L'entreprise de Gregory Charles, Groupe Musique Greg, a traversé cette année des « difficultés de croissance » liées à une recherche de nouveau capital pour mener à bien l'ensemble de ses activités. Afin de poursuivre sur sa lancée, sa conjointe, leur famille et lui investissent 10 millions dans l'entreprise, a-t-il révélé jeudi à La Presse dans le cadre d'une longue entrevue.

« Je dirigeais il y a deux ans une entreprise avec 30 personnes. Je dirige maintenant une entreprise avec 70 personnes. [...] Nous sommes en croissance, mais nous avons aussi vécu des difficultés de croissance », a-t-il expliqué, vantant les nombreux projets qu'il a menés cette année avec succès. 

« En résumé, j'ai misé de l'argent dans les choses auxquelles je crois, et j'ai cru à beaucoup d'affaires en même temps. J'ai pris la décision de continuer dans cette croissance-là avant que tout l'argent soit attaché », a poursuivi Gregory Charles.

Après avoir tenté - en vain - de financer son entreprise par les voies institutionnelles, l'entrepreneur culturel s'est finalement tourné vers sa famille.

« Le défi de l'année était de continuer à opérer tout en cherchant du capital. Finalement, ça se conclut avec une solution familiale, qui est aussi une solution d'amour. Je suis convaincu du modèle que j'ai mis de l'avant, mariant télévision, radio et spectacles vivants. Mon entourage, en commençant par ma femme [Nicole Collet, directrice chez Microsoft], regarde mon plan d'affaires et y croit », a dit Gregory Charles à La Presse.

Depuis un an, en plus des spectacles qu'il produit, le musicien et showman aux multiples projets a notamment fondé sa propre boîte de production pour la télévision, avec laquelle il a réalisé Virtuose, diffusée à Radio-Canada. En même temps, il a aussi acheté la station Radio-Classique.

« Cette année, je me suis retrouvé avec beaucoup de propriétés et pas tout à fait assez de capitaux. Il a fallu que je travaille a posteriori. Les bonnes nouvelles, c'est que j'ai réussi », a-t-il conclu.

LES QUBE VENDUS

Dans le cadre de la restructuration de son entreprise, Gregory Charles a vendu ses deux théâtres mobiles Le Qube, dans lesquels son spectacle Vintage a été présenté ces dernières années à Montréal, Gatineau et New York. Serein, le musicien croit que ses projets artistiques destinés aux États-Unis aboutiront sans le maintien de ces installations.

« Avant de faire un tel choix, on est venus à la conclusion qu'on pouvait poursuivre [notre aventure américaine] sans les Qube. [...] Les producteurs à qui nous avons présenté notre spectacle [à New York] ont trouvé l'installation magnifique, mais ils n'en avaient pas besoin pour la suite », a affirmé Gregory Charles.

Au départ, a expliqué le musicien québécois, le théâtre Le Qube était la solution idéale pour tenter de percer le marché américain tout en évitant le coût astronomique de la location d'une salle de spectacles à New York, où il s'est produit au printemps 2015 (environ 80 000 $ par jour, estime Gregory Charles).

« Même si nos théâtres mobiles coûtaient cher à exploiter, ça coûtait moins cher que de louer une salle. Et moi, je suis un petit gars qui a grandi au Québec. Mon modèle, c'est celui du Cirque du Soleil. Quand ils sont allés pour la première fois à Las Vegas, ils n'avaient pas une salle. Ils ont monté leur chapiteau », souligne Gregory Charles.

Or, comme le rapportait La Presse plus tôt cette semaine, la vente des Qube a forcé Groupe Musique Greg à revoir certaines priorités. En raison de « contraintes budgétaires », trois productions qui devaient être présentées cet été aux abords du Casino de Montréal - soit la reprise du spectacle Plamondon, présenté pour la première fois l'an passé, Made in France, un spectacle musical de chansons françaises, et Soul Sisters, qui reprend les grands succès de la musique noire des années 70 - ont été annulées.

« On a réfléchi à la possibilité de présenter ces spectacles dans une autre salle, mais d'autres projets qui n'étaient pas prévus sont arrivés en cours de route, dont Noir et blanc 2, ce qui nous a fait dire qu'il valait mieux de ne pas aller de l'avant avec ces productions, parce qu'on en avait vraiment plein sur notre table à dessin », a indiqué Gregory Charles, précisant que ces spectacles pourraient toutefois voir le jour au cours des prochaines années.