Le groupe de rock britannique Suede souhaite offrir à son public une «expérience alternative et immersive» avec l'album Night Thoughts, dans les bacs vendredi, que ces admirateurs de Bowie joueront sur scène en intégralité derrière un écran de cinéma.

Suede, groupe phare de la scène alternative anglaise des années 1990, donnera le 28 janvier à Paris, à la Cigale, le coup d'envoi d'une tournée européenne qui conduira le groupe à Amsterdam, Hambourg, Bruxelles, Oslo, entre autres.

Brett Anderson, chanteur du groupe, Mat Osman, son bassiste et les trois autres membres du groupe joueront la totalité de Night Thoughts derrière un écran de cinéma sur lequel sera projeté un film de 50 minutes, réalisé spécialement par l'Anglais Roger Sargent, photographe du milieu du rock.

Il s'agit d'une fiction, intimiste et sombre, sur un drame familial, en harmonie avec l'album.

«Nous avons beaucoup parlé avec lui, surtout Brett de ses chansons, mais nous ne voulions pas intervenir, nous ne sommes pas réalisateurs, nous l'avons laissé faire», raconte Mat Osman à l'AFP.

Brett Anderson, qui écrit les textes, confie avoir expliqué, au réalisateur, «le genre de tableau» qu'ils voulaient créer et d'où étaient venues ses chansons.

«Son film s'avère dramatique, je ne dirais pas qu'il reflète exactement l'album, mais il en saisit l'esprit», dit le chanteur.

«Beaucoup de choses du disque évoquent la famille, des réflexions sur la jeunesse, les relations avec les parents, la peur de la mort», poursuit-il, «ce n'est pas de la romance».

L'idée est d'offrir «une expérience alternative, une immersion, proche d'une séance de cinéma», reprend pour sa part le bassiste, «nous cherchons à tester un petit peu notre relation avec notre public, pour renouveler notre interaction».

Influencés par Bowie

«Et après le film, nous jouons encore une heure!», prévient Mat Osman, à l'attention de ceux qui redouteraient de ne pas entendre les tubes anciens du groupe révélé au début des années 1990, décennie dorée de la «britpop». Au total, le groupe interprétera 36 titres dont ses succès comme Beautiful Ones (1996, de l'album Coming Up).

Il leur aura fallu environ trois ans pour «faire aboutir» ce septième album, qui a semblé «des siècles» à Brett Anderson.

«Nous étions attentifs à ne pas nous répéter, ne pas reproduire ce qui a fait notre gloire», précise Mat Osman. «C'est plus difficile de concevoir un album qui trouve sa place en 2015, qui soit intéressant, vivifiant, nouveau et qui reste dans la veine de Suede.»

Habituellement, les Britanniques concevaient les chansons les unes après les autres. Cette fois ils ont délibérément choisi de travailler «autrement» en s'attaquant d'abord à l'intégralité de la musique. «Sans avoir rien écrit du tout», confie Brett Anderson, «pour voir si cela donnerait un autre genre d'album.»

La musique «a afflué» quasiment telle qu'elle est enregistrée aujourd'hui dans l'album, dit encore le chanteur d'un groupe qui a repris du service en 2010 après une pause de plusieurs années.

Rechignant aux comparaisons musicales, Brett Anderson admet tout de même qu'en termes d'ambition, le groupe cherchait «quelque chose d'atmosphérique» dans la veine de House Of Love ou Talk Talk, d'autres formations de la scène alternative londonienne.

De nouvelles références pour un groupe qui a longtemps été vu comme un descendant de l'icône du rock David Bowie et que la mort, le 10 janvier, a peiné comme beaucoup d'autres.

Brett Anderson avait eu «le plaisir de le rencontrer plusieurs fois. Il était toujours tellement charmant et chaleureux, dire qu'il était un grand artiste est un piètre euphémisme (...) Nous sommes beaucoup plus pauvres sans lui».