Difficile dans les États-Unis des années 90 d'échapper au chanteur country Garth Brooks. Sa «retraite», à l'orée des années 2000, en avait choqué plus d'un. Treize ans ont passé et Garth Brooks revient avec son leitmotiv de toujours: les oubliés de l'Amérique.

Son nouvel opus Man Against Machine, sorti mardi, ne s'écarte pas d'un iota du traditionnel son country doucereux sur lequel il avait bâti son succès il y a une vingtaine d'années.

Fidèle, Garth Brooks l'est aussi à ses histoires inspirées du quotidien de l'Amérique profonde qu'il connaît par coeur: celle des pick-up, de la sueur à l'ouvrage et des églises pleines à craquer.

Si Garth Brooks, 52 ans, et ses paroles, parfois un peu nunuches, n'ont pas changé d'un millénaire à l'autre, l'industrie musicale, elle, n'a plus rien à voir avec celle qui l'avait porté au pinacle.

La musique country ne s'est jamais aussi bien portée et concurrence aujourd'hui sans mal le R&B et la pop sur les iPods des ados américains.

Pendant sa «retraite», Garth Brooks a continué à très bien se vendre. À en croire la Recording Industry Association of America, il est même sur la troisième marche du podium, derrière les Beatles et Elvis Presley, en termes de ventes totales aux États-Unis, avec 134 millions d'exemplaires écoulés.

Et pourtant. Les ventes de disques sont en chute libre, largement éclipsées par le téléchargement. Alors, pour se mettre au goût du jour, Garth Brooks a dû jouer le jeu des nouvelles technologies, pour lesquelles il n'a jamais excellé.

Pour le lancement de Man Against Machine, il a créé un compte sur Facebook, un autre sur Twitter, garthbrooks. Pour son premier tweet, il apparaît dans un selfie, Stetson noir vissé sur le crâne, chanteur de country oblige.

Il propose aussi sa musique sur GhostTunes, son propre site de téléchargement où il compte héberger d'autres artistes qui pourront à leur tour présenter et vendre leurs chansons.

«Le but de ma vie»

Pendant sa parenthèse longue de 13 ans, Garth Brooks a vécu retiré dans son État natal de l'Oklahoma, terre de cowboys et de derricks de pétrole. Il y a élevé ses trois filles, a divorcé, puis s'est remarié avec la chanteuse de country Tricia Yearwood.

«J'ai trouvé le but de ma vie», racontait-il, les larmes aux yeux, à des journalistes récemment.

Le premier titre extrait de Man Against Machine s'intitule sobrement Mom. Dans cette ballade, Dieu s'adresse à un enfant qui est encore dans le ventre de sa mère et lui demande de ne pas pleurer «parce qu'ici-bas il y a quelqu'un qui est là pour prendre soin de toi».

Les militants anti-avortement se sont immédiatement approprié la chanson.

Et si Garth Brooks est plutôt conservateur, il évite de parler politique en public et défend de longue date les droits des homosexuels.

Dans Man Against Machine, la chanson-titre de l'album, il reprend la veine du réalisme social qui avait fait son succès, celle des oubliés qui triment pour qu'au final la «machine» puisse «vivre le rêve américain».

«Préparez-vous/La guerre qui s'annonce n'a rien à voir avec les précédentes/Cette fois, c'est l'homme contre la machine», lance-t-il.

Mais, en dépit de ce comeback très attendu, qui s'accompagne d'une tournée des stades américains, Garth Brooks avoue être un peu «rouillé» quand il s'agit de reprendre la plume. Il n'a ainsi écrit ou coécrit que trois des 14 titres de son nouvel album.

«Pour cet album, je n'étais pas encore prêt à faire confiance à ma plume. Je n'y suis pas encore. J'ai donc sélectionné les chansons que j'aurais aimé avoir écrites», disait-il il y a peu.