New Order, né sur les cendres de Joy Division il y a 35 ans, n'avait plus mis les pieds en studio depuis dix ans. Désormais sans son bassiste historique Peter Hook, le groupe britannique assure être «toujours New Order, mais un New Order plus heureux».

«L'ADN de New Order a changé, certes, mais il n'y a pas de tensions, pas de mauvaises vibrations. C'est une bonne chose, non?», confie à l'AFP Bernard Sumner, chanteur et guitariste du célèbre groupe de Manchester qui publie vendredi son 9e album studio, Music Complete, avec une pochette réalisée comme d'habitude par le graphiste Peter Saville.

On a cru que la rupture entre les deux camarades de Manchester, en 2006, un an après le huitième album Waiting for the Sirens' Call, signerait la fin de New Order: «Hooky» partait alors poursuivre des aventures musicales dans son coin pendant que Barney» créait un autre groupe avec le reste de New Order, baptisé Bad Lieutenant.

Bernard Sumner reprend toutefois dès 2011 le nom de New Order et retourne sur les routes. Le groupe sort des inédits enregistrés avant la rupture (Lost Sirens, 2013) et enchaîne les concerts pendant trois ans et demi.

Sumner est désormais entouré du batteur historique Stephen Morris, de sa compagne Gillian Gibert aux claviers, du guitariste Phil Cunningham (depuis 2001) et du bassiste Tom Chapman (depuis 2011).

«On a beaucoup joué sur scène. La chose la plus évidente à faire ensuite était de faire un disque pour renouveler le groupe, de conserver une identité vivante plutôt que d'être des dinosaures», résume d'un ton posé Bernard Sumner, qui fêtera ses 60 ans en janvier.

«Si vous continuez juste à jouer de vieux morceaux sans rien composer de nouveau, vous n'êtes pas vraiment un musicien accompli, vous n'êtes qu'un acteur», ajoute le patron de New Order.

Rock et disco

Le groupe a pensé un temps alterner sessions de studio et concerts, et se contenter de sortir des mini-albums tous les trois ou quatre mois. Mais l'idée d'un véritable nouvel album s'est peu à peu imposée.

«On savait qu'on était un excellent groupe sur scène, mais nous ne savions pas ce que ça donnerait en studio (avec la nouvelle composition du groupe, ndlr). Cela a pris un peu de temps mais une fois tous enfermés ensemble, ça a été super», assure le guitariste Phil Cunningham.

Peu à peu, de nouveaux morceaux, comme Plastic ou Singularity, sont apparus sur scène en avant-goût d'un nouvel album qui, fidèle à la marque de fabrique du groupe, oscille entre le rock à guitares et les sonorités franchement synthétiques et dansantes.

Si le côté abrasif n'est plus vraiment de mise, l'énergie est encore présente pour faire sautiller sur des rythmiques techno voire disco (Plastic, Tutti Frutti) et façonner quelques refrains rock bien troussés (Nothing But A Fool, Academic).

«New Order a toujours été un groupe hybride. Sur ce nouvel album, on a davantage utilisé des instruments électroniques que sur le précédent, où l'humeur était plus rock et plus guitare», souligne Bernard Sumner au sujet d'un album où apparaissent aussi la voix plus grave que jamais d'Iggy Pop (Stray Dog) et la patte électro de Tom Rowlands, des Chemical Brothers.

«Barney connaît Tom depuis longtemps et, avec ce qu'il nous apporté en termes de son sur les chansons qu'il a faites, c'était comme avoir un membre de plus dans le groupe», se réjouit Phil Cunningham.

Apaisé et «plus heureux», sans doute, New Order conserve toutefois ce qu'il faut de colère pour, par exemple, s'en prendre à la société de consommation sur Restless: «Comment pouvons-nous, moi inclus, être autant attachés aux objets?», questionne Bernard Sumner. «Avec cette chanson, je demande juste aux gens de s'interroger: sommes-nous vraiment plus heureux avec tout cela?»