Le groupe hip-hop d'expression franglaise Dead Obies, les auteurs-compositeurs-interprètes Klô Pelgag et Jimmy Hunt sont les grands gagnants du Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ), présenté hier soir au Théâtre Plaza.

Rappelons que l'événement annuel a pour objet de mettre en valeur les meilleures productions musicales de la communauté indépendante québécoise. Tous styles, dialectes, langues et origines culturelles confondus.

Principaux lauréats du GAMIQ avec quatre trophées Panache, les Dead Obies se sont imposés dans les catégories spectacle de l'année, chanson de l'année (Montréal-$ud), révélation de l'année et album rap de l'année. En route vers l'Europe, les rappers et beatmakers regroupés sous cette bannière ont tourné quatre vidéos de remerciements projetées en direct sur la scène du GAMIQ. Simulations exotiques de scènes polaires, tropicales, maritimes et interstellaires, avec en prime un petit commentaire sourire en coin sur leur contribution à la langue française: «Ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire pour Dead Obies. Demandez-vous ce que Dead Obies peut faire pour la langue française.» On sait la controverse soulevée par leur joyeuse assomption du franglais.

Pour sa part, Klô Pelgag a été consacrée artiste de l'année, en plus de dominer la catégorie album pop de l'année. Au GAMIQ, force est de déduire, la notion de pop n'est pas exactement celle que l'on conçoit à La voix! «Le premier prix que j'ai gagné dans ma vie était un livre sur Dollard des Ormeaux», a confié au public la jeune iconoclaste, fidèle à elle-même, avant de rendre hommage au grand comédien Paul Buissonneau qui nous a quittés ce week-end.

Quant à Jimmy Hunt, il a été choisi auteur-compositeur de l'année par le jury du GAMIQ, qui a aussi tranché pour son excellent Maladie d'amour dans la catégorie album folk de l'année. «Album folk? Bizarre, non?» a commenté sur scène Emmanuel Éthier, réalisateur de l'opus et proche collaborateur de Jimmy Hunt... qui brillait par son absence.

La catégorie album roots de l'année, qui engobe étrangement les productions de type sono mondiale, a été gagnée par le groupe Canailles pour l'opus Ronds-Points. Côté GAMIQ, on trouve difficile de mobiliser tout ce beau monde, d'où cette catégorie un tantinet bâtarde.

Le groupe Jesuslesfilles a remporté le Panache de l'album rock de l'année pour Le grain d'or. Ses membres ont salué leur victoire par un retentissant «tabarnak!», s'estimant étonnés de gagner dans cette catégorie. «On voulait dire merci au rock», ont-ils conclu avant de s'éclipser.

L'album punk de l'année s'intitule Pagan Day, du groupe PyPy, et dont la figure de proue est l'inénarrable Annie-Claude Deschênes - également de Duchess Says.

Lonely Lights, du groupe Millimetrik, est l'album musiques électroniques de l'année. «J'aurais tout mis mon cash sur Misteur Valaire... preuve que ce n'est pas arrangé au GAMIQ!», a réagi Pascal Asselin, l'homme de Millimetrik.

Montréalais d'adoption, proche collaborateur d'Arcade Fire et de Caribou, le violoniste, multi-instrumentiste et chanteur Owen Pallet s'est imposé dans la catégorie album indie rock de l'année. À l'instar d'autres lauréats, il n'était pas sur place pour cueillir son Panache.

La saxophoniste afro-américaine Matana Roberts, le contrebassiste montréalais Nicolas Caloia et le guitariste canado-égyptien Sam Shalabi ont été honorés dans la catégorie album jazz/musique contemporaine pour l'enregistrement Feldspar.

Autorail, de Black Givre, est l'album expérimental de l'année au GAMIQ. Brûle, consume, torture est l'album métal de l'année, signé B.A.R.F., qui renaissait de ses cendres. L'artiste hip-hop Toast Dawg s'est illustré dans la catégorie EP de l'année pour le maxi Brazivilain. Enfin, la vidéo de l'année a été remportée par le groupe Hôtel Morphée pour le clip de sa chanson Des histoires de fantômes.

Le gala dominical était animé par Tanya Beaumont, directrice de la programmation de CKRL, soit la plus ancienne radio communautaire d'expression française implantée à Québec. Klô Pelgag soliloque, Mara Tremblay en mode country-rock, la formation hip-hop The Posterz, les groupes rock Heat, Jesuslesfilles, Midnight Romeo et Marinellis, Dear Criminals, Panache (sous la direction de Carl-Éric Hudon), Pépé et sa guitare sont parmi les artistes ou groupes qui se sont produits en direct au GAMIQ 2014. Très efficace, parfois brillant, le duo Les Deuxluxes a repris la plupart des airs des lauréats de cette soirée un tantinet bancale, hirsute, néanmoins fort sympathique.

Les lauréats

Artiste de l'année : Klô Pelgag

Auteur-compositeur de l'année : Jimmy Hunt

Spectacle de l'année : Dead Obies

Chanson de l'année : Dead Obies, Montréal-$ud

Révélation de l'année : Dead Obies

Album pop de l'année : Klô Pelgag, L'alchimie des monstres

Album rap de l'année : Dead Obies, Montréal-$ud

Album roots de l'année : Canailles, Ronds-Points

Album rock de l'année : Jesuslesfilles, Le grain d'or

Album punk de l'année : PyPy, Pagan Day

Album musiques électroniques de l'année : Millimetrik, Lonely Lights

Album jazz/musique contemporaine : Matana Roberts, Sam Shalabi, Nicolas Caloia, Feldspar

Album indie rock de l'année : Owen Pallett, In Conflict

Album folk de l'année : Jimmy Hunt, Maladie d'amour

Album expérimental de l'année : Black Givre, Autorail

Album métal de l'année : B.A.R.F., Brûle, consume, torture

EP de l'année : Toast Dawg, Brazivilain

Vidéo de l'année : Hôtel Morphée, Des histoires de fantômes