La ville de Memphis, place forte du rockabilly et du blues, rendait mercredi un dernier hommage au guitariste de légende B.B. King, disparu il y a deux semaines à l'âge de 89 ans.

Plusieurs centaines de personnes ont bravé la pluie pour se rassembler dans le coeur de la cité du Tennessee où le jeune bluesman B.B. King a fait ses premières armes avant de devenir une légende planétaire aux côtés de l'autre «King» de la ville, Elvis.

«Il est de retour à la maison, dans cette ville où c'était à l'époque difficile de faire son trou en tant que musicien noir», a confié à l'AFP son ami de longue date, Carver Randle.

Vêtue de bleu, la couleur du blues, une foule venue des quatre coins du pays s'est massée pour un concert hommage dans un des parcs de la ville, première étape de l'hommage de Memphis au «King of The Blues».

«Il faut faire attention quand on emploie le mot King ici», a déclaré sur scène A.C Wharton, le maire de la ville qui a abrité le King Elvis Presley et a vu Martin Luther King se faire assassiner en 1968.

«Mais nous sommes ici pour célébrer le King of The Blues», a-t-il ajouté.

«La musique de B.B. King est comme un médicament pour l'esprit. Elle me fait sentir que je ne suis pas le seul à souffrir», a raconté Alexander Hamilton Warner, un sexagénaire afro-américain originaire de Memphis, croisé dans le public à quelques mètres de la mythique Beale Street.

C'est cette artère qui offrit ses premiers shows au jeune Riley King à la fin des années 1940 et qui lui a donné son premier surnom, «Beale Street Blues Boy», qui deviendra quelques années plus tard simplement «B.B».

«C'est une part de mon enfance qui s'en va, la musique que mes parents écoutaient. J'espère qu'on ne va pas perdre le blues», notait Darlene Buler, originaire du Mississippi voisin.

Ce dernier hommage a failli ne pas avoir lieu: une autopsie de B.B. King a dû être pratiquée cette semaine dans le Nevada après les accusations lancées par deux de ses filles qui affirment que leur père a été empoisonné par son manager.

Plongée dans le recueillement, la procession de Memphis semblait indifférente à la polémique. «C'est comme avec Elvis et Michael Jackson. Il y a toujours des controverses quand des légendes meurent. Il vaut mieux attendre et respecter le deuil», estimait Alvin Long, un natif de Memphis.

À la fin de la marche, la dépouille du King of the Blues sera symboliquement acheminée vers l'État du Mississippi, le berceau du blues où il est né et où il doit être inhumé samedi.