qu'environ 10 % de spectateurs venant de ladite couronne nord.

Comme pour le Centre Bell, evenko vise une clientèle de 7 à 77 ans pour son amphithéâtre lavallois avec une offre diversifiée: concerts pop, rock et spectacles pour toute la famille, surtout dans le temps des Fêtes et pendant la semaine de relâche. Aubé mise également sur des événements d'entreprises pour animer sa nouvelle salle.

Début septembre, evenko prévoit organiser des journées portes ouvertes pour permettre à la population de faire connaissance avec la Place Bell. Puis, à la mi-septembre, c'est par un spectacle et non pas par un match du Rocket, club-école du Canadien, que sera inauguré le nouvel amphithéâtre. L'identité de la ou des vedettes de ce spectacle sera dévoilée lors d'une conférence de presse sur place le 11 mai.

Plus de disponibilités

Le Centre Bell propose en moyenne environ 125 spectacles par année. À Laval, pour la première année, Jacques Aubé souhaite en programmer une quarantaine, un objectif assez ambitieux, concède-t-il.

Les artistes québécois occuperont une place importante dans cette programmation, nous assure evenko. On sait déjà que le spectacle Noël, une tradition en chanson, qui mettra en vedette Brigitte Boisjoli, Paul Daraîche, Marie Michèle Desrosiers et Laurence Jalbert, y sera présenté le 10 décembre en après-midi.

Les programmateurs d'evenko - qui, au Centre Bell, doivent composer avec l'un des arénas les plus occupés en Amérique du Nord - auront une marge de manoeuvre additionnelle à Laval. En saison régulière, le Rocket disputera seulement trois matchs locaux de moins que le Canadien - 38 contre 41 -, mais ces matchs à domicile seront regroupés à des fins d'économies.

«Parce que les équipes voyagent en autocar plutôt qu'en avion, elles viennent disputer deux matchs au cours d'un même week-end, explique Aubé. Donc, en théorie, le week-end suivant, le Rocket jouera ailleurs et on aura plus de vendredis et de samedis disponibles. Au Centre Bell, le Canadien joue presque tous les samedis. Si un artiste veut jouer un samedi, on pourra le programmer à la Place Bell. On pourrait également programmer un premier show d'un artiste au Centre Bell et revenir à Laval au retour de la tournée.»

Pour ce faire, evenko mise sur sa relation privilégiée - «quasi exclusive», lance Aubé - avec les Live Nation et AEG de ce monde qui mettent sur pied toutes les grandes tournées internationales.

photo andré pichette, archives la presse

Jacques Aubé, chef de l'exploitation d'evenko