Alela Diane, une Américaine qui a séduit l'Europe avec un joli bouquet de mélodies folk il y a quelques années, s'offre une parenthèse en duo avec le guitariste Ryan Francesconi qui lui a permis de retrouver l'inspiration après la naissance de sa fille.

«Quand nous avons décidé de travailler ensemble avec Ryan, je venais d'être maman. Ma fille avait à peine un an et je n'étais pas prête pour un nouvel album solo, je n'avais pas l'impression d'avoir ça en moi», confie à l'AFP cette native de Nevada City, désormais installée à Portland (Oregon) et de passage en France cette semaine.

«Mais chanter me manquait. Donc, quand Ryan m'a proposé d'écrire des chansons ensemble, ça m'a paru amusant et une bonne façon de renouer avec la musique sans pression», ajoute celle qui a séduit l'Europe en 2007 avec l'album Pirate's Gospel.

Trois autres albums ont suivi depuis, lui permettant de creuser le sillon d'une folk élégante.

Pour cette parenthèse en duo, Cold Moon, qui sort vendredi en Europe et aux États-Unis, l'inspiration est venue des compositions très épurées du guitariste, également installé à Portland. Alela y a ensuite posé ses mélodies et ses mots, donnant corps à huit chansons plutôt contemplatives, aux ambiances automnales, s'étirant pour quelques-unes sur sept minutes.

«Sophistiqué n'est pas le mot, mais il y a une vraie musicalité dans ce que fait Ryan, quelque chose de beaucoup plus complexe que tout ce que je pourrais être capable de créer», souligne la chanteuse brune de 32 ans.

Sans son père

Pour son alter ego, guitariste de 41 ans amoureux de la musiques des Balkans et plus habitué à composer des pièces instrumentales, c'était l'occasion de se frotter à l'exercice du «songwriting».

Il a conçu ses musiques, explique-t-il, avec l'ambition de laisser «de l'espace» aux mots: «Il faut écrire suffisamment, mais pas trop», résume cet adepte de la sobriété dans sa musique comme dans sa vie quotidienne: marié à une militante écologiste, il se déplace uniquement en vélo.

Une sensibilité «écolo» qui perce aussi dans les chansons de Cold Moon. Sans être politiquement engagées, elles sont résolument traversées de références à la nature et laissent percer quelques critiques contre «le progrès». Dans le titre Shapeless, par exemple, Alela Diane évoque ses regrets de ne plus voir le ciel étoilé en raison des éclairages urbains.

Ce retour accompagné, deux ans après son dernier album où elle évoquait un douloureux divorce, lui a permis de «sortir un peu de (soi)-même et de penser un peu à des choses plus grandes», précise Alela Diane.

Le duo est attendu en tournée européenne à partir de début novembre, avec au programme des concerts en Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique, Espagne et France.

Une tournée que la chanteuse folk va cette fois faire sans son père, qui avait l'habitude de l'accompagner à la guitare: «D'une certaine façon, c'est un grand gamin et je me sentais pas d'être son patron!», sourit la jeune maman.