Keith Urban n'a pas oublié la soirée du 10 juillet 2015 qu'il a passée sur les plaines d'Abraham à l'invitation du Festival d'été de Québec. Le populaire chanteur d'origine néo-zélandaise, établi depuis 25 ans à Nashville, en était à son tout premier spectacle au Québec.

Arrivé la veille, il s'était mêlé au public du FEQ pendant le concert de Skrillex et Diplo sur les Plaines. « Il y avait une énergie absolument incroyable dans cette foule, mais je ne savais pas à quoi m'attendre pour notre show, nous a raconté Urban, hier matin, dans un hôtel du centre-ville montréalais. Le lendemain, ce fut exactement pareil : intense, très vivant, plein d'entrain. J'étais très étonné du nombre de mes chansons que le public connaissait. Une soirée magique ! »

Tellement magique, ce spectacle devant 50 000 spectateurs, que depuis, le FEQ programme, bon an, mal an, une soirée avec une tête d'affiche country sur sa grande scène. C'est sûrement aussi un peu beaucoup à cause de cette percée que Keith Urban donnera le 12 août prochain son premier spectacle à Montréal, au Centre Bell, suivi le lendemain d'un retour à Québec, au Centre Vidéotron.

Une chanson pour Nicole

Sur les Plaines, ce sympathique monsieur a revêtu un chandail des Nordiques et a même baragouiné quelques mots de français.

« Mon français n'est pas très bon, dit-il. Je ne l'ai pas appris à l'école, ça vient plus de ma femme parce qu'on va souvent au Festival de Cannes et qu'on a passé beaucoup de temps dans le sud de la France ces dernières années. »

La dame en question, l'actrice Nicole Kidman, est mariée à Keith Urban depuis 2006 et ils sont les parents de deux jeunes filles. Dans un éclat de rire, le chanteur dément la rumeur voulant que le couple désire adopter un enfant originaire de l'Inde, probablement lancée par quelqu'un qui n'a pas su faire la différence entre le film Lion et la vraie vie.

On peut voir sur le web une vidéo amusante d'Urban et Kidman dans leur voiture, se livrant à un karaoké au son de la chanson The Fighter que le monsieur interprète avec Carrie Underwood sur son dernier album, Ripcord. The Fighter n'est pas la première chanson qui lui a été inspirée par sa femme, mais elle fait directement référence au début de leur relation. Impossible de ne pas y reconnaître Tom Cruise dans le personnage qui a blessé la dame et lui a fait craindre de retomber amoureuse.

Keith Urban opine du bonnet et se fend d'un sourire : « La chanson dit surtout : "Je vais te protéger et je vais prendre soin de toi." Beaucoup de filles ont peur d'être blessées et beaucoup de gars ne veulent plus souffrir. On s'est fait confiance, convaincus qu'on ne se ferait pas de mal et qu'on s'aiderait l'un l'autre à guérir. »

Nicole Kidman enchaîne les tournages et Keith Urban a amorcé sa tournée Ripcord qui l'a vu jouer devant plus d'un million de spectateurs répartis sur trois continents en 2016. Or, contre toute attente, le chanteur dit que sa belle et lui passent rarement plus de trois jours consécutifs séparés.

« Normalement, quand je suis en tournée, je rentre chez moi après trois spectacles. On a une maison à Los Angeles et une autre à New York », dit-il, en sus de leurs résidences principales en Australie et à Nashville.

Pas de country

Dès sa tendre enfance, Keith Urban a rêvé de s'installer à Nashville, la ville d'où provenait toute la musique country que son père lui faisait écouter. Ses parents ont su très rapidement que le jeune Keith ferait carrière dans la musique.

« À 8 ou 9 ans, je participais à des concours d'amateurs et à 12 ans, je jouais dans un groupe. À 15 ans, j'ai abandonné l'école et je jouais cinq soirs par semaine avec un band. »

Si c'est la musique country qui l'a attiré à Nashville, Keith Urban est dans son élément dans cette ville où se côtoient des musiciens de premier ordre donnant dans tous les genres musicaux. Il reconnaît d'emblée que certaines des chansons de Ripcord ne sont pas du tout country, une tendance qui s'entend non seulement sur son dernier album, mais également sur le précédent, Fuse.

Cette volonté de donner dans la pop et le rock, ou même de composer une chanson [Sun Don't Let Me Down] avec Nile Rodgers et d'inviter Pitbull, dont il apprécie la voix, le rythme et l'énergie, à y contribuer d'un rap, lui est-elle venue de son expérience de juge à l'émission American Idol ?

« Non, mais ça a montré au monde que j'aime toutes sortes de musiques et que mes goûts sont très vastes, répond-il. C'est surtout le fait que je connais très bien plusieurs genres de musique, et pas uniquement le country, qui a surpris les gens, je pense. »

Ainsi, ce n'est pas du tout par hasard que Boy Gets a Truck, une autre chanson de Ripcord, évoque U2 tant par son rythme que par les couleurs de sa guitare, reconnaît Urban : « En studio, j'ai dit que je voulais que cette chanson ait le côté majestueux, épique, cinématographique et rythmique de U2 sur l'album The Joshua Tree. »

Keith Urban n'a jamais senti que l'establishment de la musique country lui reprochait sa propension à mêler les genres. « Quand je suis sur scène, il y a beaucoup d'éléments qui ne sont pas country et les gens s'y sont habitués. »

Le même homme qui, dans la chanson Wasted Time, fait un clin d'oeil à Guns N' Roses et à la chanson Sweet Child O' Mine - « Je m'étais juré d'intégrer ce titre que j'adore dans une de mes chansons », explique-t-il - a chanté le 31 décembre dernier, lors d'un grand concert en plein air devant plus de 100 000 spectateurs à Nashville, un pot-pourri en hommage aux grands disparus de 2016 : George Michael, David Bowie, Prince, Merle Haggard, Glenn Frey et un certain Leonard Cohen.

« J'adore son écriture », lance Keith Urban à propos du poète d'origine montréalaise au moment où on nous fait signe que l'interview est terminée. Puis il ajoute : « Parlez-moi de Leonard. »

Au Centre Bell, le 12 août, et au Centre Vidéotron, le 13 août