Frères jumeaux au tournant de la quarantaine, Adonis et Alexis Puentes ont émigré de Cuba vers la Colombie-Britannique à la fin des années 90. Après avoir travaillé ensemble pendant un moment au Canada, les frangins ont pris des chemins distincts : aujourd'hui, Adonis Puentes fait toujours dans la musique cubaine pendant qu'Alexis, devenu Alex Cuba en cours de route, a choisi la pop de création, ce qui lui a valu un trophée Latin Grammy et deux prix Juno, rien de moins.

Les frangins s'amènent à Montréal avec leurs formations respectives - Adonis au Festival de jazz et Alex au Festival folk de Montréal sur le canal, qui a commencé hier et se poursuit jusqu'à dimanche. C'était l'occasion idéale pour une interview croisée.

La Presse : Où trouve-t-on la culture cubaine dans votre musique ?

Adonis : On la trouve dans la saveur de ma musique, dans la syncope, dans la passion latine. J'ai grandi avec la musique traditionnelle cubaine ; elle fait partie de moi. Je m'exprime à travers elle, car je suis un musicien cubain. Je la laisse être en moi.

Alex : La caractéristique la plus évidente que je conserve de la culture cubaine est sa composante rythmique. Mon sens du rythme et du groove viennent de là. Ce sont mes racines qui se manifestent. Je ne pourrais m'en départir même si je le voulais.

La Presse : Comment menez-vous votre profession depuis que vous vivez à l'extérieur de Cuba ?

Adonis : Je suis arrivé au Canada en 1998. Je m'estime très chanceux d'avoir pu implanter ma musique dans mon pays d'adoption. J'y ai senti un très bel accueil. J'y ai d'abord joué avec mon frère ; nous avons pu faire notre musique originale jusqu'en 2002, soit le début de sa carrière solo. À mes côtés, il créait la structure de la chanson, les rythmes et les harmonies, et j'écrivais les textes et les mélodies. Lorsqu'il a volé de ses propres ailes, j'ai dû prendre la guitare à mon tour afin de composer mes chansons. Me réinventer, d'une certaine manière.

Alex : Je suis au Canada depuis 1999, j'y suis venu huit mois à la suite d'Adonis. Au départ, il était naturel pour moi de faire de la musique avec lui, comme nous le faisions avec notre père depuis l'enfance. Adonis était devenu chanteur alors que j'ambitionnais de devenir bassiste de jazz et... J'avais le sentiment d'avoir quelque chose de différent en moi, que mes influences étaient de Cuba mais aussi d'ailleurs. Il me fallait laisser cette créativité émerger, au-delà de ma culture d'origine. Selon moi, la musique est la représentation de ce que je suis devenu mais aussi de ce que je deviens au moment présent.

La Presse : Comment décririez-vous votre frère ?

Adonis : Mon frère Alex est un visionnaire, un artiste très doué, et aussi un travailleur acharné. Il faut avoir du talent pour imposer au Canada un répertoire aussi original interprété en langue espagnole. Il est aussi une très belle personne, un très bon père, un mari attentionné.

Alex : Mon frère est un chanteur formidable, doté d'une voix puissante et lumineuse, parfaitement représentative de la culture cubaine. Je ne perçois pas mon frère comme un créateur évoluant hors des paramètres cubains. Sa fonction essentielle est d'améliorer, d'étoffer la musique cubaine.

La Presse : Quelle est la différence entre votre frère et vous ?

Adonis :  Je suis un chanteur, pas vraiment un compositeur. Les chansons que je crée servent ma performance vocale et mon envie de remuer les gens. Mon frère est venu au chant plus tard ; je l'ai moi-même incité à le faire parce qu'il a une voix superbe. Personnellement, j'accepte de nouvelles influences, mais je mise d'abord sur la tradition. Mon frère est un avant-gardiste en musique pop. De plus, il peut jouer de plusieurs instruments ; il est extraordinaire à la basse comme à la guitare.

