Montréal en lumière a réuni mardi soir au Club Soda deux femmes dont les derniers albums comptent parmi les parutions les plus intéressantes de 2014 au Québec: Mara Tremblay et Catherine Leduc.

Le dernier disque de Mara Tremblay, À la manière des anges, dans lequel les claviers sont dominants, se situe dans le prolongement de son très beau prédécesseur Tu m'intimides. Mais après une tournée solo qui n'en finissait plus de finir, Mara nous avait dit qu'elle avait le goût d'un son plus rock, plus lourd auquel allait évidemment contribuer son guitariste d'amoureux François Sunny Duval.

‎C'est ce qu'ils nous ont servi avec panache, bellement appuyés par fiston Victor Tremblay-Desrosiers à la batterie (qui fêtait ses 19 ans), Victoria Lord aux guitares et François Plante à la basse. Des nouvelles chansons comme Dans les fenêtres et même la plus pop Lumières et diamants avaient plus de mordant que sur disque sans être dénaturées. Les dentelles du cygne était plus fidèle à la version du récent album mais gagnait elle aussi en intensité grâce au solo de guitare de la chanteuse.

Pour tout dire, c'était un spectacle dans lequel toutes les personnalités musicales de Mara Tremblay, authentique bête de scène, trouvaient tout naturellement leur place, du blues lourd d'Elvis au cow-punk de l'époque du Chihuaha, en passant par les décharges de guitares rock des Bois d'amour et la ballade country Les aurores, que les fans ont chantée à l'invitation de leur Mara.

Elle nous l'avait dit tôt dans la soirée, Mara Tremblay chante l'amour, pas uniquement celui entre deux personnes mais surtout le sentiment de bien-être et de paix qui s'en dégage. Et elle a dans ses bagages des chansons à la hauteur de ses ambitions, des choses de pure beauté comme Tu n'es pas libre, dans laquelle s'investit totalement la chanteuse en elle, et devant laquelle la petite nouvelle Ne pleure pas tant n'a déjà pas à rougir dans ses très beaux atours folk-rock.

‎Ce concert nous aura surtout rappelé qu'à force de talent et de travail Mara Tremblay s'est hissée parmi les artistes marquants du Québec. Un trésor national qu'on aura sûrement la chance d'applaudir encore dans ce nouveau spectacle qui lui va à ravir.

Catherine Leduc

En première partie, c'est sur un ton très intimiste que Catherine Leduc a proposé l'essentiel de Rookie, un album planant et très personnel dans lequel la métaphore sportive fait bon ménage avec l'animalière.

Après l'aventure Tricot Machine, la chanteuse tente de renaître, comme elle l'a dit en présentant sa chanson Vendredi saint, en chantant ses propres textes sur des musiques qu'elle a presque toutes composées. Sur disque, ses fort jolies nouvelles chansons entraînent l'auditeur dans une espèce de spleen caressant. Sur scène, surtout pour une première partie, il faut un peu d'audace pour enfiler ces chansons au rythme parfois appuyé mais toujours lent, sans s'appuyer sur la béquille qu'auraient pu constituer quelques emprunts plus hop-la-vie à Tricot Machine.

Mais le public de Mara Tremblay l'a écoutée, il a ri en complice de ses présentations timides et un peu maladroites entre deux chansons. Et s'il n'était pas familier avec ce nouveau répertoire, il a goûté la belle finale d'Ouvre ton coeur, plus entraînante et plus immédiatement accrocheuse ‎qui lui donnera peut-être envie d'aller à la découverte d'un disque qui en vaut vraiment la peine.