L'année 2015 a été «horrible» pour le contrebassiste et compositeur Alain Bédard, de surcroît propriétaire de l'étiquette de jazz Effendi... qui ne l'a pas facile dans le contexte d'une crise sans fin de l'industrie de l'enregistrement. Ce fut idem pour le festival printanier Jazz en rafale que présente Bédard depuis 2001, réduit cette année à trois programmes doubles offerts à L'Astral, soit de jeudi à samedi.

Après avoir subi un infarctus dont il est heureusement sorti indemne, après aussi une séparation (en très bons termes) avec la chanteuse Carole Therrien qui fut son associée dans l'aventure Effendi, il a perdu un allié de taille, le jazzophile François Roberge, qui présidait le conseil d'administration du concours Jazz en rafale. Depuis la mort subite de son ami (l'an dernier), le c.a. du festival a été déstabilisé. Pour crémer le tout, Alain Bédard a aussi été contraint de vendre sa résidence qui était aussi le quartier général d'Effendi, le vaisseau amiral de ses activités.

«Jazz en rafale écope de tout ça, nous sommes en reconstruction. Le c.a. du festival est en voie d'être reconstitué, nous devrions reprendre notre vitesse de croisière en 2017. Nous avons d'ailleurs obtenu du financement public pour la suite des choses», indique notre interviewé, solide et optimiste malgré tout.

Cette année, donc, six concerts en rafale à L'Astral:

Philippe Villa Trio, jeudi, 19h30

Grand prix Sacem 2015, fort de quelques enregistrements dont l'album Second souffle (paru en 2014), l'ensemble acoustique du pianiste français Philippe Villa existe depuis la fn des années 80. Il s'inscrit dans la mouvance acoustique des trios élégants, modernes et mélodiques, plus ou moins dans la lignée de ce que propose Brad Mehldau et plusieurs trios de même cousinage. Invité à Montréal,Villa sera ainsi accompagné par le contrebassiste Fabrice Bistoni et le batteur Gérard Juan.

Fulvio Albano et Philip Harper, jeudi, 21h00

Le saxophoniste Fulvio Albano est un jazzman italien avec qui Alain Bédard collabore depuis au moins une dizaine d'années. Le musicien est très impliqué au sein de festivals dans la région de Turin, il y assure aussi la direction artistique d'un important club de jazz. La formation dont il sera question à Montréal comprendra le trompettiste new-yorkais Philip Harper, dont l'impressionnante feuille de route le compte parmi les fameux Jazz Messengers. Le pianiste italien Maximo Farao sera de la partie, la section rythmique sera montréalaise, c'est-à-dire constituée de Rémi-Jean LeBlanc à la basse et de Greg Ritchie à la batterie. 

Peedu Kass Trio, vendredi, 19h30

L'escale montréalaise du trio estonien que mène le contrebassiste Peedu Kass est le résultat d'un jumelage entre Jazz en rafale et l'association de jazz d'Estonie. Cette année, l'ensemble de Peedu Kass se produira à Montréal, et l'Auguste Quartet d'Alain Bédard se rendra à son tour en Estonie - avant quoi l'ensemble se produira à L'Astral, soit le 16 avril prochain. Le directeur artistique de Jazz en rafale voit dans cette formation de Peedu Kass un style «un peu scandinave» comportant «des métriques un peu spéciales», une facture «à la fois classique et contemporaine».

Kirk McDonald, vendredi, 21h 

Réputé mondialement, l'excellent saxophoniste ontarien Kirk McDonald se produira vendredi avec des sidemen montréalais: le contrebassiste Alec Walkington, le batteur André White et le pianiste Josh Rager. Sous étiquette Addo, son album Vista Obscura, mettant en vedette le pianiste Harold Mabern, a remporté en 2015 le prix Juno de «l'album jazz de l'année». Qui plus est, son opus Symmetry a été consacré «album jazz de l'année», cette fois aux East Coast Music Awards. 

Trio Hugo Mayrand, samedi, 19h30

Le Trio Hugo Mayrand puise dans le jazz moderne, mais aussi dans la samba, la bossa nova et le choro brésiliens. Arrangeur et orchestrateur, le guitariste Hugo Mayrand a travaillé auprès de Michel Cusson, Martin Léon, Julien Mineau, Philémon Cimon et Philippe B. Interprète de la guitare à cordes de nylon, il a formé son trio en 2014 (Jérôme Beaulieu, claviers, Maude Bastien, batterie) afin d'y proposer un répertoire original. L'an dernier, cet ensemble remportait le premier prix du concours Jazz en rafale, ainsi que le prix du public du Festi Jazz International de Rimouski. Soulignons en outre que le concours Jazz en rafale, dans la foulée des nombreuses difficultés énoncées, ne se tiendra pas ce week-end et reprendra du service en 2017.

André Leroux, samedi, 21h

Le plat (québécois) de résistance de la soirée de samedi sera l'ensemble du saxophoniste montréalais André Leroux. Le virtuose et improvisateur y reprendra la matière du meilleur album de sa discographie: Synchronie-Cités, paru l'an dernier chez Effendi. Au Dièse Onze, le fameux souffleur avait déjà défendu cette matière avec le batteur Christian Lajoie, le contrebassiste Frédéric Alarie, le guitariste Benoît Charest, le pianiste James Gelfand et le tromboniste Muhammad Abdul Al Khabyyr. André Leroux remet ça samedi, ça promet!