Sous le thème « Environnements et nouvelles technologies », plus de 40 concerts seront offerts et plus de 60 compositeurs mis en relief au festival international Montréal/Nouvelles Musiques (MNM).

Présenté au centre-ville du 26 février au 7 mars prochains, le septième MNM présentera les oeuvres contemporaines d'artistes vivants ou disparus, de Philip Glass à Olivier Messiaen en passant par Michel-Georges Brégent et Claude Vivier.

Concerts, installations, afterhours, tables rondes, symposium, événements pour toute la famille seront ainsi déployés dans différents lieux du centre-ville : salle Pierre-Mercure, Maison symphonique, Salle Multimédia de l'Université McGill, Complexe Desjardins, Agora Hydro-Québec, Chapelle historique du Bon-Pasteur, Hexagram Black Box de l'Université Concordia, SAT, Agora de la danse, Matralab, Centre des sciences, Gesù, Goethe-Institut.

« Nous avons réuni certaines pratiques et préoccupations musicales d'aujourd'hui qui témoignent de l'influence des nouvelles technologies et des environnements actuels - sociaux, linguistiques, sexuels, etc. », explique Walter Boudreau, compositeur, chef d'orchestre et directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), à qui l'on doit la programmation biennale de MNM, dévoilée hier.

Titanesque atlantide

Dans cette optique, les oeuvres mises de l'avant exploiteront moult aspects de la lutherie contemporaine sans pour autant exclure celles des époques antérieures à la nôtre.

« Il y a une trentaine d'années, je m'intéressais à l'utilisation de l'informatique afin de produire des sons, raconte Boudreau. Je travaillais alors avec l'ordinateur Cyber 7400 de l'Université de Montréal, l'équivalent d'un centre commercial ! Puis je suis allé à San Diego, en Californie, afin d'utiliser un Hewlett-Packard, qui avait la taille d'un réfrigérateur et qui offrait le cent millième des possibilités de mon MacBook ! Depuis lors, les nouvelles technologies ont tout changé. » 

« Le comportement des compositeurs d'aujourd'hui a aussi changé, mais, vous savez, leurs émotions sont les mêmes qu'il y a 200 ans. »

Parmi les meilleurs coups de MNM, un « concert titanesque » a été prévu par l'Ensemble de la SMCQ, dont le plat de résistance sera Atlantide de feu Michel-Georges Brégent. Il y a trois décennies, cette oeuvre radiophonique a été composée pour 56 musiciens et 12 chanteurs ; elle sera adaptée cette fois pour la scène, avec 16 musiciens et 12 chanteurs.

« À l'époque, on devait enregistrer la pièce en 10 jours et... ça avait pris 3 mois ! Récemment, la mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau m'a lancé : il faut faire l'Atlantide ! Je lui ai répondu que ça n'avait pas de sens. En le disant, c'était devenu évident qu'on allait la faire », raconte le directeur artistique de la SMCQ.

Autre initiative de taille, l'Orchestre symphonique de McGill jouera la Turangalîla-Symphonie d'Olivier Messiaen. « En deux mots, c'est George Gershwin qui a pris du LSD ! C'est absolument incroyable, et ça fait appel à deux choses formidables : les ragas indiens et les ondes Martenot. À Boston, un jeune chef avait créé l'oeuvre en 1949 : Leonard Bernstein. Ce concert sera mémorable ! », s'exclame Walter Boudreau.

On assistera en outre à la création nord-américaine d'une oeuvre de feu le compositeur québécois Claude Vivier, Hiérophanie, qu'interprétera l'ensemble allemand Musikfabrik.

112 guitaristes

Côté happenings, on retient celui du guitariste et compositeur montréalais Tim Brady, qui a écrit une pièce pour 112 guitaristes, hommage posthume au mythique Les Paul, grand pionnier de la guitare électrique. Dans des dimensions comparables, Les papes hurlants, une oeuvre d'André Pappathomas et Rachel Burman, réunira 200 chanteurs au sein du Grand Choeur Bref ainsi que l'Ensemble Mruta Mertsi.

MNM se conclura avec l'Orchestre symphonique de Montréal et le maestro Kent Nagano, qui préconisent Un voyage avec Philip Glass, « le temps d'une soirée éclatée, au coeur d'un univers inspiré par l'Orient ». Pour l'occasion, le fameux compositeur américain sera au piano. Des oeuvres de Paul Ducas et Kiya Tabassian figureront aussi au programme de ce concert.

« Nous avons essayé de rendre le plus convivial possible cet exercice complexe, insiste le grand patron de la SMCQ. Ce n'est pas une salade indigeste ; nous ne sommes pas des scientifiques qui viennent défendre leurs formules. Notre plan stratégique consiste d'abord à aller vers le public. Sans faire de compromis, nous cherchons une approche qui met les gens à l'aise. Si vous avez envie d'applaudir entre les mouvements, faites-le ! L'important est d'avoir du plaisir. »

MNM est présenté du 26 février au 7 mars 2015