Les maisons de disques indépendantes montent au front pour dénoncer la grille tarifaire du futur service de lecture en continu musical payant (streaming) de YouTube et ses tactiques de négociations «agressives».

Plusieurs associations, dont l'UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants) et le WIN (Worldwide Independent Network, dont fait partie l'ADISQ), ont sonné l'alarme: elles dénoncent les paramètres de rémunération du futur service de YouTube, mais aussi ses menaces de retirer les artistes indépendants de son service gratuit si les deux parties ne s'entendent pas.

Les clips indépendants seraient carrément bloqués par YouTube, d'après les rumeurs. «Du chantage», plaide-t-on.

Compétition de Spotify et Deezer

Propriété de Google, YouTube désire concurrencer le géant suédois Spotify ainsi que l'important acteur français de l'industrie Deezer. Selon le New York Post, son service, qui pourrait être dévoilé à l'été, serait baptisé Music Pass et coûterait 5$ (avec publicité) ou 10$ par mois (sans publicité).

Selon les associations de labels indépendants citées dans plusieurs médias cette semaine, YouTube propose des tarifs - dans le cadre d'un contrat non négociable - qui seraient nettement inférieurs aux redevances de Deezer, Spotify ou Rdio.

Les étiquettes indépendantes négocient seules ou en différents blocs, alors que les trois majors (Universal, Sony et Warner) négocient chacune de leur côté avec YouTube.

Le WIN représente 850 labels - ceux des PJ Harvey, Adele, Arcade Fire, The White Stripes, Radiohead, Queens of the Stone Age, Arctic Monkeys, The National, Vampire Weekend, The xx, M.I.A., Grimes et de la plupart des artistes québécois. Justin West, président de Secret City Records (Patrick Watson), siège à son conseil d'administration.

Dans un récent communiqué de presse, Alison Wenham, directrice générale du WIN, a déclaré que les maisons de disques indépendantes dépendent de revenus d'écoute pour réinvestir dans de nouveaux talents. Elles méritent donc leur juste part des revenus d'écoute en ligne, qui sont énormes en Europe par rapport à l'Amérique du Nord (les services d'écoute de musique génèrent 70% de la vente de musique en Suède et en Norvège).

Une mise en garde

Alison Wenham a interpellé publiquement YouTube pour que la filiale de Google négocie de bonne foi sans nuire au bout du compte à la vitalité et à la diversité de la scène musicale.

Négliger le secteur musical indépendant serait nuisible d'un point de vue commercial pour YouTube, affirme-t-elle dans une déclaration mise en ligne sur le site du WIN. Alison Wenham rappelle que MTV avait fait la même erreur à une autre époque.

Il est vrai que les majors dominent de moins en moins l'industrie de la musique. Selon le dernier rapport de Nielsen Soundscan, les labels indépendants ont généré 35% des ventes de musique aux États-Unis en 2013.

De son côté, YouTube prétend qu'il aide les artistes à se constituer un public et à générer des revenus.

Contrairement aux services d'écoute en ligne (Rdio, Deezer), la filiale de Google s'est fait connaître en tant que symbole de la démocratisation du web. Mais YouTube est également tenu de verser des redevances de streaming.