Évelyne Côté, du promoteur evenko (Osheaga), prenait l'air devant l'entrée avec le programmateur des FrancoFolies et du Festival international de jazz, Laurent Saulnier. Le rappeur et imprésario Anodajay, du label 7e Ciel, est sorti, suivi de Julien Manaud, du Lisbon Lux Records. On se croyait à Montréal... sauf qu'on était à Paris, au Festival MaMa, au flanc du quartier Montmartre.

À l'intérieur du cabaret historique de la Villa Frochot, des centaines de délégués québécois, français et internationaux réunis pour un événement baptisé Ma cabane à Paris. La stratégie: vendre le Québec en musique, mais surtout par le ventre, avec un gargantuesque buffet du traiteur Pas d'cochon dans mon salon, suivi de spectacles-vitrines de Ndidi, Chloe Charles, Les Hay Babies et Canailles.

Nous avons croisé Rafael Perez, de Coyote Records (Karim Ouellet, Antoine Corriveau), l'imprésario Guy Ritchot (Alfa Rococo, Kaïn), Daniel Gélinas et Luci Tremblay, du Festival d'été de Québec, ainsi que Geneviève Côté, chef des affaires du Québec à la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN).

L'Union fait la force

Organisé conjointement par M pour Montréal, le MEG, les FrancoFolies, Osheaga et le FMEAT, Ma cabane à Paris est la preuve que l'union fait la force quand vient le temps de vendre le Québec musical à l'étranger. «Chacun a son créneau, mais on présente un beau panorama de ce qui se passe. La clé est d'avoir un beau mélange de diffuseurs, d'acheteurs et de vendeurs», explique Laurent Saulnier.

En matinée, les délégués avaient participé à une séance de speed meeting. Mathilde Carmet y représentait ADAMI, la société qui administre les droits des artistes et des interprètes en France. «Nous travaillons aussi beaucoup à la promotion des artistes, souligne-t-elle. Nous avons un volet qui s'appelle Détour qui a comme mandat de faire tourner des artistes français dans des festivals internationaux. Certains ont joué à Osheaga [dont St.Lô et Von Pariahs l'été dernier].»

De l'extérieur, les nombreux événements de réseautage et de showcases annuels (dont South by Southwest est la quintessence) peuvent sembler redondants. C'est justement cette régularité des mêmes rencontres dans le calendrier annuel qui consolide les liens, souligne Laurent Saulnier. «C'est toujours utile, car les choses bougent vite. Il y a toujours des nouveaux bands, et tu ne sais jamais sur qui tu vas tomber», dit-il, alors que Sébastien Zamora vient le saluer.

Ce dernier, programmateur de Zamora Productions, fait tourner en France cet automne avec succès Klô Pelgag. «Les Français la découvrent et l'adorent. Ça va très bien...

«Il faut aller souvent au Québec pour voir comment les choses fonctionnent et comment on peut les adapter ici, note Sébastien Zamora. Des événements comme le MaMa permettent de mettre des visages sur des noms.»

Synergie d'éléments

Télérama - un média prestigieux et «prescripteur», comme on dit ici - a publié cet automne un important numéro spécial en papier glacé sur la scène culturelle du Québec. Valérie Lehoux, très influente en France dans le domaine de la chanson, en a signé la coordination.

Or, la journaliste assiste aux FrancoFolies de Montréal depuis de nombreuses années. «Quand elle fait un spécial sur le Québec, elle sait de quoi elle parle», dit Laurent Saulnier.

Pour l'anecdote, Valérie Lehoux a craqué pour Lisa LeBlanc en la voyant sur scène à Montréal au point de convaincre Vincent Frèrebeau, du label Tôt ou tard, d'y prêter une oreille. «Un mois et demi après, c'était signé», raconte Laurent Saulnier. La preuve qu'il faut «une synergie» de plusieurs éléments pour traverser la frontière.

100 groupes à l'affiche

Le MaMA bat son plein jusqu'à demain. Julien Manaud espère y rencontrer des membres de la délégation asiatique, puisqu'il a trouvé un agent de tournée de l'Asie pour son groupe électro-kitsch eighties Le Couleur. Il veut aussi faire connaître en France l'univers électro sci-wave de Das mörtal. «Je cherche un distributeur et des attachés de presse spécialisés.»

Outre ses 50 conférences, il y a 100 groupes à l'affiche pendant le MaMa. Surtout anglophones, puisque le festival vise le marché international.

De Montréal, We Are Wolves et Mark Berube s'y produiront. Dans la presse française, la chanson folk-pop de Mina Tindle fait beaucoup jaser, tout comme le trio rock Gush et le pianiste électro-pop Cascadeur, qui a sorti un album intitulé Ghost Surfer.

Le rappeur américain établi Pigeon John se produisait hier soir à La Boule Noire, alors que le duo country-rock nineties féminin britannique Honeyblood poursuivait la lancée de son EP qui lui avait valu une note favorable de 6,8 sur 10 d'un journaliste de Pitchfork. À écouter si un croisement entre les univers de Courtney Barnett, Hole et Best Coast vous parle.