«Alors, est-ce qu'on sait rouler des hanches à Los Angeles? Montrez-moi!» Pour la soirée d'Halloween, la chanteuse bretonne Yelle a mis le feu à Hollywood avec ses chansons électro-pop à réveiller les morts.

Dès les premières notes, le Fonda Theatre, au coeur de Hollywood, se transforme en véritable boîte de nuit. Kermit la Grenouille se dandine à côté d'une geisha ou d'un Dracula qui se déhanche les bras en l'air, en cette nuit où l'Amérique fête les morts. Mais ce vendredi, personne dans le public jeune ne danse autant que Julie Budet, alias Yelle.

En combinaison noire couverte d'épaisses franges multicolores, la chanteuse longiligne et brune suit une chorégraphie saccadée et disco, bondit, saute en l'air, balance la tête et ses cheveux.

«La scène c'est hyper important pour nous» et «notre live a beaucoup fait pour le bouche-à-oreille», a-t-elle expliqué à l'AFP quelques heures avant le concert.

Avec ses partenaires Jean-François Perrier et Tanguy Destable, avec qui elle forme le groupe également appelé Yelle, «on a toujours mis en avant les musiciens sur scène. Les deux garçons sont habillés pareil, ils ont des mouvements ensemble, on a des chorégraphies à trois», détaille-t-elle.

Joker aux deux visages

«Arriver en jean et t-shirt, ça fonctionne pour un groupe de rock mais moi je ne me vois pas faire un concert sans être un minimum habillée. Je pense que j'ai besoin de me transformer un peu, c'est mon côté joker aux deux visages», poursuit-elle.

Sur la scène du Fonda Theatre, elle enchaîne une série de titres de son nouvel album Complètement fou, ou de ses deux précédents albums, Safari Disco Club et Pop up.

Yelle est sur la dernière ligne droite d'une tournée américaine de 24 dates pour promouvoir Complètement fou, réalisé à Los Angeles en collaboration avec Dr Luke, le producteur de superstars de la pop américaine comme Katy Perry.

C'est la quatrième tournée américaine du groupe de Saint-Brieuc. Car Yelle a la particularité de donner beaucoup plus de concerts au Canada et aux États-Unis qu'en France. Et ce, alors que leurs paroles sont exclusivement en français, à l'inverse d'un groupe comme Phoenix, lui aussi très populaire outre-Atlantique.

«Je l'ai découverte il y a trois ans grâce à des amis. Elle a un son universel qui fait que, même si je ne parle pas français, je comprends son énergie», explique l'un de ses fans, Scott Nelson, avant le début du concert.

La Bretonne, Julie Budet de son vrai nom, raconte avoir envisagé de s'installer dans la Cité des Anges après la tournée précédente.

«Mais pendant la composition de cet album, on a fait un mois ici, quatre mois en France et c'était bien comme ça car on avait l'impression de continuer une vie ici, on avait nos petites routines».

La collaboration avec Dr. Luke a été vraiment «fantastique», «on a découvert quelqu'un de très humain avec qui on s'est très bien entendus», affirme la chanteuse, alors que le producteur fait actuellement les gros titres en raison d'une plainte de son ex-protégée Kesha pour agression sexuelle. Le producteur la poursuit pour sa part pour diffamation et rupture abusive de contrat.

Malgré le succès aux États-Unis, la chanteuse de 31 ans n'a jamais envisagé d'écrire dans la langue de Shakespeare, et ce alors que tant d'artistes français chantent en anglais dans l'espoir de se faire une place à l'international.

«Je ne me vois pas avec un anglais approximatif et un accent pourri. Il y a des groupes comme Phoenix à qui l'anglais va très bien, cela dit». «J'ai l'impression que le français redevient à la mode dans l'électro», poursuit-elle, citant notamment Christine and the Queens.

Après les États-Unis, Yelle va tourner en Europe et notamment en France. «Je n'arrive pas à me projeter, on en est encore au début de l'exploitation de l'album. Mais je pense qu'on fera quelque chose de différent», peut-être avec des éléments acoustiques, conclut-elle.