Quand le Canadien a annoncé que Loco Locass avait accepté de rafraîchir Le but pour les séries éliminatoires, La Presse a demandé à ses lecteurs quelles autres chansons en français ils aimeraient entendre au Centre Bell pour encourager leurs favoris. Les réponses n'ont pas tardé.

Parmi les quelque 200 suggestions de chansons que nous avons reçues de nos lecteurs, certaines tiennent de l'évidence comme Passe-moé la puck des Colocs, qu'on entend déjà aux matchs du Canadien depuis un bon moment. D'autres sont plus champ gauche, comme Détruire du groupe punk Les marmottes aplaties, aujourd'hui disparu, et Chargez! du groupe Ariel.

«Chargez! n'est pas sur ma liste, mais je la prends en note. C'est une excellente suggestion», répond Vincent Aubry, qui en est à sa 12e saison comme DJ du Canadien. Aubry fait déjà tourner régulièrement des chansons de groupes qui reviennent souvent parmi les suggestions de nos lecteurs, comme les Cowboys Fringants (Ti-cul), Loco Locass (La mémoire), Galaxie (Piste I) ou Mes aïeux (Le déni de l'évidence).

«Aux Jeux olympiques d'hiver, on entendait beaucoup de Rolling Stones, de Metallica, d'AC/DC et de Beatles, rappelle Aubry. Heureusement, quelques groupes québécois ont compris le message et font des trucs de qualité, dont Loco Locass et les Dales Hawerchuk.»

Le DJ fait jouer des chansons qu'on fredonne facilement citées par nos lecteurs, comme On leur a fait croire d'Alex Nevsky et Des maux sur tout de Pierre Lapointe. Mais on peut également entendre au Centre Bell des choses moins connues mais tout à fait à propos comme Mettre du tape su' ma palette de Bob Bissonnette.

«Il faut que ça bouge», dit Aubry à propos des chansons choisies qui donnent fréquemment dans le gros rock. Surtout en plein match pendant les arrêts de jeu, au cours desquels il fait jouer en moyenne sept ou huit extraits très énergiques par période, de 18 à 30 secondes chacun, dont deux ou trois de chansons québécoises. Entre deux périodes, Aubry peut faire tourner trois chansons presque au complet. «Sur six chansons, j'en choisis cinq en français, explique-t-il. Je me gâte.»

«La musique au Centre Bell a un but: enthousiasmer la foule, lui donner une dose d'énergie», souligne Stéphane Laporte, grand amateur de musique en français et détenteur d'abonnements de saison au Centre Bell.

«La musique accompagne les victoires, mais elle doit aussi, quand ça va mal, faire sentir aux spectateurs que rien n'est perdu tant que la sirène n'a pas sonné», ajoute le maître d'oeuvre de Star Académie et de La voix, qui cite au passage des chansons stimulantes comme J'lâche pas de Corbeau, «idéale pour conserver l'avance», et rassembleuses, comme Tout le monde en même temps de Louis-Jean Cormier aussi bien que 1000 coeurs debout et Alors on danse des cousins Cali et Stromae.

Des artistes émergents

Aubry pige évidemment dans les classiques comme Chu d'dans de Charlebois quand le Canadien est en avance dans le pointage. «Si on mène 4-1 et que Price fait un bel arrêt, c'est sûr et certain que je fais jouer Ça plane pour moi [de Plastic Bertrand], mais si c'est 3-2, Illégal de Marjo joue à fond la caisse», explique-t-il.

Le DJ ne fait pas jouer de ballades et il évite la plupart du temps les chansons très commerciales qui tournent déjà beaucoup à la radio. Il préfère donner de la visibilité à des artistes émergents comme Sally Folk (7 jours), K6A (Les gentils) ou encore Dramatik (Dramatik avec un cas), des chansons qui le font triper et qui, croit-il, peuvent rejoindre le public.

Mais la musique au Centre Bell n'est pas que l'affaire de Vincent Aubry. Pendant les arrêts de jeu, c'est le régisseur qui signale à chacun des intervenants ce qu'on va entendre: le DJ, l'organiste Diane Bibeau, des sons de trompette pour annoncer un ralliement ou des réclames commerciales.

Plus encore, la musique fait partie d'un tout (animation dans la foule, sur l'écran ou sur l'anneau lumineux qui ceinture l'aréna) orchestré par le service de marketing du Canadien en consultation avec evenko et qui accompagne le spectateur dès qu'il met les pieds dans l'enceinte sportive.

Le DJ n'a rien à voir non plus avec la musique qu'on entend pendant la période d'échauffement d'avant-match, choisie par les joueurs de l'équipe locale.

À Montréal, P.K. Subban est aux commandes tandis qu'à Boston, par exemple, on entend la sélection de Johnny Boychuk, un autre défenseur.

Les choix des lecteurs

> Chargez!, Ariel: «Une très bonne chanson, énergisante, entraînante, qui inspire la victoire et qui est en français!» - Joëlle Bissonnette

> Détruire, Les marmottes aplaties: «Un choix gagnant pour encourager nos Glorieux: une chanson énergique et pleine de testostérone qui donne un boost d'adrénaline dès les premières notes.» - Marie-Claude Dussault

> Passe-moé la puck, Les Colocs: «Il me semble que Passe-moé la puck des défunts Colocs serait intéressante, surtout des bouts stratégiques de cette chanson.» - Jean-François Pilon

Les choix de Vincent Aubry

> Rouge pompier, Rouge pompier: «Un duo guitare et batterie, qui ressemble beaucoup aux Black Keys. Et la couleur rouge va très bien au Canadien.»

> Piste I, Galaxie: «J'adore. Ça peut avoir l'air d'une toune anglaise parce que les paroles viennent assez tard dans la chanson.»

> La mémoire, Loco Locass: «Les Loco Locass ont Le but, évidemment, mais au moins deux autres chansons qui sont toujours en rotation.»

> Ti-cul, Les Cowboys Fringants: «Un bon classique à répondre. Les Cowboys Fringants, ça joue pratiquement à chaque match.»

> Dale Hawerchuk, Les Dales Hawerchuk: «Je suis depuis toujours un fan des Dales Hawerchuk. De la vraie musique de hockey!»