Le match du Canadien a eu raison de l'assistance du Club Soda pour la finale des Francouvertes. Le deuxième étage de la salle du Quartier des spectacles était moins bondé et enflammé qu'à l'habitude, lundi soir. On retiendra surtout que Philippe Brach sort gagnant du 18e concours et qu'il pourra voir le septième match de la série mercredi soir.

Julie Blanche et Deux Pouilles en cavale ont pris respectivement les deuxième et troisième places en plus de recevoir plusieurs prix.

Concours ou pas, le public du Club Soda a eu droit à une belle soirée de musique. 

Commençons par le début. Un peu avant 20h, les soeurs Boulay ont offert au public une nouvelle composition aussi jolie que son titre, Les couteaux à beurre.

Stéphanie et Mélanie Boulay ne pouvaient pas mieux incarner leur rôle de porte-parole. Que de chemin parcouru depuis leur consécration, il y a deux ans: prix de la révélation de l'année à l'ADISQ, meilleur album folk, des tournées, des milliers d'albums vendus et une invitation privilégiée sur le plateau de la finale de La Voix.

Pareil pour l'autre porte-parole, Karim Ouellet, qui avait obtenu la deuxième place des Francouvertes il y a trois ans. L'auteur-compositeur mène une carrière enviable et inspirante, du Québec à la France. Lundi soir, il a interprété sa chanson Plume - qu'il avait chantée lors de sa finale - revisitée sur la récente version de luxe de son album Fox.

Les soeurs Boulay ont ensuite accompagné Karim sur sa douce chanson Marie-Jo. Pendant ce temps, les finalistes stressaient dans les coulisses. Philippe Brach, Julie Blanche et Deux Pouilles en cavale sont montés dans l'ordre sur la scène du Club Soda. Tous partaient sur un pied d'égalité puisqu'on remettait le palmarès des étapes précédentes à zéro.

À l'aise, Philippe Brach - dont le physique saguenéen ressemble à celui d'Olivier Langevin et dont la voix a l'intonation de Dany Placard - a enlevé ses chaussures pour se mettre à la hauteur du micro. Il a «commencé ça doux et relax» avec humour, en lançant, pince-sans-rire mais sérieusement, que sa chanson Alice était à propos de l'avortement.

Ça manquait d'ambiance en début de soirée au Club Soda, ce qui ne lui a pas facilité la tâche, mais il ne s'en est pas formalisé. Philippe Brach a poursuivi avec une chanson de «rupture sauvage». Sa prestation savamment improvisée suivait un fil narratif intéressant.

Lié à l'étiquette Spectra pour son premier album, sorti il y a quelques semaines, et chouchou d'autres concours, Philippe Brach partait avec une longueur d'avance... pleinement méritée. Ses chansons abouties aux textes bien ficelés et son talent prometteur le distinguent de ses camarades finalistes.

Un programme varié

Alors que le Canadien allait prendre une avance de 2 à 0 sur les Bruins, le Club Soda s'était réchauffé pour Julie Blanche. L'auteure-compositrice-interprète s'est illustrée avec la force tranquille de ses pièces introspectives aux instrumentations riches et prenantes (bonifiées de cuivres et de contrebasse). La chanteuse était accompagnée de musiciens de haut calibre, dont son complice Antoine Corriveau et le batteur Stéphane Bergeron (Karkwa).

Le souffle profond de sa voix ajoute beaucoup à ses compositions. À l'aise derrière le micro, Julie Blanche pourrait toutefois se laisser aller plus librement dans sa gestuelle. On sentait une certaine retenue.

Il était 21h45 quand Deux Pouilles en cavale ont suivi. Le duo du Saguenay a servi son rock brutal, lourd, syncopé et hautement technique en 13 chansons rondement menées (si notre compte est bon!). En formule trio, le groupe sonnait comme une attaque à cinq. De loin le groupe le plus original et joyeusement déstabilisant des trois finalistes.

Un tremplin majeur

Le vote du public compte pour 50% de la note, et celui du jury, composé de membres de l'industrie et des porte-parole, compte pour le reste.

En plus du grand prix de 10 000 $, de multiples récompenses ont plu sur les trois finalistes. Des participations à des festivals, du temps de studio, une tournée, le tournage d'un clip, des campagnes de radiodiffusion, des bourses diverses, alouette.

Mais l'avantage principal des Francouvertes, c'est de permettre à la relève de se faire connaître. Et c'est déjà beaucoup.