Trop de musique québécoise «brillante» ne traverse pas l'Atlantique, se désole le Nantais Christophe Minier. Tellement qu'il est en train de créer Montréal Attack, «une agence qui aidera la scène montréalaise à être mieux exposée en France».

Nantes servira de quartier général à «cet échange culturel et économique, explique-t-il. Montréal et Nantes ont resserré leurs liens depuis quelques années. Il y a de fortes similitudes entre les deux villes, qui ne sont pas des capitales et qui ont inscrit la culture dans leur ADN de façon très forte».

Première étape: la sortie en Europe, le 19 janvier, d'un album inédit et exclusif de Bran Van 3000, intitulé French Garden, assorti en bonus de quatre succès du groupe de James Di Salvio, dont Drinking in L.A., Dare I Say (avec Jean Leloup) et Montréal (avec Youssou N'Dour). Suivra une tournée au printemps.

«J'ai rencontré James il y a trois ans et j'ai découvert un être humain qui me plaît beaucoup. Il y a vraiment des trucs à reconstruire pour Bran Van 3000 en Europe, qui n'y est pas allé depuis 10 ans», affirme Christophe Minier, fondateur de Montréal Attack.

Montréal Attack veut offrir un «dispositif de voyage» avec «des structures d'accueil» pour que des groupes montréalais puissent tourner en France et vice-versa. Christophe Minier veut notamment exporter les groupes nantais Dtwice, I.S.L.A. et Da Sweep, et importer des spectacles de Caracol et Peter Henry Phillips, le projet de Pilou (Pierre-Philippe Côté).

Époustouflé par la scène montréalaise

Paradoxe, Christophe Minier se trouve à Montréal alors que nous sommes à Paris. Au cours des derniers jours, il a rencontré des représentants de la Ville de Montréal, de Musicaction et de la SODEC. Il a vu des amis, labels et artistes qu'il connaît, dont DJ Champion et Pilou.

Sa première visite à Montréal remonte à 2006. Il a été «époustouflé par la qualité de la scène musicale montréalaise». Il y a rencontré des acteurs importants: Franz Schuller d'Indica, Gourmet Délice de Bonsound et Sandy Boutin du FMEAT et de Simone Records.

En France, Christophe Minier a longtemps travaillé pour la major Universal France avant de créer le distributeur Anticraft, qui a lancé en France des albums de Karkwa, Pawa Up First, Le Nombre, DJ Champion, les Breastfeeders et les Chiens.

L'aventure d'Anticraft s'est terminée trois ans plus tard. Après avoir bossé dans le domaine du web, Christophe Minier se replonge dans la musique avec Montréal Attack.

«Trop de musique de Montréal brillante n'a pas de deal en France. L'idée est de monter un projet collectif au service des artistes et de leur carrière de chaque côté de l'Atlantique», poursuit Christophe Minier.

«Présentement, c'est compliqué sans intervenant français, souligne-t-il. Les mécaniques, le marché et les calendriers ne sont pas les mêmes. Il faut un acteur central qui connaît bien l'environnement.»

Christophe Minier a des projets plein la tête, notamment d'organiser un événement-festival ponctuel à Nantes avec une programmation québécoise, et un autre à Montréal avec une sélection d'artistes de Nantes.

Montréal Attack n'est pas lié à Oupalaï!, la saison culturelle québécoise spéciale qui bat son plein cette année à Nantes (et dont font partie Fred Pellerin, Robert Lepage et le Cirque Éloize). Cette initiative reflète néanmoins les liens qui se tissent entre les deux villes, dit Christophe Minier. «Je discute avec le service culturel de Nantes», souligne le fan de Groenland, Misteur Valaire et Secret Sun, ainsi que du projet de Julien Mineau Fontarabie.

Son séjour à Montréal a été fructueux. «C'est très excitant! Il y a un son et un univers particuliers liés à Montréal. Il y a des choses qui passent bien dans la francophonie, mais je crois qu'il y a quelque chose à faire dans le domaine des musiques actuelles.»