Alex : Je cherche toujours à sortir des normes. Je ne suis satisfait que lorsque j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose d'unique. Je ne crois pas que mon frère prenne autant de risques que moi. Il continue à défendre sa tradition alors que je n'en ressens pas le besoin. J'aime que les gens soient très à l'écoute de ce que j'offre musicalement ; mon frère se préoccupe davantage du plaisir qu'ont les gens à écouter sa musique. S'ils ne dansent pas dès la première chanson de son spectacle, il commence à s'inquiéter !

La Presse : Quel est votre groupe actuel ?

Adonis : C'est une formation typique de musique cubaine, constituée de sept musiciens : piano, basse, percussions, batterie, trompette, tres, et moi qui chante et qui m'accompagne parfois à la guitare. Nous jouons mon matériel original ou des reprises.

Alex : Avec la sortie de mon dernier album, mon groupe est passé de trois à quatre musiciens : la percussion s'ajoute à la basse et à la batterie, et je joue de la guitare tout en chantant.

La Presse : Parlez-nous de votre dernier album.

Adonis : Pancho Amat & Adonis Puentes/Veinte Años est un hommage à l'auteure-compositrice-interprète Maria Teresa Vera (1895-1965). Elle fut une grande dame de la trova, de la havanera et du son cubains. Elle était originaire de Guanajay, pas très loin d'Artemisa, où j'ai moi-même grandi. Sa musique est très respectée à Cuba, surtout dans ma région natale. J'ai finalement eu la chance d'enregistrer ses reprises. Pour cet album, j'ai pu travailler à Cuba avec Pancho Amat, joueur exceptionnel de tres. J'en suis très heureux, car j'ai pu m'abreuver aux sources de ma culture même si je vis au Canada.

Alex : Healer, mon cinquième album, a été lancé à l'hiver. Je le voulais plus acoustique, plus épuré, je voulais des chansons nues. Certains y ont vu un retour à mon patrimoine... je crois plutôt avoir regardé droit devant, d'autant plus qu'on trouve des duos bilingues dans cet enregistrement. Cette fois, d'ailleurs, je n'ai pas senti que mes nouvelles chansons avaient besoin d'éléments enregistrés à Cuba, ce que je faisais auparavant. Ainsi, Healer se veut une vraie représentation de la personne que je suis actuellement. Je suis fier de la cohésion de cet album et de ma performance vocale.

La Presse: Comment décrire votre frère?

Adonis : Mon frère Alex est un visionnaire, un artiste très doué, et aussi un travailleur acharné. Il faut avoir du talent pour imposer au Canada un répertoire aussi original interprété en langue espagnole. Il est aussi une très belle personne, un très bon père, un mari attentionné.  

Alex : Mon frère est un chanteur formidable, doté d'une voix puissante et lumineuse, parfaitement représentative de la culture cubaine.  Je ne perçois pas mon frère comme un créateur évoluant hors des paramètres cubains. Sa fonction essentielle est d'améliorer, d'étoffer la musique cubaine.

La Presse: Quelle est la différence entre votre frère et vous ?

Adonis :  Je suis un chanteur, pas vraiment un compositeur.  Les chansons que je crée servent ma performance vocale et mon envie de remuer les gens. Mon frère est venu au chant plus tard, je l'ai moi-même incité à le faire parce qu'il a une voix superbe. Personnellement, j'accepte de nouvelles influences mais je mise d'abord sur la tradition. Mon frère est un avant-gardiste en musique pop.  De plus, il peut jouer de plusieurs instruments; il est extraordinaire à la basse comme à la guitare.

Alex : Je cherche toujours à sortir des normes. Je ne suis satisfait que lorsque j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose d'unique. Je ne crois pas que mon frère prenne autant de risques que moi. Il continue à défendre sa tradition alors que je n'en ressens pas le besoin. J'aime que les gens soient très à l'écoute de ce que j'offre musicalement, mon frère se préoccupe davantage du plaisir qu'ont les gens à écouter sa musique. S'ils ne dansent pas dès la première chanson de son spectacle, il commence à s'inquiéter!

Alex Cuba se produit ce soir, 20 h, au Théâtre Corona dans le cadre du Festival folk de Montréal sur le canal.

Adonis Puentes and the Voice of Cuba Orchestra se produisent le 26 juin, 20 h, sur la scène Bell, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal

PHOTO FOURNIE PAR L'ARTISTE

Adonis Puentes