«L'avenir des festivals à Montréal passe par le renouvellement de l'offre et le décloisonnement.»

Sébastien Nasra n'est pas un producteur de festivals au sens populaire du terme. Il se définit plutôt comme un «entrepreneur événementiel», lui qui, en 2006, a mis sur pied M pour Montréal avec Martin Elbourne (WOMAD). Ce festival-conférence réunit en novembre quelques centaines de professionnels européens et nord-américains de la musique.

En 2012, Nasra s'était nettement démarqué du bla-bla à la conférence de mi-parcours du Plan 2007-2017 de Montréal métropole culturelle. Il y avait suggéré la mise en commun des ressources des petits et moyens festivals dans une structure à définir, mais déjà appelée HUB Montréal. «Hub» comme dans centre nerveux, noyau dur, bien sûr. Car ce n'est pas tout le monde qui peut se payer un vice-président aux affaires gouvernementales ou une directrice des commandites...

En concentrant les compétences et les expertises, HUB Montréal pourrait, selon ses tenants, devenir une force en matière de lobbying auprès des instances publiques et de représentation auprès des entreprises privées susceptibles de s'associer à un événement culturel signifiant... mais pour lequel on ne ferme pas nécessairement les rues du centre-ville.

Ou peut-être juste un bout de la rue Saint-Denis, comme pour le festival d'art émergent OUMF, qui marque la rentrée étudiante et culturelle dans le Quartier latin. Créé en 2011 par la Société de développement du Quartier latin, OUMF a annoncé cette semaine que M pour Montréal se joignait à l'événement comme coproducteur de la portion musicale qui s'appellera M ton Quartier.

«On s'est tous mis au monde avec peu de moyens, grâce à des contenus originaux représentatifs du monde actuel, dira Sébastien Nasra, qui travaille dans la fine pointe de l'émergent. Ce qu'on a réussi à faire avec si peu est un gage de ce qu'on pourrait faire avec plus!»

«Plus» veut dire ici de l'aide gouvernementale pour que les entrepreneurs événementiels de la nouvelle génération - celle qui suit les Losique, Simard et Rozon - puissent développer des modèles d'affaires compatibles avec leur produit et avec la nouvelle réalité d'un marché éclaté. En d'autres mots, créer des niches viables, mais sans s'enfermer dedans, comme dans des silos.

Les grands festivals, comme leurs fondateurs le réclamaient la semaine dernière au déjeuner débat du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), veulent sortir des programmes réguliers pour accéder à une autre étape d'une croissance dont les limites, selon certains, seraient déjà atteintes. Comment le Festival de jazz peut-il grandir encore dans le temps et l'espace?

Nommée quelques semaines avant un nouvel accès de ce que René Homier-Roy appelait samedi à Radio-Canada la «festivalite aiguë» - en musique, la haute saison commence le 24 mai avec Guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue -, la nouvelle ministre de la Culture devra se pencher vite sur la problématique festivalière particulière à Montréal. Mettre dans la balance les quelques gros et la multitude des petits. Rien ne dit, par ailleurs, que l'aide doit venir de son seul ministère: selon l'approche de Culture 21, la promotion de la culture ne peut être l'affaire du seul ministère de la Culture. L'aide à la culture non plus.

L'un des dossiers les plus urgents auquel doit s'attaquer Jean-Denis Girard, nouveau ministre délégué aux PME, est celui de la relève entrepreneuriale dont font certainement partie tous ces «jeunes» entrepreneurs événementiels qui ne vivent pas sur le modèle des gros, conçu dans la brousse des années 80.

Sébastien Nasra n'a pas encore trouvé écho aux justes revendications de ses semblables de la relève (le gars a 42 ans...). Certes, on parlera plus dans les prochaines semaines des Habs que de son HUB, mais un «visionnaire» comprendra bien un jour qu'«il faut permettre aux petits de grandir... et de faire des petits». C'est le sens même de la vie. Et de la survie.

À l'agenda caritatif

Bonneau a les blues - Pour le concert qu'il donne lundi à La Tulipe au bénéfice de l'Accueil Bonneau, Mario Saint-Amand, homme de partage, s'est entouré d'un band de Gaz Métro, pas trop explosif, espère-t-on à l'Accueil (qui a sauté en 1998), d'où viennent aussi quelques musiciens. Mardi, partout dans le métro et en ville, les cols bleus vont recueillir les dons des Montréalais, toujours au bénéfice de l'Accueil. Parce que Bonneau a les blues...

Fier monde - Pour son 13e encan-bénéfice, l'Écomusée du fier monde offrira à la criée 54 oeuvres d'art, en plus d'une douzaine d'autres à l'encan «discret». Les Derouin, Vaillancourt et autres Zïlon, déjà exposés au Musée (2050, rue Amherst), peuvent aussi être appréciés sur ecomusee.qc.ca; l'encan se tient mardi à 17h. Et l'Écomusée partage les bénéfices avec des organisations du quartier.