Après une pause pendant les Fêtes, Alaclair Ensemble, Brown et Koriass retourneront sur les routes du Québec le week-end prochain avec L'osstidtour. Lors du passage des rappeurs à Drummondville le mois dernier, notre photographe Mathieu Waddell a immortalisé la soirée.

Clin d'oeil à L'Osstidcho

Aux FrancoFolies, l'été dernier, Koriass a déclaré: «Nous sommes les Robert Charlebois et Beau Dommage.» Ses compatriotes et lui en ont ajouté une couche en nommant leur tournée L'osstidtour, qui rappelle évidemment L'Osstidcho de Robert Charlebois, Louise Forestier, Yvon Deschamps et Mouffe.

«C'est un clin d'oeil, mais ça se veut quand même une blague. Et ce, même si nous vivons une situation similaire à la leur. C'est-à-dire que nous sommes dans une période où il y a une grosse déconnexion entre les jeunes et la culture populaire québécoise. L'univers du rap n'a pas le support de l'industrie, même s'il y a un buzz. Et ce buzz est par les jeunes qui ne tripent pas sur la culture populaire du Québec», dit Greg Beaudin, alias Snail Kid, de la formation Brown.

Jouer avec la langue

Comme la gang de L'Osstdicho, les rappeurs n'ont pas peur de jouer avec la langue québécoise. Maybe Watson (Alaclair Ensemble) indique: «Nous n'avons pas peur d'utiliser tous les outils que nous offre la langue. Nous ajoutons plein de néologismes, de mots inventés, nous allons prononcer les mots différemment pour créer des rimes. C'est vrai que nous faisons ce qu'on veut avec la langue, du moins dans Alaclair Ensemble.»

Nouveau souffle

Greg Beaudin croit que l'album 4,99 d'Alaclair Ensemble a donné un nouveau souffle au milieu hip-hop au Québec en 2010. «Le déclenchement du nouveau mouvement rap, je pense que ça vient de là. Parce qu'ils se sont permis de repousser les barrières. Ils parlaient de ce qu'ils voulaient, pas nécessairement des sujets que le rap suggérait, comme de faire une critique de la société ou de parler de la rue. Eux, ils se permettaient de faire des blagues et d'être créatifs musicalement. Après ça, il y a plein d'artistes qui ont émergé.»

Réunion de fans de rap

Grâce à cette tournée, les rappeurs peuvent conquérir de nouveaux publics. «C'est génial de réunir les fans de rap, dit Greg Beaudin. Par exemple, il y a des gens qui ne viendraient pas voir les shows de Brown et qui assistent au show de la tournée pour voir Koriass et Alaclair. Ça nous permet de gagner du public.»

Le plaisir de la scène

Faire de la scène est ce que Maybe Watson préfère de son métier. «C'est un peu le summum. C'est là que tu présentes ce que tu fais et il n'y a pas de feeling qui se compare à ça. Écrire, c'est l'fun, parce que c'est un moment où tu es avec toi-même. Mais je préfère encore plus être sur scène.»

C'est avec humilité que Koriass parle de la référence au spectacle de Charlebois, Mouffe, Forestier et Deschamps. «Nous ne disons pas que nous sommes aussi bons qu'eux. Mais il y a un parallèle à faire entre eux et nous, je crois. C'étaient eux qui représentaient le mieux leur époque. Et nous, nous avons un phrasé qui est sûrement le plus proche de celui de notre époque.»

Poésie moderne

Considères-tu que tu fais de la poésie? La question fait rigoler Koriass. «Oui, si on prend la poésie au sens large. Le rap fait partie d'un style littéraire. C'est d'ailleurs par la poésie que mon intérêt pour l'écriture a commencé à l'adolescence. Surtout de la poésie classique, à cette époque. Et je me souviens d'avoir décortiqué l'album Quatre saisons dans le désordre de Daniel Bélanger avec ma mère. Je découvrais entre autres les figures de style.»

Tous les rappeurs de cette tournée sont des amis. À propos de Brown, Koriass confie: «Ce sont des gars qui ont beaucoup de connaissances musicales et ça paraît sur leur album. Brown est en fait un projet familial: le père qui apporte une touche soul et les deux frères qui sont rappeurs depuis longtemps.»

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L'osstidtour se poursuit jusqu'au 4 février.

Photo Mathieu Waddell, La Presse

« C'est par la poésie que mon intérêt pour l'écriture a commencé à l'adolescence », a confié Koriass.