Florence K faisait ses premiers pas à New York jeudi soir en lançant son plus récent album à Birdland, une petite salle aussi jazzée et chaleureuse que sa musique.

Charlie Parker, Oscar Peterson, Tito Puente: si les nombreuses photos de stars du jazz sur les murs de Birdland, une salle légendaire à quelques pas de Times Square, ont de quoi impressionner, elles n'ont assurément pas intimidé Florence K, qui y faisait ses vrais débuts new-yorkais.

Celle qui a fait ses classes dans les clubs du Vieux-Montréal était visiblement à l'aise dans cet environnement typiquement jazz, draperies rouges et nappes blanches comprises.

Au piano, accompagnée d'un contrebassiste et d'un batteur, la chanteuse québécoise a proposé neuf morceaux. Outre quelques standards, comme l'enlevante version originale espagnole de La foule d'Édith Piaf, elle a interprété plusieurs pièces de son dernier album, I'm Leaving You, qu'elle lançait aux États-Unis sur l'étiquette Sands Foley.

Le résultat? Cinquante trop courtes minutes menées tambour battant. «Comme on dit: le temps passe trop vite quand on est en bonne compagnie», a conclu la chanteuse, résumant le sentiment général.

Si bien que la soixantaine de spectateurs l'a presque applaudie comme si elle avait déjà sa photo sur les murs. Il faut dire que l'artiste possède de la famille à New York et, surtout, qu'elle était d'un naturel absolument charmant, jonglant élégamment entre l'anglais, l'espagnol et le français d'une pièce à l'autre.

Évidemment, la chanteuse qui a des ambitions au sud de la frontière sait pertinemment que ce court concert n'est que le premier d'une longue série de tests avant de commencer à faire connaître son prénom à New York.

«Un pas à la fois»

«On y va un pas à la fois. Je commence ici. Je fais 45 minutes. Je ne suis pas Jules César qui marche en conquérant sur le terrain américain», a-t-elle confié en riant en marge de sa performance.

Celle qui prévoit déjà tourner dans le sud-est des États-Unis vers la fin de mars 2016 croit toutefois fermement en son potentiel aux États-Unis.

«Si je voulais avoir une carrière pop, je serais déjà sur le bord de la retraite à 32 ans. Mais j'évolue dans le monde du world et du jazz, où l'âge et l'expérience sont vus comme une bonne chose, comme pour une bonne bouteille de vin», assure-t-elle.

Florence Khoriaty est aussi convaincue que les multiples influences dans sa musique, aussi bien latine que blues ou pop, sont un atout au pays du «melting-pot».

Le petit écrin qu'est Birdland était visiblement l'endroit tout indiqué pour ses débuts. Après tout, il s'agit d'un des tout premiers clubs qu'elle avait visités à New York avec son père.

Surtout, avec son atmosphère rétro, le club convient parfaitement à la chanteuse, qui aurait aimé faire carrière dans les années 40 et 50, «quand il n'y avait pas des écrans partout et que la seule façon de «sortir de sa tête» était d'aller voir un show le soir», déclare-t-elle en riant.

À New York pour à peine plus de trois jours, la chanteuse se devait de rentrer rapidement au Québec où elle jouera au Festival de jazz avant de faire une tournée à travers le Québec, tout en mettant la touche finale à un livre qui devrait sortir à l'automne. Patiente, mais pas paresseuse, l'artiste.