Alan Vega, l'une des figures les plus marquantes des débuts de la scène punk américaine et un pionnier de la musique électronique avec son groupe Suicide, est mort «paisiblement dans son sommeil» samedi à l'âge de 78 ans, a annoncé sa famille dans un communiqué.

Henry Rollins, un autre porte-drapeau du punk aux États-Unis, a diffusé la nouvelle en postant le communiqué de la famille sur son site internet.

«C'est avec une profonde tristesse et une immobilité que seule une nouvelle comme celle-là peut provoquer, que nous avons le regret de vous informer que le grand artiste et la force créatrice, Alan Vega est décédé», poursuit la famille.

Elle rend hommage à l'esprit d'avant-garde et sans concession de Boruch Alan Bermowitz, né à Brooklyn, un quartier de New York, en 1938.

«Alan Vega était l'essence même de l'artiste à tous les niveaux imaginables. Toute sa vie a été consacrée à donner vie à ce que sa vision lui commandait de faire», souligne la famille de l'artiste qui était également un sculpteur et un peintre.

Il a fondé Suicide en 1970, un duo dont il était le chanteur et Martin Rev tenait les claviers. Il a affirmé avoir été inspiré par un concert des Stooges d'Iggy Pop à New York en 1969.

Le duo est crédité de l'utilisation du terme punk (voyou en anglais) pour se décrire.

Et sur les premiers posters du duo on pouvait lire l'expression - qui fera ensuite florès et définira tout un genre musical - Punk Music.

«Jusque-là le mot n'existait pas. Mais c'était juste une façon d'être. Nous n'aurions jamais imaginé qu'il y aurait un mouvement punk», a expliqué Vega dans un interview à Igloo en 2008.

De fait le grand journaliste musical avait déjà parlé de «punk» pour décrire les Stooges. 

Sur scène avec un chaîne de moto

Les concerts étaient provocateurs à dessein et Vega, qui à ses début montait sur scène avec une chaîne de moto, était souvent visé par divers objets: des «classiques» de concert rock comme des chaises ou des bouteilles mais aussi un tomahawk, lancé sur lui lors d'une tournée avec The Clash.

«Les gens venaient de la rue pour être divertis par notre groupe et pour oublier leurs problèmes pendant un petit moment, mais quand ils viennent à un concert de Suicide on leur balance la rue dans la figure et c'est sûr que ça a probablement énervé tout le monde», a t-il reconnu.

Le premier album éponyme Suicide sort en 1977 et est considéré comme l'un des marqueurs dans l'histoire du rock.

Il a influencé d'innombrables groupes de la New Wave des années 80 mais aussi des rockers comme Bruce Springsteen, dont l'abum Nevada a été fortement inspiré par Frankie Teardrop, une chanson de 10 minutes racontant le meurtre de sa femme et de ses enfants par un ouvrier.

Le rythme basique et lancinant des claviers de Rev sur Suicide a donné le ton pour plusieurs générations de musique électronique. Le phrasé très particulier d'Alan Vega a aussi inspiré de nombreux chanteurs dans sa foulée.

En 1980, Alan Vega sort Jukebox Baby - un morceau très rockabilly - en solo et fait un tabac en France, où il sera un moment plus connu que dans son pays natal.

Il a récemment fait un duo avec le chanteur Christophe, qui est un fan absolu (Tangerine sur Les vestiges du chaos).

Il était de santé fragile depuis un accident vasculaire cérébral en 2012.

L'homme ne s'est pas contenté de faire de la musique. Il était également peintre et sculpteur, et bien entendu d'avant-garde. Le musée d'art moderne de Lyon avait consacré une grande exposition rétrospective, intitulée Infinite Mercy, à son oeuvre en 2009. Vega a très tôt réalisé des sculptures de lumière avec des tubes de néon.

À la fin des années 50, Vega avait a étudié la physique et les arts au Brooklyn College, avec le surréaliste suisse Kurt Seligmann et le peintre abstrait radical Ad Reinhardt.

À sa sortie de l'école en 1969 il a rejoint l'Art Workers Coalition, un groupe d'artistes radicaux, à l'origine d'une très fameuse polémique avec le Museum of Modern Art de New York, autour d'une affiche dénonçant la guerre du Vietnam. Il a aussi été membre de l'une des toutes premières galeries d'art alternative et multimédia de New York.