Sans prendre un virage aussi notable que Mumford and Sons, Of Monsters and Men adopte un son introspectif et direct sur son deuxième album, Beneath My Skin, qui sort aujourd'hui. Entrevue avec le cochanteur Ragnar «Raggi» Þorhallsson.

Les membres du groupe Of Monsters and Men n'avaient à peu près pas mis les pieds à l'extérieur de l'Islande avant la sortie de leur premier album, My Head is an Animal, enregistré à l'improviste sans trop d'attentes. Après 250 spectacles donnés partout dans le monde, ils ont gagné en maturité et en budget de production.

Grandir dans une île isolée pour ensuite se produire devant des dizaines de milliers de personnes ? De quoi remuer un jeune adulte qui fait ses premiers pas dans la vingtaine !

« C'est un lot de nouvelles expériences. On apprend beaucoup en étant dans un groupe. Il y a tout à coup des décisions administratives à prendre... », lance Ragnar Raggi Þorhallsson, qui chante, écrit et compose les chansons du groupe avec Nanna Bryndís Hilmarsdóttir.

La trajectoire du groupe à Montréal témoigne bien de sa spectaculaire ascension. Le quintette - complété par Brynjar Leifsson, Arnar Rósenkranz Hilmarsson et Kristján Páll Kristjánsson - a rempli la Sala Rossa avant de créer la cohue en attirant plus de 10 000 personnes devant une scène secondaire du festival Osheaga, en 2012. Quelques mois plus tard, tous les billets de son spectacle au Métropolis s'écoulaient en moins de 45 minutes.

En confiance

En entrevue avec La Presse en 2012, Nanna Bryndís Hilmarsdóttir avouait que son groupe ne savait pas trop ce qu'il faisait quand il s'était retrouvé dans un studio pour la première fois. Tout était spontané et irréfléchi. « Nous prenions des décisions au fur et à mesure sans avoir de vue d'ensemble », renchérit Raggi trois ans plus tard.

« Cette fois-ci, c'était complètement différent. Nous avions le temps de réfléchir, d'écrire et d'imaginer l'album comme un tout. »

Les membres d'Of Monsters and Men ont gagné en maturité comme interprètes, comme musiciens et comme adultes qui avancent dans la vingtaine. « Le fait d'être en confiance change notre façon d'écrire. »

Of Monsters and Men a en outre disposé d'un confortable budget de production. Le groupe a confié la réalisation de Beneath My Skin à Rich Costley (Sigur Rós, Muse, Foster The People, Interpol). « Étant de l'Islande, nous connaissons peu de gens de l'industrie à l'étranger. Nous avons regardé le travail de différents réalisateurs pour trouver le bon. Nous avons beaucoup aimé le CV de Rich. Il travaillait avec Death Cab For Cutie quand nous avons discuté, et c'est un de mes groupes préférés. Il avait la tête de l'emploi. »

Beneath The Skin se démarque de son prédécesseur par un son émotif chargé. Exit les envolées folk-pop candides du premier album. La soif d'évasion d'Of Monsters and Men a laissé place à plus d'introspection.

« Les paroles creusent davantage en profondeur. Nanna et moi voulions révéler des trucs intimes et personnels. Cela n'a pas toujours été facile pour le coeur et l'âme », expliqueRaggi.

Repartir en tournée

Pendant notre entretien, qui a eu lieu au début du mois de mai, Of Monsters and Men se trouvait en rodage à Toronto, quelques jours avant son retour sur scène au Massey Hall et le coup d'envoi de sa tournée.

Cet été, Of Monsters and Men se produira pour la deuxième fois à Osheaga. Raggi se réjouit de pouvoir bâtir un spectacle avec deux albums. « C'est un soulagement, dit-il. Nous avons essentiellement joué le même set pendant deux ans. Là, c'est presque difficile de choisir quelles chansons jouer. Nous avons plus de types de chansons et nous pouvons mieux construire le spectacle. »

Raggi promet une mise en scène de plus grande envergure. Il se dit à la fois « nerveux » et « excité » de repartir sur la route.

Quand il pense aux quelque 250 spectacles qui ont suivi le premier album, il a le vertige. « On va commencer par le premier. »

POP-ROCK INDÉ

Beneath The Skin

Of Monsters and Men

Republic Records/Universal

Sortie aujourd'hui

IMAGE FOURNIE PAR REPUBLIC RECORDS/UNIVERSAL

Beneath The Skin, d’Of Monsters and Men