Douze ans après le dernier concert de Noir Désir, le chanteur français Bertrand Cantat fera vendredi son grand retour sur scène avec Détroit, le duo qu'il forme avec Pascal Humbert, pour le début d'une tournée très attendue en France, en Belgique et en Suisse.

Un regard sur la billetterie suffit à mesurer l'engouement suscité par le chanteur dont la carrière s'est brutalement arrêtée en 2003 après le meurtre à Vilnius de sa compagne, l'actrice Marie Trintignant.

Lorsqu'ont été annoncés les premiers concerts parisiens du duo, les billets se sont vendus en cinq minutes. Et ceux de la série de concerts dans toute la France, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg, qui débute ce vendredi, ont également été largement vendus.

Cet été, Détroit sera une des têtes d'affiche des plus gros festivals français de l'été, notamment le Printemps de Bourges, les Francofolies de la Rochelle et les Eurockéennes de Belfort.

«Ça fait très, très plaisir. C'est génial parce que c'est pur, sans interférence», confiait Bertrand Cantat en décembre, dans une rare entrevue à une radio française.

«Pour moi (ce retour sur scène) représente beaucoup de choses», ajoutait-il, assurant ne pas être animé par «une idée de revanche».

Après sa sortie de prison en 2007 et la séparation de Noir Désir fin 2010, le retour sur le devant de la scène de Bertrand Cantat a pourtant été long et difficile.

Il a d'abord participé à quelques concerts en tant qu'«invité» d'artistes amis. À chaque fois, il a été chaleureusement accueilli par le public et sa présence a suscité un énorme intérêt médiatique.

Mais il a aussi provoqué la polémique, ses détracteurs s'interrogeant sur son «droit» à reprendre un métier public.

Le souvenir de Noir Désir

En 2011, l'annonce de sa venue à Avignon avait provoqué un tollé, le conduisant à annuler sa participation à la représentation de la trilogie Des femmes du metteur en scène Wajdi Mouawad, dont il avait composé la musique. Dans la foulée, Barcelone et Montréal avaient refusé de l'accueillir.

Rien de tel à signaler cette fois-ci, assure Uni-T, le producteur du spectacle de Détroit.

En novembre, la sortie du premier album du duo, Horizons, dépouillé et très personnel, n'avait d'ailleurs pas fait de vague.

Le chanteur avait pris soin de dissocier musique et faits divers en accordant quelques jours auparavant une interview dans laquelle il revenait longuement sur la mort de Marie Trintignant.

Le disque, qui s'est vendu à 160 000 exemplaires, a été bien accueilli par le public et la profession a symboliquement salué le retour de Bertrand Cantat en nommant Horizons aux Victoires de la Musique.

Pour le chanteur, qui vient de fêter ses 50 ans, un des enjeux de cette tournée sera aussi de se confronter au souvenir qu'il avait laissé chez les fans de Noir Désir.

Jusqu'à leur dernier concert en décembre 2002, les Bordelais étaient considérés comme le meilleur groupe de scène français et leur leader comme le chanteur le plus charismatique de sa génération.

«J'espère bien qu'une partie (du public de Détroit) n'aura jamais vu Noir Désir sur scène. (...) On espère que ça ne sera pas comparé, ce n'est pas la même chose», confiait-il.

Sur scène, Bertrand Cantat et Pascal Humbert, accompagnés de musiciens, ont promis de mélanger l'ambiance intimiste de leur album avec des moments plus rock.

Et ils n'ont pas exclu de puiser dans leurs anciens répertoires. Pour le plus grand plaisir des nostalgiques de Noir Désir.