Depuis la décennie précédente, le son Jus†ice occupe une part enviable de l'espace sonore mondial, au-delà de ses trois albums ;  en 2007, Audio, Video, Disco en 2011, ou encore Woman, qui vient de paraître et dont il est ici principalement question.

Connu bien au-delà de la francophonie, Jus†ice a aussi été parmi les têtes d'affiche de grands festivals internationaux, dont Osheaga.

Les profils biographiques du groupe français nous rappellent qu'on lui doit des génériques de télé, essentiellement dans l'Hexagone : Le Grand Journal de Canal+, Les grandes vacances de Canal plus, la télésérie Misfits, etc.

Il y a aussi un son Jus†ice au cinéma : Les filles se cachent pour vomir, 15 ans et demi, Machination, Conspiracy, La crème de la crème, We Are Your Friends...

Les jeux vidéo ne font pas non plus entrave à... Jus†ice : Grand Theft Auto IV, Assassin's Creed II, DJ Hero 2, Just Dance 2, Midnight Club : Los Angeles, etc.

Succès oblige, il y a aussi la pub Jus†ice : Peugeot, Levi's, Adidas, Samsung...

Inutile d'ajouter que le tandem et la marque que forment Xavier de Rosnay et Gaspard Augé font partie d'une constellation française rayonnant sur les publics pop du monde entier, au même titre que Daft Punk, Phoenix ou Air.

« Entre ces groupes, il y a cette même sensibilité française, cette même délicatesse parisienne. Même si nous ne sommes pas exactement du même âge, nous avons grandi devant les mêmes émissions de télé, avons lu les mêmes BD, avons écouté les mêmes musiques pop à la radio française. Ça nous a modelés d'une certaine façon », convient Xavier de Rosnay, joint au téléphone.

Inutile de souligner que Jus†ice était très attendu au tournant de son troisième opus, toujours associé au label réputé Ed Banger. « Nous avons l'impression de repartir de zéro chaque fois que nous amorçons la création d'un nouvel album, souligne Xavier. Mais nous partons toujours vers autre chose, sans le vouloir consciemment. » 

« Au bout du compte, nos disques conservent le même fond. Même si demain nous essayons de faire un disque de blues ou de reggae, ça continuerait de ressembler à Jus†ice. »  - Xavier de Rosnay, membre de Jus†ice

Rappelons que le groupe s'était naguère démarqué par des oppositions stylistiques peu communes : « À nos débuts, on aimait dire que Jus†ice était un mélange de Chic et de Slayer. On écoutait aussi des groupes de musiciens-producteurs comme 10cc ou The Buggles, enfin, ces artistes qui avaient compris que le studio était un instrument en soi. Ce principe-là est resté un moteur de notre création. »

Pour Xavier, donc, les trois albums de Jus†ice s'inscrivent dans une continuité. « On reconnaît n'importe quel morceau de Jus†ice lorsqu'ils sont joués au piano. Le fond est assez similaire, malgré les différences marquées de production. »

À ce titre, l'artiste ne trouve pas facile d'identifier ce qui distingue le plus récent opus studio du duo des précédents, mais il se prête à l'exercice : « Je dirais que l'influence principale de Woman est l'énergie du gospel, mais que cette énergie ne se trouve pas dans l'agression. L'idée était d'écrire des chansons en imaginant que la mélodie pouvait être entonnée par 20 chanteurs, ce qui génère des lignes et des articulations différentes, et moins de mots. »

Bien que Woman soit moins corrosif que ce qu'on connaît de Jus†ice, il y a ce désir d'échapper aux références trop clairement citées. « Cet album est un mélange de pop, de rock, de soul, de classique ou d'électro, corrobore Xavier. Pour retrouver l'énergie créative, il nous a fallu trouver la surprise, assembler des choses qui n'allaient pas ensemble a priori. Dans la pièce Heavy Metal, par exemple, on démarre par une boucle de musique baroque et on la transforme en musique solaire, très soul, très déliée, rétro-futuriste. »

Ce qui rend Xavier et Gaspard le plus fiers au bout du compte, c'est la sensation générale d'évoluer : « On se tape dans les mains lorsqu'on a ce sentiment d'avoir une proposition neuve mais qui continue à faire sens dans le prolongement des albums précédents. Nous aimons ce qui est excitant, nouveau et dangereux, même si pas mal de gens n'aiment pas le changement... Tant pis pour eux, car nous faisons de la musique pour avancer. »

Sur scène ? La tournée de Jus†ice s'amorcera en mars prochain, soit en Amérique du Sud, et se poursuivra dans les festivals estivaux pour reprendre en salle à l'automne. « Pour la prise de contact avec le public, pense Xavier, on repartira aussi du début. Des gens nous restent fidèles, certains qui nous aimaient au premier album écoutent autre chose aujourd'hui... alors que d'autres ne nous connaissaient pas il y a six mois et écoutent Jus†ice... »