L'extravagant et inclassable Pierre Lapointe, après s'être essayé à la chronique radio cet été, a pris goût à la vie à la française et enregistré dans la foulée pour la première fois un album à Paris.

Dans Paris tristesse, qui paraît lundi, Pierre Lapointe mêle ses anciens titres, une chanson inédite (La plus belle des maisons) et trois reprises de Léo Ferré (C'est extra), Charles Aznavour (Comme ils disent) et Barbara (Le mal de vivre). Le tout dans des versions ultra-dépouillées enregistrées «à l'ancienne», sans retouche après-coup, dans le studio parisien CBE.

«C'est la première fois que je fais ça de façon aussi brute, avec un simple piano la plupart du temps et une guitare sur Comme ils disent», explique à l'AFP celui qui se voit comme un cousin québécois des Français JP Nataf, Albin de la Simone, Vincent Delerm ou Jeanne Cherhal.

Les Français ont appris à connaître un peu mieux Pierre Lapointe cet été à l'occasion de chroniques mi-humoristiques, mi-caustiques diffusées chaque matin à la radio France Inter où il invitait de nombreux complices pour chanter avec lui, dont Camélia Jordana, -M-, Robert Charlebois ou Christophe.

«C'était une première pour moi à la radio! Les gens ont pu comprendre que je ne me prenais pas au sérieux, que j'étais un chanteur solide et que j'avais un humour grinçant!», estime celui qui propose depuis plus d'une dizaine d'années des chansons d'amour à la poésie sombre et à la mélancolie parfois crue.

Ce nouveau disque, plutôt destiné au public français, est, dit-il, «un bon moyen de faire découvrir une autre facette de Pierre Lapointe, de découvrir le côté plus mélancolique et ténébreux de Pierre Lapointe - tiens, je parle de moi à la troisième personne, j'aime beaucoup ça!»

L'occasion notamment de redécouvrir une demi-douzaine de chansons parues en 2013 dans l'album Punkt et le mini-projet Les Callas, deux disques dont la distribution est restée confidentielle en France et dont les textes montrent un Pierre Lapointe plus en prise avec le réel qu'à ses débuts.

Après avoir passé quelques mois en France, le Québécois de 33 ans doit retourner chez lui pour l'enregistrement de l'émission La Voix, version québécoise du télé-crochet international The Voice, un nouveau challenge inattendu pour ce musicien issu de la scène indépendante.

«Au Québec, c'est un énorme succès, c'est la vraie grosse émission populaire. Ce qui m'amuse, c'est d'aller dans des sphères où je ne suis pas allé souvent», explique Pierre Lapointe, conscient d'être convié pour incarner «le chanteur de gauche, un peu marginal, qui arrive avec ses habits étranges» aux côtés d'Isabelle Boulay, le chanteur populaire Marc Dupré et du rockeur Éric Lapointe.