Ce qui, le 25 mai 1996, ne devait être qu'une seule et unique sympathique soirée d'écoute de vieux disques de chanson française au Cabaret Music-Hall du Musée Juste pour rire est devenu l'une des soirées de danse les plus populaires à Montréal. Contre toute attente, C'est extra fêtera demain soir son 20e anniversaire à La Tulipe.

« On faisait un essai, mais, comme dans toutes les belles histoires, il est venu de 500 à 600 personnes à la toute première soirée. Il s'est produit une espèce d'étincelle entre un public et un répertoire. Les gens nous demandaient "À quand la prochaine ?" », se souvient Marie Christine Champagne, la directrice musicale des soirées C'est extra qui a dû apprendre le métier de DJ sur le tas.

C'est son collègue Claude Larivée qui en avait eu l'idée, inspiré en cela par une soirée où les anglos de la boîte de production Greenland faisaient jouer de vieux disques dans le même Cabaret Music-Hall. « Ça serait bon avec des vieilles tounes en français », s'est dit celui qui est aujourd'hui président de l'ADISQ.

Chacun des associés de la toute jeune Compagnie Larivée Cabot Champagne a apporté ses vieux vinyles, de Boris Vian à Édith Piaf sans oublier Les copains d'abord de Brassens. Que du répertoire français auquel allaient se greffer éventuellement des chansons d'Isabelle Pierre et de Renée Claude et même du disco, gracieuseté de Boule Noire et Nanette.

Mais le 25 mai 1996, on était loin du dancing, rappelle Marie Christine Champagne.

Pour répondre à la demande, ce « dancing frenchy jazzy swing » est devenu un rendez-vous mensuel, s'est installé au Cabaret toutes les deux semaines, puis toutes les semaines. Quand les portes du Cabaret ouvraient à 20 h, la file pouvait remonter le boulevard Saint-Laurent et s'étirer sur la rue Sherbrooke jusqu'à Saint-Dominique. Les couche-tôt étaient vite remplacés par d'autres danseurs, moins sages, qui allaient faire la fête jusqu'à 3 h du matin.

La soirée C'est extra est même devenue l'un des partys les plus courus à Montréal la veille du jour de l'An. Sur le coup de minuit, une pluie de confettis s'abattait sur des centaines de danseurs en sueur pendant que Trenet chantait Y'a d'la joie ou Piaf, Non, je ne regrette rien. On allait bientôt s'éclater au son de Gigi l'amoroso de Dalida, La dame en bleu de Michel Louvain ou Les plaisir démodés d'Aznavour.

DES REJETONS

Au fil des ans, C'est extra a fait plusieurs petits, dont le Pop 80, créé en 2004, qui l'a surpassé en popularité. Aujourd'hui, Pop 80 est le rendez-vous du samedi soir à La Tulipe, précédé chaque semaine du Pop vendredi. Le 31 décembre, c'est Pop 80 qui rallie les danseurs avant de céder sa place, le lendemain, au C'est extra qui, depuis 2007, a lieu les dimanches, veilles de congés fériés, ainsi que le 23 juin en plus du jour de l'An.

En espaçant les soirées, on a redonné au C'est extra un côté événementiel qui l'a revigoré tout lui permettant de rajeunir un peu son public, explique Marie Christine Champagne.

Avec son acolyte DJ Mademoiselle Julie, en poste depuis l'an 2000, Marie Christine Champagne veut profiter de cette soirée du 20e anniversaire pour refaire jouer quelques-unes des chansons qui ont marqué les premières années de C'est extra.

« On s'est dit que ce serait chouette de ne pas oublier des chansons qui jouent peut-être moins aujourd'hui mais qui ont été nos chansons formatrices et qu'on veut saluer. Une chanson de Bécaud, par exemple. »

Ce sera également l'occasion de faire un clin d'oeil au visuel du hall d'entrée du Cabaret et de son bar qui puisait dans la collection de Scopitones de Gilbert Rozon et dans les vieilles diapos de Saint-Germain-des-Prés. Jean Paquette, le MC Hasard du Pop 80, y veillera.

C'est extra fête ses 20 ans à La Tulipe, dimanche.