Les cordes de son violon résonnent avec les images de Loin des Hommes ou The Proposition: l'Australien Warren Ellis vit avec sa femme française près de Paris où il a composé la musique du film Mustang, révélation du dernier Festival de Cannes.

Cette bande originale, sortie en disque lundi, représentait un «sacré défi», finalement relevé pour la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, après l'avoir initialement refusé.

«Je n'avais pas le temps», raconte Warren Ellis à l'AFP, «Deniz ne s'attendait pas à mon refus, elle n'avait pas de plan B».

Toutes ses B.O, dont celle de La Route, il les avait jusque-là cosignées avec son compatriote rocker Nick Cave. «C'est bien rôdé entre nous (...) Là, je me retrouvais à devoir tout faire, tout seul».

Comme l'harmonica de Ennio Morricone, référence absolue dans le genre, Warren Ellis se reconnaît au chant singulier de son violon.

Chevelure poivre et sel tombant sur les épaules, barbe longue blanchissante et bijoux en argent, Warren Ellis est un amateur éclairé de cinéma. Un morceau de Mustang intitulé Les Proies est un clin d'oeil personnel au film éponyme de Don Siegel (1971) avec Clint Eastwood.

Depuis les années 90, il écume les scènes rock du monde entier avec Dirty Three qu'il forme avec ses compatriotes Jim White et Mick Turner, ou Nick Cave avec ou sans The Bad Seeds.

«La musique atmosphérique de Warren a un énorme impact sur l'écriture de mes chansons», affirmait Nick Cave à la sortie de son album Push the sky away, en 2013.

Ensemble, ils préparent un nouvel opus et signent la musique du 1er épisode de la saison 2 de la série TV True Detective.

Warren Ellis a accompagné Marianne Faithfull dont il trouve la voix «fabuleuse», Cat Power  - «une grande» - ou encore le Britannique Bryan Ferry (Roxy Music).

«Un accordéon dans une décharge»

Enfant, il a appris à jouer seul de «l'accordéon trouvé dans la décharge» où il passait son temps à «dénicher des trésors» avec ses frères. C'était à Ballarat, dans l'État de Victoria, au sud-est de l'Australie, où il est né en 1965.

Vers 10 ans, il a jeté son dévolu sur une classe de violon, «parce que les filles avaient levé la main pour y participer».

L'acteur français Tchéky Karyo, son ami, voit en lui «un oiseau, une licorne, un homme de la caverne sorti pour danser sur le fil, déchirer l'espace, ouvrir des brèches». «Il est puissant, libre, créatif, curieux, et son énergie contagieuse», confie-t-il à l'AFP.

Son chemin, Warren Ellis l'a tracé seul, sur les routes rock du monde, avec son violon pour compagnon.

L'Australien longiligne vit désormais à Ivry-sur-Seine avec Delphine Ciampi-Ellis, musicienne, rencontrée en tournée aux États-Unis.

Il l'a suivie en France où ils vivent depuis 17 ans, avec leurs garçons Roscoe et Jackson.

Le violoniste adore la Tour Eiffel, «fasciné par sa structure». Il avoue acheter des miniatures à offrir en voyage et en possède des quantités «problématiques».

Il a grandi dans un milieu ouvrier. Sa mère écoutait tout le temps une station radio de musique classique. Elle jouait du piano, ses frères de la guitare comme leur père, aujourd'hui âgé de 82 ans, qui travaillait dans une imprimerie.

«Son idole était Hank Williams», icône de la country américaine, se souvient Warren Ellis. «Il avait une caisse pleine de chansons qu'il avait écrites et rêvait d'être une vedette. J'ai même découvert qu'il s'était entraîné à signer des autographes».

De l'Australie, lui manquent «les cieux immenses, les parfums d'eucalyptus et le jaune des mimosas».