Son personnage public peut être ignoble et il a été fort difficile de départager l'homme de l'oeuvre quand il a dévoilé sa chanson Famous, dans laquelle il affirme qu'il a rendu Taylor Swift célèbre et que la chanteuse voulait coucher avec lui.

Vendredi soir, La Presse ne faisait pas la critique de l'homme-artiste - ni de son grand talent musical -, mais du spectacle de Kanye West à la suite de son album The Life of Pablo.

Commençons d'abord par la scénographie, d'une simplicité spectaculaire. Des plateformes filmées sous plusieurs angles permettaient au public d'avoir un rapport intime avec Kanye West. Des effets de clair-obscur de couleur orangée dissimulaient toutefois le visage de West, qui était à peine éclairé.

Quand le Centre Bell a été plongé dans l'obscurité, il a fallu attendre plusieurs minutes avant qu'une sorte de radeau s'avance au milieu de la foule. Kanye West a interprété Famous, THat Part, sa collaboration avec ScHoolboy Q, puis Mercy. Sous lui, la foule du parterre, éclairée par des projecteurs, sautait presque violemment. Il faut dire que les basses donnaient l'impression par moments que le Centre Bell tremblait.

Or, déception, Kanye West rappait sur des bandes préenregistrées en enfilant des segments de ses chansons, dont Black Skinhead, Niggas in Paris, Can't Tell Me Nothing et Power, qui a fait l'effet d'une bombe comme elle le fait sur l'album My Beautiful Dark Twisted Fantasy.

Alors que nous trouvions le Centre Bell plongé trop longtemps dans l'obscurité, une immense plateforme est descendue des airs, mais c'était pour mieux remonter après quelques effets d'éclairage. Kanye West est alors réapparu sur son radeau suspendu - incliné cette fois-ci -, toujours en DJ chantant sur un pot-pourri de ses nombreux succès.

Des succès à l'effet redoutable (Heartless, Runaway,) mais qui valaient une interprétation et un déploiement dignes du Centre Bell et non d'un bar VIP où West rappe quand bon lui semble - tantôt avec intensité, tantôt avec nonchalance -, souvent sur Auto-Tune, en parlant à peine à la foule.

Certes, Kanye West dévoile rarement son visage au grand jour en spectacle. Il était même masqué en 2013 lors de sa dernière visite au Centre Bell, mais le spectacle de son album Yeezus était de plus grande envergure, avec des danseurs, un décor de montagne, des projections spectaculaires et une finale éclatante.

Celui qui se proclame Yeezus - titre de son sixième album - a-t-il voulu miser sur la simplicité ? Réduire les coûts ? Va savoir. Heureusement, le rappeur avait réservé le plus rassembleur de sa musicographie pour la fin. Gold Digger, Touch the Sky, All of the Lights, Good Life et Stronger.

Pour une bonne partie du public en délire de vendredi, Kanye West est en effet un Dieu. Des spectateurs inséparables de leur téléphone intelligent et accros aux réseaux sociaux, avons-nous constaté autour de nous.

Reste qu'ils méritaient un spectacle davantage digne du Centre Bell et à la hauteur de leur admiration pour Kanye West. Même si la star a terminé la soirée au parterre parmi la foule... dans le silence et dans le noir.